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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
UN ETE AVEC MARCEL #3

Bien que la rentrée littéraire avec son lot de livres alléchants pointe le bout de son nez, je continue mon été avec Marcel.
La Recherche, c'est un marathon ! On se demande parfois ce que l'on fait là, mais on tient bon et on aura sa médaille de finisher !

Que dire du troisième opus ? La première chose, c'est que pour moi l'intérêt était assez inégal. Autant je me suis ennuyée sur la première partie, que j'ai adoré la seconde.

Le côté de Guermantes, ca raconte quoi ?

Notre jeune Marcel, franchement béta et niais, vient de déménager et emménage à côté de la demeure de la Duchesse de Guermantes.
Il en tombe en amour comme une jeune fille tombe amoureuse de sa rock star préférée. Il lui prête toutes les qualités morales et intellectuelles et fait de ses pieds et de ses mains pour se la faire présenter et entrer dans son salon. C'est là que Marcel va faire son entrée dans le Monde. Marcel aime les titres, et le bas peuple ne l'intéresse pas, c'est peu dire. pauvre Albertine, pas assez bien née, et qui est tellement bête de ne pas utiliser le bon adjectif...
Dans le grand monde, Marcel augmente ses liens sociaux d'une belle tripotée d'inutiles futiles. On cause et on cause et l'on va chez l'un et chez l'autre, on fait de petites vacheries, on parle sur le dos de l'un l'autre, on astique sa généalogie dans le sens du poil. Tout ce beau monde est tiraillé par la grande affaire d'époque : l'affaire Dreyfus. La plupart sont antidreyfusards.. non pas parce qu'ils connaissent l'histoire, mais parce qu'ils sont franchement antisémites. certains sont Dreyfusards, Zwann et Bloch... normal ils sont juifs. Zola en prend pour son grade. Marcel est langue de pute parfois.

Dans le seconde partie, qui commence par le décès de la grand-mère de Marcel de ce que je peux penser être un AVC (soigné avec des sangsues), Marcel sera moins niais, enfin un peu. Il commence à se rendre compte de la vraie nature hypocrite de la société dans laquelle il erre. Sa belle duchesse de Guermantes, tout sourire et amabilitén ne lèverait pas le mignon petit doigt pour l'aider. Elle n'en a d'ailleurs strictement rien à foutre quand on lui annonce un décès prochain, elle préfère ses souliers rouges. Bien entendu, tant qu'elle est à égratigner les domestiques ou à dénigrer d'autres dames de sa coterie, ça va à Marcel... Mais quand on n'aide pas Saint-Loup, là on ouvre les yeux.

A mon humble avis, un volume un peu plus marrant que les autres sur le dernier quart. je commence à me prendre au jeu et à me poser des questions du niveau "amour, gloire et beauté" du genre, "Est-ce que Charlus va enfin se le faire ?", "Quelle est donc la mystérieuse maladie de Swann ?"

PS : pour les Belges, c'est assez comique de voir la petite gueguerre sur le titre du duché de Brabant :-)
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Ce troisième tome est dans les toutes grandes lignes celui de l'entrée du narrateur dans les salons de la noblesse parisienne, et plus particulièrement dans ceux des Guermantes, famille aux innombrables ramifications, de vieille noblesse française.

Marcel Proust nous dépeint un portrait piquant, sans concession mais sans jugement de cette noblesse superficielle, snob, narquoise, méprisante envers la bourgeoisie, les artistes et ses pairs, elle se dit moderne mais reste accrochée aux traditions séculaires. Tout cela sur fond d'affaire Dreyfus qui alimente les conversations dans ce troisième volume.

Lors d'un certain dîner, j'étais en perdition parmi tout ce monde fréquentant ou invité dans ces salons, des noms illustres à ceux créés de toute pièce, de ceux dont l'arbre généalogique remonte à François Ier à ceux qui n'ont pas d'ascendance illustre : c'était vertigineux, ce tourbillon de noms et de liens entre eux m'a un peu lassée, heureusement les conversations et les mots de la Duchesse de Guermantes me gardaient en éveil.

L'art de la dérision et de l'autodérision est à son acmé, l'humour est fin et délicieux. Par ailleurs, dans la maladie, la disparition, le deuil, la gravité de ces moments est décrite avec une sensibilité extraordinaire et nous procure beaucoup d'émotions.

