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sur 388 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

"Nous étions faussement puissants".
Bartle et Murphy ont 18, 19 ans, ils se battent pour les Etats-Unis dans le nord de l'Irak, et font l'expérience terrifiante de la guerre. Des garçons - des gamins encore, qui ont à peine serré une fille dans leurs bras, qui font face comme ils peuvent, presque abandonnés à eux-mêmes. Les supérieurs eux-mêmes - le sergent Sterling, presque le Kurtz d'Au coeur des ténèbres, ou le lieutenant, même pas 25 ans - sont aussi paumés et démunis.
Un an sur le qui-vive, une année d'épuisement, "craignant que chacun des instants ne soit décisif". La guerre semble d'autant plus absurde que toutes les actions armées sont présentées sorties de leur contexte, désincarnées, sans ennemi, mais piégeant fatalement des soldats pour lesquelles elles n'ont aucun sens et des civils démunis ("Je songeais à la guerre de mon grand-père. Au fait qu'ils avaient des destinations et des buts à l'époque").

"Tout le monde est content de te revoir, toi, l'assassin, le complice, celui qui, au minimum, porte une putain de part de responsabilité"
Et puis ils rentrent - laissant une parcelle d'eux-mêmes là-bas. Ou bien ils ne rentrent pas. Ou dans un cercueil drapé. Mais est-ce bien différent ? Kevin Powers semble dire que non, dans une construction habile qui alterne souvenirs et présent, avec sa réflexion sur l'impossibilité d'un après, entre confusion, indifférence, colère, dépit et culpabilité. Bartle est comme absent à lui-même, sa vie est suspendue. D'autant plus qu'il se reproche la mort de son ami Murphy, et qu'il souffre de ne pas l'avoir ramené vivant, comme il l'avait pourtant promis à sa mère. "Murph et moi et les mêmes fantômes nuit après nuit".

Eblouissant roman sur la guerre, la prison mentale de la mémoire et de la culpabilité, et l'impossibilité du deuil. Marquant, et un sacré talent pour un premier roman.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Un moineau jaune / Au bec jaune / S'est penché / Sur ma fenêtre / J'lui ai donné / Une miette de pain / Et j'lai éclaté / Ce putain d'serin… » (Chant militaire).


« La guerre essaya de nous tuer pendant le printemps. (…) Jour après jour, elle tentait de supprimer, en vain. Non pas que notre sécurité fût prévue. Nous n'étions pas destinés à survivre. En vérité, n'avions pas de destin. La guerre prendrait ce qu'elle pourrait. Elle était patiente ».
Ainsi commence « Yellow birds », le magnifique récit du soldat Bartle, narrateur, de retour de la guerre en Irak pour laquelle il est parti à seulement 21 ans.


Au début de sa mission, il avait naïvement promis à la mère d'un soldat de son unité qu'il le ramènera en vie. Mais ce soldat est tué au combat et, peu après, leur supérieur se suicide... Ainsi, quand Bartle rentre au pays, c'est en se débattant avec beaucoup de sentiments contradictoires : D'atroces souvenirs le hantent, et le traumatisme énorme de cette expérience, bien plus affreuse qu'il ne l'avait imaginée en s'engageant, l'empêchent de se réadapter facilement à la vie américaine « normale ». Au fil de son histoire, nous découvrons donc une partie de ce qui s'est passé sur le front, pourquoi son ami est mort, pourquoi la culpabilité et le doute rongent Bartle, pourquoi il refuse les remerciements de ses concitoyens… Et pourquoi une enquête sur la mort de camarade est ouverte.


« Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde m'adore et ça me rend fou. »


*****

Au-delà du récit de cette guerre et de ses conséquences sur les soldats, il y a donc bien une histoire sous-jacente qui nous tient en haleine durant tout le roman et qui constitue son fil conducteur. le narrateur nous en révèle les tenants et les aboutissants en alternant ses souvenirs du conflit sur le terrain en 2004 avec ce qu'il subit depuis son retour sur le sol américain en 2005, mettant ainsi en parallèle les causes et les conséquences de sa situation actuelle. Or celle-ci n'est pas brillante puisqu'au-delà des horreurs de la guerre, Bartle semble porter un lourd secret pour lequel on veut le faire payer… On veut donc absolument savoir ce qui s'est passé en Irak et qui hante notre héros.


