Grand bal du printemps - Charmes de Londres

Quand le diable fait la cuisine le bon dieu
se met à table
et le pauvre monde nettoie les fourneaux

Dans la rue de Venise y a pas de gondoliers
et pas assez de roses dans la rue des Rosiers
Mais dans la rue d'la Lune
très souvent elle y est.

...
Tu vois oiseau
Moi non plus je n'ai rien compris à ma vie
mais malgré tout malgré elle malgré moi
elle a tout de même été un peu vivante
cette vie-là
et moi je n'ai jamais été tout à fait orphelin

Alors
bientôt peut-être en la quittant
j'aurai encore un peu de chagrin.

Paris est tout petit
c'est là sa vraie grandeur
Tout le monde s'y rencontre
les montagnes aussi
Même un beau jour l'une d'elles
accoucha d'une souris

Alors en son honneur
les jardiniers tracèrent
le parc Montsouris

C'est là sa vraie grandeur
Paris est tout petit.

Venus en visite vous m'avez à peine regardée
et vous direz plus tard que vous me connaissez
Seuls peuvent connaître les secrets d'une ville
les vrais prénoms de sa beauté
ceux qui lui donnent leurs pas sans compter

Ainsi parle la Ville aux touristes pressés

Il suivait son idée. C'était une idée fixe, et il était surpris de ne pas avancer.

Bien sûr c'était un rêve
disait la cuisinière
Mais qu'est-ce que ça peut faire
je fais bien la cuisine
et ma cuisine est vraie puisque vous en mangez

Lui aussi était vrai
ce rêve quand je l'ai fait.

Chat échaudé craint l'eau chaude
ceux qui ébouillantent les chats
devraient être refroidis !

Et les hommes mûrs parlent aux fruits verts
qui dans l'arbre du tant bien que mal
se balancent aux agrès du vent.

Dans les eaux brèves de l’aurore
où les nouvelles lunes et les derniers soleils
A tour de rôle
viennent se baigner
Une minute de printemps
dure souvent plus longtemps
qu’une heure de décembre
une semaine d’octobre
une année de juillet
un mois de février
Nomades de toujours et d’après et d’avant
le souvenir du cœur
et la mémoire du sang
voyagent sans papiers et sans calendriers
complètement étrangers
à la Nation du Temps.

2520 - [Folio n° 1075, p. 15]