Il y a de magnifiques « épisodes » contemplatifs dans lesquels on se laisse bercer par le talent incommensurable de Proust.

Au travers d'une écriture sublime, inclassable, d'un oeil perçant, de rêveries créatives, il nous dit tellement de choses qui font écho en nous aujourd'hui, qu'il fait donc de ce côté de Guermantes (et de la Recherche) un roman intemporel.
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On avait fini A l'ombre des jeunes filles en fleur sur cette glaçante image du jour d'été s'encadrant dans la fenêtre de l'hôtel, « aussi mort, aussi immémorial qu'une somptueuse et millénaire momie que notre vieille servante n'eût fait que précautionneusement désemmailloter de tous ses linges, avant de la faire apparaître, embaumée dans sa robe d'or ».

Charmant souvenir de vacances que le petit Marcel ramène de son premier séjour à Balbec !

Cette fin et tout ce qui précédait en matière de ratiocinations nostalgiques et stériles de la part d'un adolescent prépubère m'avaient mise dans un état d'agacement et d'incrédulité que certains se rappellent peut-être encore.

Bien sûr, Proust considérait la Recherche comme un tout et ce n'est pas lui être loyal que de commenter une césure qui n'est due qu'à des exigences éditoriales. Il n'en reste pas moins que j'ai senti un net changement d'atmosphère en entamant du côté de Guermantes. Et heureusement !

Ce qui a commencé à me réconcilier avec lui, c'est la confession que fait le narrateur de l'erreur dans laquelle il se trouvait autrefois d'avoir voulu figer la Berma dans la gangue d'une admiration ne faisant que la détruire. Fossiliser le vivant n'est pas le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre semble enfin avoir compris le narrateur. le voilà donc capable de reconnaître le prix de « gestes instables perpétuellement transformés », du « fugitif », du « momentané », du « mobile chef-d'oeuvre ».

Dans mes bras, mon ami, tout est pardonné !

Partie sur un autre pied, notre relation n'a fait ensuite que s'étoffer des milles attentions, réflexions sagaces et joliment plaisantes que l'on a entre amis lorsque l'on cherche à renforcer une douce complicité. Ainsi, Proust connaissant mon intérêt récent pour les strates successives d'ancestrales ascendances telles que les définit Morizot (tous les animaux par lesquels notre évolution nous a fait passer et que nous gardons à même la peau), Proust, disais-je, a parsemé en conséquence son texte de bestioles diverses qui jaillissent malicieusement des endroits les plus inattendus.

Ces sont les « trois Parques à cheveux blancs, bleus ou roses », antiques reliques ornant le salon de Mme de de Villeparisis qui se sont livrées à une inconduite qui ne peut être que « proportionné à la grandeur des époques antéhistoriques, à l'âge du Mammouth. » C'est la maladie de sa grand-mère qui fait sentir au narrateur que notre corps n'aura jamais aucune pitié pour nous, que négocier avec lui, ce serait comme « discourir devant une pieuvre, pour qui nos paroles ne peuvent pas avoir plus de sens que le bruit de l'eau, avec laquelle nous serions épouvantés d'être condamnés à vivre. » Il y a bien sûr « la forme confuse du protozoaire dépourvu d'existence individuelle » que se sent être le narrateur dans le divin regard de la duchesse de Guermantes à l'Opéra. le moment du premier baiser à Albertine où on apprend que « l'homme, créature évidemment moins rudimentaire que l'oursin ou même la baleine, maque encore cependant d'un certain nombre d'organes essentiels, et notamment n'en possède aucun qui serve au baiser. » Et, last but not least, le renne avec lequel est comparé Monsieur de Charlus, qui tire du spectacle des gens du monde la matière première de sa conversation, comme ces cervidés le lichen, les mousses, dont « une fois digérés » ils font un aliment assimilable pour les Esquimaux.

N'est-ce pas chou, toutes ces allusions à mon dada du moment ?

Amadouée par tant de sollicitude, riche de cette collection hétéroclite de spécimens que n'aurait pas reniée le professeur Burp des Rubriques à brac, je me suis sentie l'allant pour flatter à mon tour la marotte de mon nouvel ami : le nom et ses relations avec l'imagination.