« Tu savais qu'il n'y avait aucune excuse pour faire ce que tu étais en train de faire, puisque c'est quelque chose qu'on t'a appris toute ta vie, pourtant tu as continué, et à présent même ta mère est ravie et fière parce que tu as su viser, parce que grâce à toi des gens se sont écroulés pour ne plus jamais se relever (…). En vérité cela n'a aucune importance car, finalement, tu as échoué là où tu aurais pu accomplir au moins une chose de bien : l'unique personne que tu avais promis de ramener vivante est morte. »


Dès le départ l'écriture extrêmement poétique amortit les coups portés par les mots et descriptions des faits. Malgré tout, vous ne ressortirez pas indemnes de ce roman car les propos n'en sont pas moins présents et leur pertinence, issue apparemment d'une réflexion mûre et posée, est néanmoins ponctuée de quelques descriptions assez crues de la réalité qui nous rattrape et nous rappelle à l'ordre. Les idées préconçues, les convictions, les désillusions. C'est le récit d'une guerre réelle et des vies d'hommes et de femmes qui ont basculé à cause d'elle. Et même si nous ne pouvons qu'imaginer ce qui se passe là-bas, nous nous devons de ne pas l'ignorer.


« J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi ; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit. »


L'auteur aborde avec intelligence les thèmes essentiels du traumatisme né du combat, puis de la réadaptation au monde des (sur)vivants. Mais surtout, ce roman incite à réfléchir à la nécessité des combats sans fin que l'on inflige à ces hommes, et aux épreuves qu'ils subissent au nom d'une cause qui nous semble plus importante.


« Je voulais m'endormir pour toujours car il n'existait aucune excuse pour tuer des femmes, ou même regarder des femmes se faire tuer, ou tuer des hommes pour les mêmes raisons, leur tirer dans le dos, leur tirer dessus plus de fois que nécessaire afin de s'assurer de les avoir vraiment tués. »


Sur le même thème, n'hésitez pas à lire un livre tout aussi percutant datant de la rentrée littéraire 2013 : « Voir du pays », de Delphine COULIN.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Al Tafar, province de Ninawa, Irak.
Un lieu sur une carte pour les uns dont je fais partie, un enfer pour d'autres dont l'auteur Kevin Powers fait partie.
Ce roman nous compte le parcours irakien d'un soldat ainsi que son retour et sa réaclimatation difficile. Écrit avec pudeur, cette histoire, probablement inspirée de l'expérience irakienne de l'auteur, nous fait vivre quelques épisodes de la guerre à travers le regard de Bartle. Sans jamais tomber dans le voyeurisme avec réserve mais néanmoins beaucoup de réalisme on est confronté aux doutes et aux interrogations du héro.
Un excellent roman qui nous fait réfléchir sur la guerre, ses conséquences sur les pions que sont les soldats et sur le dur retour à la vie "normale". A lire absolument, spécialement par ceux qui pensent que la guerre est un jeux cool!
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Dès la première phrase j'ai été conquise, il faut dire que je la trouve puissante et pleine de promesse : " La guerre essaya de nous tuer durant le printemps", le ton est donné et je m'incline. Pourtant, je n'aime en général ni les livres ni les films de guerre, mais là j'ai eu un coup de coeur, un gros, très gros coup de coeur.

C'est une histoire simple, un schéma déjà vu mais jamais traité avec cette force, cette beauté et cette tristesse aussi. C'est une écriture épurée et un récit réaliste avec pour thème principal la guerre en Irak. Les doutes, les peurs, le manque de la famille, le patriotisme, les peines des soldats sont disséqués et traités de main de maître par l'auteur.

Il y a une telle maîtrise dans l'écriture que l'on a peine à croire que c'est un premier roman. C'est sans concession que l'on découvre les manoeuvres des Etats-Unis pour convaincre des jeunes gens pas préparés psychologiquement et physiquement à faire la guerre : promesse de papiers , études, reconnaissance, famille protégée.

