Heuet Stéphane (adaptation et dessins), Marcel Proust – A la recherche du temps perdu [adaptation en bande dessinée] – éd. Delcourt, 1998-2013 – format 32x23cm
2 - "[Du côté de chez Swann] Un amour de Swann, volume 1" – Delcourt, 2006 (ISBN 2-84789-321-0)
D'un point de vue éditorial : les six volumes en ma possession furent publié entre 1998 et 2013, dans un désordre anarchique surprenant et sans rappeler sur la page de couverture les titres intermédiaires : le premier volume s'intitulait ainsi tout bonnement "Combray" (sans rappel de l'intertitre "Du côté de chez Swann") et fut publié en 1998, alors que les deux volumes d'Un amour de Swann (sans rappel de l'intertitre "Du côté de chez Swann") furent publiés en 2006 et 2008 ; le volume "Nom de pays : le nom" fut publié en 2013, en rappelant l'intertitre "Du côté de chez Swann". Les volumes "à l'ombre des jeunes filles en fleurs"furent publiés en 2000 et 2002, sans mentionner la moindre tomaison sur le premier...
Pour les non spécialistes de Proust, ceci entraînait une incompréhension fort compréhensible, pour les spécialistes de Proust, ceci représentait une incohérence amenant à se poser moult questions sur le sérieux de cette entreprise.
Le texte lui-même : les planches comprennent de nombreux bandeaux hors dessins, qui sont en fait largement repris textuellement de l'original, ce qui respecte certes l'écrit proustien, mais ne s'avère guère approprié au rythme d'une bande dessinée. Cette remarque vaut également pour les dialogues. Finalement,il ne s'agit pas d'une adaptation mais d'un découpage effectué en piochant ça et là...
Les dessins : ils ne sont pas hors de propos, le dessinateur a fort probablement bien étudié son sujet pour ne produire que des représentations largement crédibles historiquement (un puriste y trouvera sans doute quelques invraisemblances en scrutant attentivement, mais bon...). Il va de soi cependant que cette mise en figures des personnages implique forcément une réduction drastique des possibles suscités par la lecture de l'oeuvre originale.
Grosso modo, il s'agit d'une des interprétations possibles du texte proustien, mais qui réduit évidemment le champ interprétatif de l'imaginaire suscité par la lecture du texte original qui contient déjà en lui-même les allusions visuelles que l'auteur souhaita y inclure. Il est fort peu souhaitable d'aborder l'oeuvre par ce biais, car le néophyte aurait bien du mal par la suite à laisser vagabonder son imagination.
En tant que lecteur assidu de "La recherche", je n'accorde finalement qu'un intérêt fort mince à cette entreprise, tout en reconnaissant qu'elle a du représenter un travail imposant pour Stéphane Heuet.
L'un des intérêts majeurs de l'oeuvre proustienne réside précisément dans le déploiement inégalé de la puissance d'évocation des mots, de la langue, qui est ici irrémédiablement enfermé dans les limites d'une interprétation particulière.
Les adaptations cinématographiques échouent sur ce même écueil...
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Je sais que c'est un classique et que tout étudiant en littérature française se doit de lire et d'aimer cette oeuvre, mais pour moi, ce n'est que le délire nombriliste d'un auteur qui adore ralentir le temps et qui déteste la ponctuation.
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