Il m'a semblé que ce n'était finalement qu'un jeu de trame. Verticalement, et dans une relative homogénéité d'usage, il y a les noms qui font rêver. La Berma donc, cantatrice de son état, Elstir, le peintre, Balbec, Combray, Guermantes, Vinteuil, Venise, etc..
Ce sont les récipients destinés à contenir une précieuse substance. A ce compte, ils sont d'ailleurs parfaitement substituables l'un à l'autre, entendre la Berma revient à partir pour Balbec, penser à Gilberte ou gagner Venise. Par métonymie, vous pouvez aussi les remplacer par un bout de vitrail, une madeleine, une aubépine, une certaine qualité de la lumière. (Les dames aimées, objets de tant d'attentifs soins circonstanciés, apprécieront.)

La question d'importance réside plutôt dans la nature de ce qui remplit ces noms-vases. le côté horizontal de ma démonstration. Ce sera ce que les expériences de la vie vous amèneront combiné à la représentation que vous en aurez conçue précédemment. Ainsi le nom de Guermantes contient-il une somme de féérie, d'histoire aristocratique, de nostalgie propre à Combray que la collusion avec son incarnation par la duchesse de Guermantes va tour à tour confirmer, trahir, étoffer, révéler.

Quand elle met les mêmes robes que toutes les autres femmes de sa condition, Oriane se montre d'un commun qui n'honore pas son nom. En revanche, quand elle utilise des vocables anciens, a des intonations venant directement de Guermantes, son langage acquiert une pureté, « cette séduisante vigueur des corps souples qu'aucune épuisante réflexion, nul souci moral ou trouble nerveux n'ont altérée ». Cruel tableau de qui est loué pour son conservatisme langagier, son absence de morale et de réflexivité. Mais au moins ainsi, la duchesse aura fait jaillir ce qu'est vraiment Guermantes pour le narrateur.

Limite de l'exercice, lorsqu'elle se montre spirituelle et brillante mais affreusement snobe et mondaine à ses dîners, est-ce Guermantes qu'elle exhale ? La question ne manque pas de tourmenter le narrateur qui ne peut se résoudre à adorer une telle vacuité pas plus qu'à briser l'idole que constitue la duchesse de Guermantes à ses yeux.

Récapitulons : le contact avec les expériences de la vie va donc se charger de faire varier la définition que l'on pouvait conférer aux noms-réceptacles. Mais ce ne sera jamais qu'à la lumière que lui donnera l'imagination. Et il pourra même arriver que la réalité n'ait aucune chance de pénétrer dans ces arcanes.

Prenez cette pauvre Albertine qui a été l'objet d'une looongue et confuse rêverie enamourée dans A l'ombre des jeunes filles en fleur. Grandie, émancipée, elle se trouve un après-midi dans la chambre du narrateur et se fait embrasser. On se dit que c'est le moment tant attendu, la consécration physique de tant de rêveries éthérées. Ca y est, Marcel conclut ! On va en avoir pour des tartines et des tartines de congratulations dégoulinantes, d'idylliques représentations que le mythe des androgynes n'a jamais atteintes.

Pas du tout.

Bonne pâte, Albertine rend les baisers tant et plus que « ses caresses amèn[ent] la satisfaction (…) dont [le narrateur] avai[t] craint qu'elle ne lui causât le petit mouvement de répulsion et de pudeur offensée que Gilberte avait eu à un moment semblable ». Faites-vous une idée précise de la chose et repérez, au passage le glissement, l'équivalence Albertine = Gilberte. Même au plus fort des ébats, à l'acmé de la jouissance, la jeune fille n'existe pas pour elle-même. de vase, elle a, plus que jamais les attributs.

Cette étreinte vide d'ailleurs Albertine de tout ce qu'elle représentait. C'est que le narrateur, non seulement pense à Gilberte, mais en désire une autre, qu'il n'a même jamais vue, Mme de Stermaria. Et hop, une troisième nana dans le lit !