On arrive à comprendre certaines attitudes, certains gestes que nous n'acceptons pas en tant que civils.

C'est vraiment poignant, j'ai été tour à tour écoeurée, révoltée, compatissante, triste. Vous l'aurez compris lire Yellow Birds c'est passer par une large palette d'émotions. Il n'y a pas d'espoir dans ce récit , que l'on en revienne ou que l'on en meure la guerre détruit tout sur son passage. Ceux qui en reviennent ne sont pas à envier tant ils sont atteints psychologiquement.

Une histoire touchante et cruelle à la fois j'ai été touchée en plein coeur.

VERDICT

A lire absolument, ne passez surtout pas à coté. A faire lire aussi aux collégiens et lycéens. Un grand, très grand premier roman.
Lien : http://lilacgrace.wordpress...
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"Yellow birds" était dans ma bibliothèque depuis des années et mon esprit l'avait un peu classé comme "livre de guerre". En fait ce roman est bien plus que cela.

Oui, on y lit la guerre, les préparatifs, l'attente, les combats, mais on y lit surtout le drame des femmes et des hommes qui, enrôlés, ayant "servi le pays", survivent et rentrent chez eux en pensant que l'horreur est derrière eux.

Bartle s'est engagé et revient sans son ami Murphy.
La construction du récit - fortement inspiré du vécu de l'auteur, lui-même ancien marine - offre un dialogue entre les scènes se déroulant en Irak pendant le conflit, et l'expérience de retour aux États-Unis. Bartle n'a pu tenir la promesse faite à la maman de Murphy, et se trouve chez lui mais nulle part finalement, perdu entre ses souvenirs, ses cauchemars et ses doutes.

La responsabilité et la culpabilité qui pèsent sur les soldats, ou que l'on fait peser sur eux à coups de discours grandiloquents, les empêchent de se reconstruire, et on découvre aux côtés de Bartle l'étendue du désastre physique et psychologique de ces vétérans. Encensés hier, oubliés aujourd'hui.

Le style est sensible - presque poétique - et les descriptions des lieux et des ambiances sont vraiment très réussies. le ton sonne juste, ce n'est pas un plaidoyer, juste un témoignage d'une réalité.

Ce livre parle de la guerre, oui, de son absurdité et des drames qui s'y nouent, mais il parle surtout d'humanité. Sa lecture prend un sens particulier dans cette période toujours plus tourmentée.

