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Ergün Gündüz (Illustrateur)
EAN : 9781524114848
160 pages
Edition Dynamite (09/03/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Celebrating the Daughter of Drakulon's historic 50th anniversary, Dynamite has assembled an all-star crew to put together the most captivating take on Vampirella ever! Join legendary writer Christopher Priest (Black Panther, Deathstroke) and Turkish talent Ergun Gunduz on this Netflix-inspired tale, both serving as a perfect jumping-on point and subtly incorporating characters and Easter eggs from throughout Vampirella's five glorious decades. Nuns with guns, scanda... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Elle ne fait pas ses 50 ans.
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Ce tome est le premier d'une saison spécifique, d'une héroïne créée en 1969 par Forrest James Ackerman (1916-2008) & Trina Robbins. Il regroupe les épisodes 0 à 6, initialement parus en 2019, écrits par Christopher Priest, dessinés et encrés par Ergün Gundüz qui en a également assuré la mise en couleurs. Seul le lettrage a été confié à quelqu'un d'autre : Willie Schubert. Les couvertures principales ont été réalisées par Gündüz, Alex Ross, Artgerm (*3), J. Scott Campbell, Rachel & Terry Dodson. Comme d'habitude, cet éditeur a affublé ces épisodes d'une quantité incroyable de couvertures alternatives (99 reproduites dans ce tome), certaines originales, d'autres étant des illustrations déjà publiées précédemment, à la fois par des artistes historiques sur la série comme San Julian, Dave Stevens, des artistes plus récents et prestigieux comme Guillem March, Adam Hughes, David Finch, Tim Sale, Joseph Michael Linsner, sans oublier sept cosplays. le recueil s'ouvre avec une introduction de deux pages du scénariste expliquant son intérêt pour le personnage, ainsi que la totale latitude dont il a disposé pour écrire sa version. Il se termine avec un rapport psychologique de 3 pages, rédigé par les médecins qui suivent Ella Normandy.

À Huntington Park en Californie, une jeune femme pense à la différence entre la théologie, une réflexion rationnelle sur les questions spirituelles, et la mythologie, des trucs qu'on a entendus quelque part. La plupart des gens ne lisent pas. Ils subissent le lavage de cerveau de leur téléphone portable, et préfèrent le mythe. La lumière c'est le bien, les ténèbres c'est le mal. En réalité, le diable est en fait un ange de lumière, l'un des plus beaux jamais créés. Mais les gens ne sont pas motivés par la beauté, c'est la peur qui les motive. D'où les chaînes d'informations en continu. La jeune femme a fini de se maquiller et elle a revêtu un costume trop grand de Vampirella. À West Hollywood dans une soirée, une jeune femme de couleur en costume de Vampirella se lève, danse avec une autre femme, la mord au cou. Dans la salle de bain, la jeune fille se rend compte qu'elle n'a pas le physique pour le costume. Un rat noir lui confirme qu'elle n'y arrivera jamais. Elle le prend par la queue et le met au microonde. À Atlanta, Vampirella pense à Bennie, à l'accident d'avion. Katie toque à sa porte pour lui annoncer qu'elle s'appelle désormais Elisha et qu'elle est sa disciple.

À Los Angeles, les débris d'un avion fument encore sur une piste d'atterrissage, alors qu'une voix désincarnée évoque le voyage de retour comme étant l'histoire la plus basique dans la littérature américaine : la voie vers l'illumination, le chemin pour se trouver. Il y avait même une chanson là-dessus, un truc avec des briques jaunes. Il faut juste avoir le courage de l'emprunter. Vampirella revient à l'instant présent et s'éloigne de la carcasse de l'avion. Plus tard, elle est en train de raconter son histoire à un psychologue, Emmanuel Carlton Lewis Chary, qui l'interroge à la suite de l'accident d'avion. Elle se souvient de s'être retrouvée en face du baron von Kreist en train de se soulager sur les toilettes de l'avion. En allemand, il lui demandait de retrouver les noix de coco.

En découvrant cette énième série de Dynamite sur Vampirella, le lecteur est dubitatif. D'un côté, l'éditeur a acquis les droits de ce personnage en 2010, lui consacre des séries depuis plus de dix ans, souvent avec des auteurs maison et des artistes peu mémorables, des artifices pour attirer l'attention comme des appariements improbables avec d'autres personnages sous licence et des dizaines de couvertures variantes pour le plaisir de mettre en avant la plastique féminine. D'un autre côté, Christopher Priest est un scénariste d'expérience, avec une réputation de ne pas cachetonner, et un feuilletage rapide atteste d'une qualité très professionnelle des dessins. Enfin, cette série est mise en avant comme celle qui célèbre les 50 ans du personnage, c'est-à-dire pas juste un produit vite fait pour remplir les présentoirs. S'il est familier de l'auteur, le lecteur reconnait son habitude d'insérer des intertitres, de jouer avec la temporalité, d'avoir des personnages faisant preuve de recul sur leurs actions. Dans son introduction, il explique qu'il a été attiré par la force de caractère de cette femme qui assume sa sexualité, qui n'éprouve pas d'inhibition quant à son corps, qui l'expose comme elle l'entend sans se soucier du qu'en-dira-t-on ou du regard des autres quels qu'ils soient.