Mais surtout, « c'est la terrible tromperie de l'amour qu'il commence par nous faire jouer avec une femme non du monde extérieur, mais avec une poupée intérieure à notre cerveau, la seule d'ailleurs que nous ayons toujours à notre disposition, la seule que nous posséderons, que l'arbitraire du souvenir, presque aussi absolu que celui de l'imagination, peut avoir fait aussi différente de la femme réelle que du Balbec réel avait été pour moi le Balbec rêvé ; création fictive à laquelle peu à peu, pour notre souffrance, nous forcerons la femme réelle à ressembler. »

Vous voyez l'entourloupe ? le réel n'existe pas, seule l'imagination et le souvenir président à remplir les noms de ce qu'ils voudront bien y mettre. On comprend mieux alors qu'ils soient interchangeables. le tout est de tisser entre ces deux instances et la vie assez de points de correspondances pour que puisse s'exprimer cette forme de vérité qui précipite enfin le nom et la chose rêvée en une unique substance.

A ce point de nos relations, Proust et moi, je me suis sentie reprise de mes préventions antérieures. Et ce n'était pas l'offrande d'un Mammouth ou d'une pieuvre qui allait suffire à m'amadouer. Et puis je me suis gourmandé et rappelé ma promesse solennelle de ne pas me focaliser sur ce qui ne pouvait être changé. Et de porter mon attention plutôt sur l'extraordinaire richesse de combinatoires que représente un tel système. Sur le miroitement des sens que dissimulent des propos aux apparences souvent définitives. Derrière la phrase aux allures de sentence, l'utilisation du présent gnomique, on trouve bien souvent une fantaisie, une inventivité qui enchantent et révèlent le triomphe paradoxal de l'impermanence, du mouvement, de la vie.

Allez, copain, on remet ça et on prend date pour Sodome et Gomorrhe ?
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Et voilà j'ai attaqué le tome 3 de la Recherche du temps perdu.

Cette fois l'auteur a déménagé. le roman commence sur les ressentis de Françoise qui découvre ce nouvel environnement. Et si Proust se moque de Françoise, le narrateur ne sort pas grandit de certaines remarques. Une histoire d'arbres et de foret...

Ce narrateur maladif va tomber en pamoison devant la duchesse de Guermantes et tout faire pour l'approcher le plus possible. Tous les moyens sont bons. Pour se faire il va se rapprocher de Saint Loup et nous livre un portrait de la vie de garnison en province et des réflexion sur l'affaire Dreyfus qui sont fort révélatrices de l'époque. Voici pour la première partie.

Dans la seconde partie, le héros est de retour à Paris et nous présente la vie des salons. Je reviendrai quand j'aurai avancé dans ma lecture / écoute. Car Proust, après le premier tome, est devenu une lecture audio. Les verbes au passé simple et les longues, très longues descriptions siéent à merveille à une lecture audio.

Ma lecture / écoute du troisième tome de la Recherche du temps perdu est achevée depuis quelques jours. J'ai perçu dans ce tome l'intérêt intemporel que présente cette oeuvre. Car si elle se situe fin 19eme (affaire Dreyfus), certaines réflexion sur la fausseté, l'hypocrisie, la valeur donnée à certains éléments du monde (ici le rang dans l'aristocratie, aujourd'hui le niveau du compte en banque / la notoriété...) se retrouve de tout temps.

La grand mère du narrateur décède et en parallèle l'amour / admiration du narrateur pour la comtesse de Guermantes se transforme en étude sociologique / psychologique. Cette soi disant grande dame et son cercle se révèlent être une vraie peste et pas aussi fine qu'elle ne le pense. le narrateur, qui a tout fait pour être présenté, va arriver à ses fins.

Le narrateur découvre que la compagnie de ces personnes, ne sont nobles que par leurs titres et non pas par leurs pensées, actions... Si la litanie de titres nobiliaires fait l'enchantement du narrateur, en ce qui me concerne, ils m'ont paru très longs... J'avais compris la démonstration de la façon de percevoir L Histoire à travers des alliances... pas besoin de mettre autant d'exemples...

La narration du décès du cousin, de la réception avec la maitresse reçue par la femme, les discussions avec la Princesse de Parme, la position du diplomate qui ne veut pas user de son vote pour faire entrer le père du narrateur à l'Académie mais le fera pour un allemand qui lui offre la possibilité de côtoyer quelqu'un... tout cela démontre la petitesse de ce monde que le narrateur se présentait comme tellement au dessus du reste.