          《La phrase à retenir》
"La guerre s'introduisit dans mes rêves cet été-là et me révéla son seul et unique but: continuer, tout simplement continuer. Et je savais qu'elle irait jusqu'au bout"
Lien : https://www.instagram.com/mo..
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Quand un diplômé en littérature, enrôlé dans l'armée américaine et parti combattre en Irak, décide de raconter son expérience, il produit un des récits les plus forts qui n'ait jamais été écrit sur la guerre. le journal le Monde ne s'y est d'ailleurs pas trompé en attribuant à Kevin Powers son prix littéraire.
L'auteur ne parle jamais des irakiens comme des ennemis. La seule véritable ennemie, c'est la guerre, dont il montre l'absurdité et la fatalité : « la guerre prendrait ce qu'elle pourrait. Elle était patiente. Elle n'avait que faire des objectifs, des frontières. Elle se fichait de savoir si vous étiez aimés ou non ». Bartle, âgé de 21 ans, a juré à la mère du jeune Murph qu'il prendra soin de lui et qu'il le ramènera vivant au pays. Bartle ne put tenir sa promesse. L'innocence de Murph ne résiste pas aux horreurs quotidiennes du champ de bataille. Son esprit l'abandonne et il y perdra la vie. Bartle se sent responsable de la mort de son cadet. Son sentiment permanent de culpabilité, ses cauchemars hantés par le bruit des fusils d'assaut et le cri des blessés, sa dérive de vétéran dont les cicatrices de se referment pas, constituent la trame de ce roman qui tire sa force de son réalisme. A un moment du livre, un journaliste demande à Bartle de lui décrire ce qu'il ressent quand il est au combat. Il répond: “c'est comme un accident de voiture. Tu comprends. Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours". Que cette métaphore est juste et puissante !
Quand il nous fait partager chaque instant de sa vie de soldat, Kevin Powers ne joue pas la comédie. Il ne feint pas, il n'élucubre pas sur la base de quelques témoignages glanés ici et là. Il a pris toutes ses émotions, brutes, intenses, et il nous les a transmises par la littérature pour les couvrir d'humanité.
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Je ne ferai que citer Tom Wolfe car la même comparaison m'est venue à l'esprit : "Kevin Powers a écrit le "A l'Ouest rien de nouveau" des guerres américaines en terre arabe." Ce livre m'a également rappelé un film un peu ancien, "Maria's lovers" avec John Savage et Nastassia Kinski, l'histoire d'un revenant du Vietnam et dont les traumatismes psychologiques l'empêchent de retrouver sa vie d'avant.
La guerre et ses dégâts, les survivants et leurs difficultés à revenir...
Magnifique texte !
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Les Usa on une faculté que la France ne possédera jamais : l'exorcisme de la guerre dans les arts. Aprés le Vietnam voici le conflt irakien au coeur d'un roman , et quel roman... Tel Retour à Materhon , ce premier roman aborde le sacrifice de la jeunesse dans un conflit armé. Ce roman ne peut laisser indifférent , l'on ne peut étre humain et ne pas étre toucher par cette histoire d'amitiè qui se retrouve en face de la folie humaine . L'on sait tous que la guerre est un instant dans le monde ou la barbarie prend le pouvoir. Mais a t'on vraiment conscience de la déchirure qui résidera éternellement dans l'ame de ceux qui on survécus ? Vois t'on réellement ces hommes et femmes comme des étres brisés ou a t'on simplement envie de se sentir moins minable en paradant a leurs cotés en ne voyant pas qu'ils on besoin d'aide ?? Ce livre a était écrit par un ancien soldat qui a connu l'enfer irakien et qui peut ètre comme une sorte de thérapie a rédigé ce court mais intense roman . Cela se ressent indéniablement et l'urgence que l'on ressent dansces pages vient percuter le lecteur ,le laissant KO. Peut ètre le livre le plus fort paru ces deux derniéres années....
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En exergue:

"L'ignorance des maux à venir, et la négligence des maux du passé est une disposition miséricordieuse de la nature qui nous permet de digérer le mélange de nos quelques jours néfastes et, tant que nos sens soulagés ne retombent pas dans des souvenirs douloureux, nos chagrins ne sont pas irrités par le fil acéré des répétitions" ( Sir Thomas Browne)

Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu de la veine et puis voilà

chantait Francis Lemarque.
Même pas.
"Nous ne nous étions jamais dits que nous pourrions faire partie des morts vivants."
Et comment auraient-ils pu? Ils sont partis, se sont engagés volontairement , ils ne savent pas très bien pourquoi, rompre l'ennui, se sentir exister? Ils n'existent plus.

Ce roman démarre d'emblée, dans une construction qui alterne dans le temps, par le constat de ce détachement, de cette distance émotionnelle complète de ce qu'ils vivent, de ce qu'ils font. Distance nécessaire, impérative à la survie minute après minute.

".. Je n'aurais pas pu le formuler à l'époque, mais j'étais entraîné pour croire que la guerre fédérait tout le monde. Qu'elle rassemblait les gens plus que toute autre activité humaine. Tu parles. La guerre fabrique surtout des solipsistes: comment vas-tu me sauver la vie aujourd'hui? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j'ai plus de chances de rester en vie. Tu n'es rien, voilà le secret: un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière. Et nous, nous pensions d'une certaine façon que ces nombres signifiaient notre insignifiance. Nous nous disions que si nous demeurions ordinaires, nous n'allions pas mourir. Nous confondions corrélation et cause.."

C'est l'histoire d'une amitié entre deux très jeunes hommes , construite très vite et sur pas grand chose , mais très forte. Un vécu commun et puis.. une protection à donner de l'aîné au plus jeune, le presque frère. Promesse faite à sa mère, qui plus est.
"Allez, des promesses, vraiment? Tu fais des putains de promesses, maintenant?"