Il suffit que le lecteur soit un tantinet familier de l'histoire du personnage et de sa mythologie pour apprécier pleinement le récit : Drakulon sa planète d'origine, sa mère Lilith, et l'existence d'ennemis récurrents. le scénariste se charge de rappeler tout le reste au cours des épisodes, ainsi que les différences entre certaines versions, clarifiant au passage celle qu'il retient pour son histoire. Ces explications se font au cours du dialogue entre Vampirella et le psychologue, de manière naturelle, avec en plus les observations du thérapeute et ses questions pour partie orientées. S'il a gardé en tête les propos de Priest dans l'introduction, le lecteur perçoit un deuxième niveau de lecture : une forme de déconstruction du personnage, ou plutôt de prise de recul de certaines de ses facettes, accompagnée d'une analyse en une ou deux phrases. D'un côté, le scénariste creuse les mécanismes psychologiques d'une telle femme ; de l'autre celle-ci effectue des remarques sur ce qui lui apparaît à elle extraterrestre comme des bizarreries de la société humaine, voire des aberrations patentes. Christopher Priest fait preuve d'une élégante dextérité pour combiner une intrigue au premier degré et une prise de recul, dans une même narration respectueuse.

Dans son introduction, le scénariste indique qu'il est très satisfait de l'artiste à qui il confie son histoire car il apporte une touche personnelle adéquate. Évidemment, il n'allait pas dire autre chose, mais à nouveau il n'est pas né celui qui pourrait obliger Priest à écrire quelque chose qu'il ne pense pas. Malgré tout, Ergün Günduz est un dessinateur turc avec quasiment aucune expérience dans les comics américain, et le lecteur peut être appréhensif. L'introduction constituée par le chapitre zéro est agréable : dessins dans un registre descriptif et réaliste avec un niveau de détails satisfaisant, et un gout pour le gothique, mais sans en faire de trop. Quoi qu'il en soit, ce sont des dessins d'un niveau professionnel, pas un artiste engagé au rabais pour faire baisser les coûts de production. Une fois surmontée la sensualité de la couverture de l'épisode 1 par Alex Ross, le lecteur est en mesure d'apprécier la narration visuelle. Il remarque d'abord la qualité de la mise en couleurs car elle recouvre littéralement les traits encrés, comme une couche superficielle. le résultat est riche visuellement mais il laisse craindre que le coloriste pallie les limites techniques du dessinateur pour les masquer. Il apparaît rapidement qu'il n'en est rien. Après cette première séquence, Willie Shubert reprend un rôle plus classique, avec une mise en couleurs de grande qualité, participant à hiérarchiser les différents plans et à contraster les différents éléments, rehaussant le relief de chaque personnage ou décors, installant une ambiance visuelle. Au moment opportun, il met en oeuvre les possibilités de l'infographie pour des effets spéciaux : brume, flammes, cieux extraterrestres de Drakulon, océan, rappel de formes du décor, etc.

Ergün Gundüz dessine donc un registre descriptif, détourant les formes avec un trait fin d'épaisseur constante, sans impression de fragilité, ou d'exercice appliqué, plutôt un souci de précision sans paraître appuyé. Passé les pages de l'épisode 0, la touche goth disparaît pour des personnages avec un physique et un visage normaux, majoritairement bien faits de leur personne, sans exagération de leur morphologie, ni musculaire, ni sensuelle. Vampirella elle-même dispose d'une plastique parfaite avec une poitrine opulente, mais pas impossible. Il devient clair qu'elle est à l'aise avec son corps, qu'elle sait qu'elle ne respecte pas la décence en vigueur dans la société humaine, mais elle n'est ni aguicheuse, ni vulgaire. Comme il est de coutume dans les comics, lorsqu'il y a nudité, les sexes et les poitrines restent masqués par un élément de décors, un bras, ou une ombre pudique. Il n'y a pas de description ou de mise en scène d'acte sexuel, mais la proximité charnelle entre Vampirella et Victory est représentée de manière explicite. de ce point de vue, les auteurs respectent à la lettre le cahier des charges : une héroïne sexy et sensuelle, sans érotisme visuel. Les représentations oscillent donc entre le très pragmatique et plausible, et les scènes d'action plus fantastiques, accompagnant ainsi le scénario lui-même, entre séance avec le psychologue et affrontements de Vampirella.

Le scénariste joue donc sur la réalité des origines extraterrestres de Vampirella, sa mère âgée de plus de 400 ans, ses pouvoirs surnaturels, etc. Au début, le lecteur n'y prête pas attention : il est venu pour lire du Vampirella, et il ne fait pas de doute qu'elle convaincra le psychologue malgré son scepticisme : c'est couru d'avance. Pourtant au bout de plusieurs épisodes, le lecteur se dit que l'incrédulité du psy n'est pas défendable et fait artificiel par rapport au reste du récit. de temps à autre, une tournure de phrase retient son attention, une remarque en passant. Christopher Priest raconte son histoire au premier degré : Vampirella doit lutter contre des vampires dans des missions ordonnées par une branche spéciale du Vatican (OCEI : Catholic Exorcism Initiative Office), et elle doit aussi parvenir à neutraliser les manigances de sa mère, alors que dans les coulisses ses ennemis récurrents reprennent du poil de la bête. Il raconte cette histoire avec sa maîtrise du réarrangement chronologique, élevé au rang d'art, et un zeste d'humour au second degré (par exemple les nonnes Mary au costume si formel). Dans le même temps, avec un peu de recul, le lecteur se rend compte que Priest se livre aussi à une analyse en forme de déconstruction par partie de la nature de ce personnage de fiction, avec une élégance pénétrante remarquable.

Encore une série produite à la chaîne pour faire fructifier un personnage qui fête ses 50 ans ? C'est un a priori bien normal pour le lecteur. Il constate vite la qualité dudit produit : dessinateur de bon niveau évitant les clichés visuels associés à Vampirella sans pour autant trahir sa nature, mise en couleurs complémentaire sophistiquée et intrigue bien troussée. Progressivement, il se rend compte qu'il peut aussi envisager les échanges entre Vampirella et le psychologue comme un exercice de déconstruction tout en douceur et tout en finesse.
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