Enfin les derniers chapitre avec un noble n'assumant pas son homosexualité et le comte comparant une indigestion avec une annonce d'une maladie incurable est à l'avenant de cette superficialité où le paraitre importe tellement plus que l'être...

Cela m'a donné envie de connaitre la suite. Et je lirai /écouterai donc le tome 4 en 2024.



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Dans une vidéo youtube Guy Schoeller raconte que Gaston Gallimard lui avait appris à lire Proust de la manière suivante : « Vingt pages par jour du lundi au samedi ». Tout comme le premier tome, cette vitesse de lecture est très agréable pour se baigner dans le fleuve proustien sans s'y noyer. Cela crée un rendez-vous quotidien avec juste ce qu'il faut pour savourer ou patienter lors des rares passages m'ayant paru longs. de plus cela permet d'avoir une autre lecture en parallèle.

Les deux premières parties furent un régal à la hauteur du tome 2 « À l'ombre des jeunes filles en fleur » : toujours autant de maximes philosophiques et de réflexions sur la société de l'époque. Les aventures du narrateur sont passionnantes à suivre jusqu'à la troisième et dernière partie où le narrateur disparait complètement : l'écrivain va dresser un portrait de l'aristocratie de l'époque sur presque deux-cents pages. C'est très long et malheureusement peu passionnant pour moi.

Heureusement le baron de Charlus réapparait sur la fin, ce personnage bouffonesque et totalement dans l'excès me fait beaucoup rire.

Challenge Pavés 2024
Challenge Multi-défis 2024
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Le narrateur et ses parents habitent désormais dans un appartement de l'hôtel particulier des Guermantes dans le faubourg Saint-Germain.
Il se prend d'amour pour la duchesse, n'hésitant pas à faire des promenades quotidiennes afin de se trouver sur son chemin, attitude qu'on pourrait qualifier aujourd'hui de " lourde " et qui va finir par exaspérer la duchesse.
Le jeune homme part retrouver son ami Robert de Saint-Loup à Doncières dans sa caserne. Il va y passer quelque temps par amitié mais pas uniquement, car il a en tête de demander à son ami de lui présenter sa tante.
L'amour est aveugle... Mon dieu ce que j'ai pu le trouver ridicule dans ce rôle d'amoureux transi, au fond pas vraiment amoureux de la duchesse mais plutôt de ce que le nom de Guermantes représente à ses yeux dans tout son mystère. Un nom qui prend sa source et renaît du passé à Combray où, enfant, il passait ses vacances.
Bref, ses amours dans ce volume restent au point mort parce qu'il ne tombe amoureux que de femmes qui restent inatteignables. Il fantasme, fantasme beaucoup jusqu'à ce qu'il voie la réalité en face.
Il arrive à obtenir un rendez-vous avec Mme de Stermaria par l'intermédiaire de Saint-Loup qui lui a presque promis que le soir même il l'aurait dans son lit.
Le narrateur était en attente impatiente de ce tête-à-tête, fébrile, imaginant la scène dans tous les détails. le rendez-vous est annulé et Saint-loup le retrouve quasiment à chialer comme un môme à qui on aurait retiré un jouet de ses mains. Larmes qu'on aura pas vu couler à la mort de sa grand-mère pourtant adorée. le narrateur est tout en contradictions.

Albertine fait son retour mais d'Albertine il n'est plus amoureux. Il n'est même plus son ami. Pourtant il va réussir à lui arracher des caresses et un baiser sur la joue. Baiser qu'il avait fantasmé depuis longtemps et que finalement ne s'avère pas comme il l'avait imaginé.
Albertine n'est plus dans son corps de jeune fille en fleurs, son vocabulaire a un peu évolué depuis Balbec mais pas assez pour le satisfaire. le jeune homme est un brin méprisant, ça lui ferait du bien de tomber de haut. Situation qui risque de lui arriver plus tôt qu'on ne le croit.

