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Ice Cream Man tome 1 sur 7

Martin Morazzo (Illustrateur)
EAN : 9781534306752
144 pages
Image Comics (26/06/2018)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Chocolate, vanilla, existential horror, addiction, musical fantasy...there’s a flavor for everyone’s misery.

ICE CREAM MAN is a genre-defying comic book series, featuring disparate “one-shot” tales of sorrow, wonder, and redemption. Each installment features its own cast of strange characters, dealing with their own special sundae of suffering. And on the periphery of all of them, like the twinkly music of his colorful truck, is the Ice Cream Man—a we... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2018, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martin Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O'Halloran. Il contient également les couvertures originales de Morazzo et es couvertures variantes réalisées par Frazer Irving, Nimit Malavia, Mike Shea, Lynn Scurfield. Ces 2 auteurs avaient déjà collaboré pour The Electric Sublime.

Dans une petite ville des États-Unis, le marchand de glace passe en fin de journée. Sharon Peterson a accompagné sa fille Penny pour acheter une glace à la vanille. Puis Rick se fait interpeler par Byron McAllister qui lui demande une glace au chocolat à 2 boules. Rick le sert et lui dit de faire attention en rentrant chez lui. Byron déguste sa glace en marchant et en pensant à Rupert son araignée de l'espèce Phoneutria Fera, secrétant un venin neurotoxique. Il rentre chez ses parents et retrouve leurs cadavres dans la cuisine. Henrietta & Tom McAllister ayant été signalés comme absents à la police, les inspecteurs Jialeou Hwan & Tony Briggs viennent enquêter dans leur pavillon. Karen et Jim sont 2 junkies qui vivent dans un taudis. Jim souffre d'une sévère crise de manque qui le fait délirer, ne le laissant reprendre conscience que pendant de brefs épisodes. Karen n'a pas de quoi se payer une nouvelle dose. Elle repense à leur rencontre, à leur première dose, à leur premier vol (le réservoir à oxygène d'une vieille dame). Elle sort et essaye la porte de toutes les voitures garées pour voir s'il y en a une d'ouverte et faucher ce qu'elle y trouve. Elle finit par piquer la camionnette du marchand de glace, parti faire une course.

40 ans ou 50 ans en arrière, Bud Hickey a vendu 60 millions d'exemplaires de son 45 tours Rock all the time, enregistré avec son groupe The Rockets. Mais il été l'auteur d'un seul tube, et depuis il regrette le bon vieux temps, vivant seul, buvant tous les soirs. Alors qu'il prend son café dans le diner de la ville, le marchand de glace passe avec son chariot dans le diner et échange quelques mots avec lui. Il lui offre une glace à la vanille. Bud Hickey rentre chez lui, mais il entend de la musique en provenance de son sous-sol. Sheila est en train d'ajuster le noeud de cravate de son mari Joel qui doit prononcer l'éloge funèbre pour l'enterrement de Chris Carson, un musicien mort à l'âge de 32 ans. Sa grossesse étant bien avancée, elle ne peut pas l'accompagner, mais elle l'assure que tout va bien se passer. Joel prononce son éloge, évoquant le plaisir que prenait Chris Carson à entendre la petite musique de la camionnette du marchand de glace. Après l'enterrement, il accepte d'aller prendre un verre avec le père de Chris.

Dans la pléthore de séries que publie Image Comics tous les mois, il y a beaucoup de séries qui sortent du moule. Ice Cream Man est de celles-là : impossible d'anticiper la nature de l'histoire en regardant cette couverture un peu pop, à la promesse vaguement psychédélique, avec ces visages d'enfants heureux, à 2 doigts d'une extase générée par la contemplation d'un cône de glace qui a l'air bien industriel. le marchand de glace est tout beau dans son costume et tient cette glace comme la statue de la Liberté tient son flambeau. Un rapide feuilletage de l'intérieur ne donne pas plus d'indications sur la teneur générale de ce tome. D'épisode en épisode, le lecteur se rend compte qu'il s'agit de 4 histoires indépendantes, se déroulant vraisemblablement dans la même ville (c'est au moins sûr pour les 2 premières), avec comme point commun l'apparition du marchand de glace, le temps de 2 ou 3 pages. le premier récit s'inscrit dans le registre des histoires d'horreur avec une chute ambigüe. La chute de la seconde est plus classique et moins ambigüe, avec à nouveau l'intervention déterminante du marchand de glace dans la résolution. Dans la troisième, il devient l'un des personnages du délire de Bud Hickey. Dans la dernière, il n'est présent que par le carillon de sa camionnette et de manière très inattendue dans les 3 dernières pages. le lecteur y voit apparaître un dénommé Caleb qui vient saluer Rick dont le visage exprime une peur franche sans qu'on en n'apprenne plus. Ainsi le marchand de glace mentionné sur la couverture est bien présent dans les histories. Il offre une glace à quelques clients, en fait payer d'autres, dispose de capacités surnaturelles non expliquées, et pas toujours explicites.