Et puis, et cela on le sait dès le début, enchaînement de circonstances , on quitte l'ami des yeux, et voilà.
Le reste est l'histoire elle-même , très habilement construite. L'histoire de la mort de Murphy et de ce qui en découle.

C'est un roman très travaillé, écrit avec une économie de mots, un texte très..littéraire et même poétique. Economie parallèle à l'économie d'émotions exprimées.
Mais tout est dit, comme par exemple,dans le portrait du troisième personnage, qui a une importance capitale dans le livre. le sergent Sterling, chargé lui, pour de bon, de protéger ses hommes:

"La vérité , c'est qu'il ne tenait pas à la vie. Je ne suis même pas sûr qu'il savait qu'il était autorisé à avoir ses propres désirs, ses propres préférences. Que c'eût été possible pour lui d'avoir un endroit favori, de marcher avec satisfaction sur les longs boulevards de sa prochaine ville de garnison, d'admirer l'uniformité des pelouses vertes et parfaitement tondues sous un ciel bleu, infini, de s'allonger sur le sable au fond d'un ruisseau clair , froid et peu profond et de laisser l'eau laver sa peau couverte de cicatrices. Je ne sais pas à quoi aurait ressemblé son endroit favori, parce que je ne crois pas qu'il se serait permis d'en choisir un. Il aurait attendu qu'on le lui désigne. Il était ainsi. Sa vie avait été entièrement tributaire d'une chose, comme un corps en orbite que l'on ne considère qu'en fonction de la trajectoire qu'il décrit autour de son étoile. Chacune de ses actions avait été en réaction. Il n'avait été capable d'accomplir qu'une seule et unique chose véritablement pour lui-même, et cela avait été l'ultime acte de sa courte vie désordonnée."

Ca suffit, non? Epitaphe.
Vraiment, pour moi, un grand roman.

"Rien ne vous exclut plus que d'avoir une histoire singulière. du moins, c'est ce que je croyais. A présent, je sais: toutes les douleurs sont identiques. Seules changent les circonstances."



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Par la puissance de frappe de ses mots, « Yellow birds » se place en tête des grandes oeuvres littéraires traitant de la guerre, comme le fut « Platoon » en son temps pour le cinéma. Et le parallèle entre les deux n'est pas anodin. Mêmes jeunes protagonistes un peu perdus, idéalistes qui vont s'engager un peu par hasard dans un combat de vie et dans une guerre malsaine (ne le sont-elles pas toutes ?) aux miasmes de peurs et de mort. Même thématiques : conscience piétinée, instinct de survie, perte d'une certaine innocence, amitiés circonstancielles, culpabilité…
Mais il serait toutefois dommage de ne limiter « Yellow bidrs » qu'à son seul sujet. Car Kevin Powers, qui signe ici son premier roman (autobiographique) se révèle un auteur brillant et déjà bien accompli. Powers possède un sens de l'écriture inouï. Avec son choix de déstructurer la chronologie de son roman, il appréhende avec justesse toute la complexité des réflexions de son jeune héros, sans jamais aucune perte de rythme ni de ce souffle incandescent de l'horreur qui le traverse. Il utilise un langage cinématographique très imagé qui permet de se plonger sur l'écran blanc de ses pages noires au coeur du drame. le lecteur est donc ici plus que jamais le témoin privilégié de chaque scène, s'interroge et remet en question ses propres convictions sur la situation vécue. Ce réalisme accru, est accentué par une espèce de bande son « virtuelle » où chaque bruit, chaque sifflement de bombe vient ponctuer l'action. Et comment ne pas évoquer les descriptions (de lieux, des humains, de la nature…) ? Elles vous touchent et irradient l'oeuvre, lui donnant tout son sens et son équilibre. Mais bien plus qu'une prouesse technique, « Yellow birds » est avant tout un très grand et sombre roman qui fera date. Un chef d'oeuvre qui distille l'émotion dans ce qu'elle a de plus pur et de plus captivant.
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