Dans " À la recherche du temps perdu, tome 3 : le côté de Guermantes ", le narrateur arrive à ses fins en fréquentant les salons mondains, celui de Mme de Villeparisis puis de fil en aiguille le salon hiérarchisé de la duchesse de Guermantes où les conversations s'éternisent. Et c'est franchement d'un ennui total pendant une bonne partie du volume, pas la peine de se mentir, de mentir aux autres, de crâner en disant que tout Marcel Proust est un régal même si on aime son écriture. Tout n'est pas passionnant. L'action est absente. Côté intrigue il ne se passe rien de particulier. On a l'impression de temps qui passe très très lentement.
Je me dis que ces aristocrates devaient bien s'emmerder dans ces réunions où les sujets tournent autour de l'affaire Dreyfus et de leurs petites personnes. Dans la haute société du faubourg Saint-Germain, les personnages ( la plupart détestables et oisifs ) sont tout occupés du soin de leur généalogie et cultivent le savoureux plaisir de la médisance. Oriane de Guermantes aura ainsi le plaisir de comparer Mme de Cambremer à une vache.
Elle devrait éviter d'ironiser, de fanfaronner et de balayer devant sa porte quand on apprend que son mari accumule les conquêtes. Elle devrait faire profil bas mais reste méchante avec son entourage, allant jusqu'à annuler une permission de sortie accordée à son valet par son mari. La simple vue de la joie sur le visage du valet à l'idée de pouvoir passer quelques heures avec sa promise lui a suffi pour supprimer la permission. Par sadisme, parce qu'elle-même n'est pas heureuse et frustrée ?
Le narrateur apprendra que de Norpois aurait dit de lui qu'il était un flatteur à moitié hystérique. Il en est honteux pour sa réputation.
La famille de Robert de Saint-Loup s'en donne à coeur joie de critiquer sa " cocotte " ( Une surprise totale pour le narrateur qui l'avait connue dans un bordel, eue pour rien, alors qu'elle plume Saint-loup ).
Sa famille veut donc le faire rompre et envoie l'oncle Charlus pour espionner ses allées et venues.
Charlus qui voudrait bien diriger la vie du narrateur et lui donne rendez-vous chez lui. le jeune homme se fait malmener et hurler dessus sans rien y comprendre. Celui-ci est-il si naïf pour n'avoir encore pas compris ce que Charlus attend de lui ? Suite au prochain épisode.

Celui qui m'a fait le plus de peine c'est Charles Swann qu'une maladie grave commence à défigurer. D'après ce qu'il confie à Oriane de Guermantes, ses jours seraient comptés. Les Guermantes, aussi bien elle que son mari, Basin, restent pour le moins circonspects, doutant de la vérité à propos de la confession de Swann, voire indifférents. le plus important pour eux est de ne pas arriver en retard à leur soirée. Ils ont assez perdu de temps, comprenons-les les pauvres ! de plus Oriane a eu une faute de goût vestimentaire, elle a mis des chaussures noires avec sa robe rouge. Son mari lui ordonne presque aussitôt d'aller les changer pour ses rouge qui seraient mieux assortis à la robe.
Quelle futilité, quelle bêtise, quelle tristesse... J'étais à deux doigts de faire cocotte-minute devant cette froideur et ce manque d'empathie.

Malgré ce snobisme, les médisances, les mesquineries, les longueurs assez décourageantes dans ce volume, heureusement subsiste quelque chose d'autre d'indéfinissable et d'addictif qui pousse à lire le volume suivant. Est-ce comme entretenir une intimité avec les mots, le texte, le narrateur, certains personnages ? C'est en tout cas assez profond et indéfinissable pour continuer à se promener sans se perdre dans ce labyrinthe qu'est la Recherche.







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Que se passe-t-il chez les Guermantes, dans le salon le plus prestigieux du faubourg Saint-Germain que Marcel souhaite intégrer à tout prix ? Pas grand-chose, hélas ! Hormis quelques sourires crispés et toutes sortes de méchancetés en robe du soir.
Je me suis poliment ennuyée dans ce 3ème tome... que j'ai trouvé plus mondain, plus politique - il y est beaucoup question de l'affaire Dreyfus- et bien plus long que les précédents.
Les salons parisiens y tiennent une place importante et ce n'est pas toujours facile d'identifier chaque personnage et sa lignée, de suivre les intrigues, les poisons et les cachotteries. Ce qui est certain : Proust a toujours l'ironie parfaite, la formule juste pour révéler la laideur et la vacuité derrière les monocles et sous les chapeaux.
À la fenêtre des salons, on respire un peu : c'est toujours la grâce de Marcel qui nous entraîne d'une rencontre à l'autre, d'une fulgurance à l'autre, et nous fait vivre des scènes bouleversantes et inattendues, notamment avec le personnage le plus chahuteur et le plus sorcier de tout le roman : le baron de Charlus.