Dans le premier épisode, le marchand de glace semble souffrir de lycanthropie, sans raison apparente, sans lien logique avec le récit, avec l'histoire de Byron McAllister. Dans les deuxième et troisième histoire, il a un rôle plus classique de catalyseur. Quant à la quatrième histoire, le lecteur se demande s'il a assisté à une partie des origines du marchand de glace, ou non. L'intérêt des récits réside donc plus dans la manière dont la vie de chacun des personnages a pris un tournant vers le bizarre ou le morbide : un enfant qui s'accommode fort bien du décès de ses parents pour préserver la vie de son animal familier, une junkie qui continue de s'enfoncer dans la spirale du prochain shoot, un individu marqué à vie par un succès de grande ampleur mais éphémère, un père qui a quitté femme et enfant. Dans des récits de 26 à 30 pages, le scénariste réussit à faire exister chacun de ces individus, à leur donner une histoire, à montrer leur environnement de vie, à laisser entendre comment leur vie a quitté les rails de la normalité, à dénouer la situation problématique. Il suit le format des histoires courtes (des nouvelles) de type EC Comics, mais sans recourir à un dénouement basé sur une justice immanente. Il trouve même le temps de développer d'autres personnages dans chaque histoire : les 2 inspecteurs de police Jialeou Hwan & Tony Briggs, le couple de personnes âgées Alice & Phil, l'étrange équipe de musiciens Captain Jack, Eleanor Rigby, Ziggy, Rocky Raccoon, Major Tom, et Sheila l'épouse de Joel.

S'il a déjà lu des histoires illustrées par Martin Morazzo (on peut ajouter Great Pacific et Snowfall, toutes les deux écrites par Joe Harris), le lecteur retrouve avec plaisir les caractéristiques de ses dessins. Il détoure les formes avec un trait fin assuré et précis, d'une largeur presque égale. Il représente des personnages avec des morphologies normales et variées : les enfants ressemblent à de vrais enfants et l'embonpoint de Bud Hickey est naturel. le langage corporel des personnages est naturel et expressif, sans besoin d'exagération. le lecteur peut voir le manque d'assurance de Byron du fait de son âge, l'agitation nerveuse de Karen du fait du manque de produit, le regard éteint de Bud Hickey privé de l'espoir de pouvoir un jour retrouver un semblant de célébrité, la résignation coupable de monsieur Carson qui a abandonné son fils à un jeune âge au point que Joel le connaît mieux que lui

Martin Morazzo s'implique également dans la représentation des différents environnements pour leur donner une consistance suffisante. le lecteur peut observer l'aménagement intérieur du pavillon des McAllister, l'implantation des arbres dans le bois environnant, les larges rues de la zone pavillonnaire dans laquelle Karen conduit la camionnette, le bureau du poste de police où travaille Jialeou Hwan & Tony Briggs, le diner dans lequel Bud Hickey sirote son café, ou encore le bar dans lequel Joel et Carson père vont prendre un verre à la mémoire de Chris Carson. L'approche graphique de Morazzo est assez proche de la ligne claire, si l'on fait abstraction des ombres portées et des petits traits secs donnant un peu de texture sur certaines surfaces. Les dessins détaillés de l'artiste permettent au lecteur de se projeter dans chaque endroit, de suivre les gestes des personnages, de deviner leur état d'esprit à leur visage. S'il n'a jamais eu l'occasion de lire un comics illustré par Morazzo, le lecteur peut de temps à autre se trouver décontenancé par les détails des visages, avec des mentons parfois un peu pointus, une dentition découverte plus que la normale, et un manque de confiance en soi pour la plupart des personnages. Cela ne nécessite qu'un bref temps d'adaptation pour se faire à ce qui s'apparente à l'expression assez franche de l'humanité des individus.

Le lecteur se laisse donc charmer par la qualité de l'immersion grâce aux dessins descriptifs et consistants, et par des protagonistes très humains, banals dans leur quotidien, faisant preuve d'une contenance inattendue face au bizarre qui s'insinue dans leur vie. Il est difficile de trouver un sens clair au premier récit, en particulier à cette manifestation de la lycanthropie, mais les auteurs rendent plausible la situation de Byron. La deuxième histoire porte un jugement de valeur sur les vies foutues en l'air par la drogue dure, et l'injustice insupportable des victimes collatérales. La troisième histoire tourne en dérision l'individu qui se morfond dans son sentiment d'injustice. Maxwell Prince ne ramène pas ça à une injonction à rebondir mais à nouveau à un gâchis aussi pathétique que celui des junkies. La dernière histoire laisse un goût amer, entre le regret du père ayant abandonné femme et enfant pour une vie plus hédoniste, et le sentiment d'échec du mari qui s'embarque dans une vie familiale qu'il perçoit déjà comme castratrice.

Avec ces 4 épisodes inauguraux, W. Maxwell Prince & Martin Morazzo proposent 4 histoires de vie déstabilisante et décalées, vaguement reliée entre elles par l'existence d'un marchand de glace en périphérie de la vie des personnages. Ils jettent un regard clinique à des vies gâchées par des circonstances très différentes, tout en laissant sous-entendre que chaque individu concerné n'aurait pas pu faire autrement car il n'avait aucune prise sur les événements. le lecteur sait qu'il reviendra pour le deuxième tome, tout en se disant que celui-ci a plus un goût de prologue que de chapitre complet.
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