Livre déjà ancien (1990), mais intéressant à redécouvrir et à mettre en regard des travaux actuels de Luc Montagné, aussi décriés aujourd'hui que ceux de Benvéniste dans les années 80.
Ce qui compte ici, ce n'est pas la vérité scientifique, mais comment elle se construit, se négocie, se combat, se détruit. Vraiment un livre à lire pour ceux qui croient en La Science et en ses prêtres, parfois plus prompts à défendre leur réputation ou leur accès aux chéquiers des puissants qu'à poursuivre leurs recherches.
En fait, il semblerait que La Science - juste, vraie, en progrès, parfaite - n'existe pas. Il n'y a que des "hommes de science", souvent sincères et enthousiastes, mais parés des défauts de toute humanité. Trop s'attacher à leurs vérités n'a pas plus de sens que de les nier par principe.
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Il paraît assez logique que l'"ombre" n'apparaisse pas s'il n'y a pas eu d'abord le "corps" que constitue la réaction normale. L'étrangeté réside dans le fait que l'ombre persiste après que le corps a disparu. Si un homme marche au soleil dans une rue, puis entre dans une maison, nous ne nous attendons pas à voir son ombre continuer de déambuler comme si de rien n'était.
La concurrence effrénée que se livrent les chercheurs aboutit à privilégier la quantité plutôt que la qualité. Il existe entre dix et quinze mille journaux de recherche biomédicale, et ils publient environ un million d'articles par an ! Cette inflation se traduit dans la fameuse formule "publier ou périr", ou dans cette déclaration ahurissante d'un directeur scientifique : "Une recherche qui ne débouche que un seul article n'en vaut pas la peine. "
On estime à 1.34 milliard de kilomètres cubes le volume total de l'eau que contient notre planète. ...
Il en va parfois des vérités scientifiques comme des femmes : lorsqu'elles disent "non", certains s'obstinent à entendre "peut-être".
Les coïncidences sont les pires ennemies de la vérité.
16 décembre 2009 :
Mot de l'éditeur :
La crise financière était-elle prévisible ? le présent essai démontre qu'au-delà des explications habituelles sur les abus du capitalisme et le comportement avide des spéculateurs, la débâcle des subprimes est aussi et surtout une crise de la connaissance. Elle est due à l'hégémonie d'une conception mathématique qui suppose que les marchés se comportent selon les lois du mouvement brownien, et les fait apparaître comme plus réguliers qu'ils ne le sont. Depuis un demi-siècle, le " virus brownien " - que l'on nomme ici " virus B " à l'heure où sévit la redoutable " grippe A " - a contaminé les esprits et entraîné une perception faussée des risques financiers. Seule antidote : remplacer le " hasard sage " brownien par un " hasard sauvage ", plus proche des aléas réels des marchés.
Christian Walter est actuaire agrégé, chercheur au Centre de recherche sur les risques financiers de l'EM Lyon et spécialiste de la modélisation financière.
Il est co-directeur de l'ouvrage Critique de la valeur fondamentale (avec E. Brian, Springer, 2007) et co-auteur des Marchés fractals (avec J. Lévy-Véhel, PUF, 2002).
Michel de Pracontal, journaliste, est l'auteur de plusieurs romans et de L'Imposture scientifique en dix leçons (Seuil, " Points Sciences ", 2005).
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