J'ai bien entamé le tome suivant qui dépasse toutes mes espérances : j'aime tellement la sensibilité de Marcel, sa manière d'ouvrir des milliers de tiroirs à partir d'un détail, de construire des mondes autour d'une sensation, que j'ai du mal à lire autre chose.
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Le côté de Guermantes (1920) est le troisième tome de la recherche du temps perdu, l'oeuvre majeure de Marcel Proust. le narrateur perd sa grand-mère, retrouve Albertine et il est enfin reçu chez les Guermantes. Inutile de s'appesantir sur un classique, a fortiori sur un chef-d'oeuvre, mêlant, non sans une pointe d'humour, mélancolie et ironie.
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CR345 : le côté de Guermantes - Marcel Proust

Commencé il y a quelques jours, je n'étais pas si mécontent quand je constatai sur ma Kindle que j'avais fini ce roman aussi épais que barbant. Mais quand on aime Proust, on ne recule devant rien et j'avoue qu'il faut être courageux pour ne pas abandonner ce pavé en cours de route. Plus que "dans à l'ombre des jeunes filles en fleurs" qui avait un certain charme frivole, dans "le côté de Guermantes", on reste enfermé sans des salons mondains en compagnie du narrateur. C'est bien clair, il ne se passe rien. Ayant fait en cours de route, une coupure avec Zola, il faut quand même être un peu maso pour retourner dans l'hôtel de Guermantes, le plus renommé du tout Paris et où se retrouve tout le gotha de l'aristocratie de l'époque. Et comme si les invités ne suffisaient pas, les discussions se portent aussi sur tous les autres, les princes et contes etc de toute l'Europe qui auraient un lien de parenté ou pas avec les Guermantes ou autres. On y vante l'esprit des Guermantes et notamment des bons mots de la duchesse. le narrateur qui ne loupe rien et qui ne se lasse pas de ces diners sans fin est un peu moqueur mais pas suffisamment pour que l'on puisse y voir un romam sur le ridicule et la vacuité de cette aristocratie qui ne sait pas qu'elle est finissante.
Heureusement, quelques demi portions nous permettent d'y échapper comme la visite surprise d'Albertine chez le narrateur, l'agonie et la mort de la grande mère et la visite chez le fantasque comte de Charlus.
Mais je vais dire quand même que j'ai aimé par amour de la littérature et par celle notamment de Proust qui pousse le bouchon de la préciosité littéraire à des niveaux jamais égalés.

Lecture sur Kindle, novembre 2019
Équivalent pages : 765
Note : 4/5
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Proust-o-thon Round 3⁠
Et chaque tome m'enchante plus que le précédent.⁠

Dans le côté de Guermantes, c'est un narrateur plus mâture et un peu moins fragile (mais à peine) que nous retrouvons. ⁠
Finies les petites amourettes avec des jeunes filles, cette fois-ci, c'est une femme, la duchesse de Guermantes, qui est l'objet de toutes ses attentions.⁠

Ce tome est très mondain, c'est un aspect qui m'a énormément plu. ⁠
Les joutes verbales, les jeux d'influence, sont un délice à découvrir sous la plume de Marcel Proust, qui y met toute sa finesse d'analyse mais aussi beaucoup de malice.⁠
L'affaire Dreyfus occupe toutes les conversations, à défaut d'occuper réellement les pensées de ce microcosme bourgeois et égocentré.⁠

Mais s'il y a un aspect clairement ironique dans ce tome, il y a également un côté plus sombre, plus triste, et certains passages m'ont tiré des larmes.⁠
Je me demande maintenant ce que me réserve la suite de ce Proust-o-thon, j'ai hâte de le découvrir !⁠
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