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Critique de manU17



Le Journal de Frankie Pratt de Caroline Preston est un journal intime réalisé selon la technique du scrapbooking, une façon de mettre en scène ses souvenirs à travers un savant mélange de photos, d'images et de mots. Il est incontestable que c'est ce qui fait son intérêt premier.

Tout commence donc par un journal offert par sa mère et une Corona, non pas la bière, mais la vieille machine à écrire de son père retrouvée dans la cave. Frankie va donc s'employer à collecter photos de famille, photos de magazines, de journaux, qui nous en apprennent plus sur ses lectures, ses opinions politiques, son époque, sa vie. Enfin, ses annotations personnelles complètent le tout.

Frankie nait quasiment avec le siècle. Elle commence son journal en 1920 à Cornish, jolie petite bourgade du New Hampshire, quand débutent les années folles, années d'insouciances marquées par la légèreté, la mode et ses frivolités, ses chapeaux uniques, ses parfums d'un autre temps, les publicités pleines d'un charme suranné mais savoureux. Frankie vient d'obtenir son diplôme de fin d'études et est acceptée à l'université de Vassar. Nous la suivons donc durant ses années universitaires. Années surtout marquées par les amitiés, les rivalités, les premières histoires de coeur. le destin qui semble tracé de certaines et les ambitions plus audacieuses d'autres telles que Frankie m'a beaucoup fait penser au film avec Julia Roberts et Kristen Dunst « le Sourire de Mona Lisa » dans lequel une jeune enseignante veut ouvrir l'esprit de ces jeunes étudiantes afin qu'elles ne se résignent pas à suivre un chemin tout tracé de bonnes épouses et gentilles femmes au foyer que semblent vouloir leur imposer leurs familles.

Les années passent. Frankie, elle, a une ambition : devenir un « vrai écrivain ». Ses premières expériences dans le journalisme dans diverses publications feront de New York une étape décisive pour son avenir. Elle s'intéresse aux poèmes de TS Elliot, Ezra Pound et aux romans de Fitzgerald.

Puis vient l'étape parisienne qui, par certains aspects, m'a rappelée ma lecture de « Paris est une fête » d'Hemingway, son évocation du Paris de l'époque, lieu de villégiature par excellence de tous ces auteurs de l'époque sous la coupe bienveillante de la grande Gertrude Stein. Sa rencontre avec Sylvia Beach de la célèbre librairie « Shakespeare & compagnie », avec James Joyce et bien d'autres encore donne véritablement corps au récit.

En effet, toutes ces évocations de personnalités de l'époque donnent un peu d'épaisseur et de crédit à l'histoire, ce qui n'est pas négligeable car s'il est bien un reproche qu'on peut faire à Caroline Preston, c'est d'avoir réalisé un travail formidable, d'avoir créé un magnifique objet mais dont l'histoire par elle-même est plutôt gentillette et cousue de fil blanc. Ce qui, je dois bien le reconnaître à quelque peu modéré mon enthousiasme envers ce que je considère comme une totale réussite du scrapbooking, un très beau « roman graphique » mais comme un objet littéraire un peu léger.

En dépit de ce demi-regret, je ne boude jamais mon plaisir, vous le savez et si l'auteure réitère l'expérience avec un autre ouvrage du même type, il est fort probable que je me laisse tenter.

Le Journal de Frankie Pratt, roman graphique abouti ou roman photo de luxe ? A vous de juger !

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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