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sur 145 notes
Ouvrage reçu dans le cadre du dernier Masse Critique, je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que les éditions Gallimard qui m'ont cependant mise au supplice en me recommandant de ne pas apposer ma critique sur quel site que ce oit avant ce jour, mais j'ai réussi à tenir ma promesse. J'avais eu l'occasion de rencontrer Sylvain Prudhomme à l'occasion de sa venue à la médiathèque de ma ville pour la sortie de son roman "Les grands". J'avais alors non seulement apprécié le roman mais également l'auteur pour sa simplicité et sa proximité avec le public. Ici, l'n retrouve ce ton de légèreté dans l'écriture malgré les thèmes assez rudes qu'il aborde.

Tout part d'une histoire banale : reconstituer une époque, un mode de vie en faisant un film sur une ancienne boîte de nuit très en vogue quelques années auparavant : la Chou. Située dans le pays d'Arles, à La Crau exactement, cette discothèque, anciennement restaurant, a, on ne sait pas vraiment pourquoi, attiré toutes sortes de gens, jeunes ou moins jeunes, des personnes comme voue et moi ou encore des personnalités. Bref, c'était l'endroit où aller, l'endroit où il faisait bon d'être vu mais que reste-il de tout cela aujourd'hui ? Matt, l'un des protagonistes veut absolument en retracer l'histoire, en capter le moment et pour cela, il va avoir besoin de Nel. Ce dernier, photographe, en sait plus sur n'importe qui sur la Chou, non pas seulement faute de l'avoir fréquentée mais grâce aux souvenirs de ses cousins, aujourd'hui disparus, qui, eux, l'ont bien connue au sommet de sa gloire. Fabien et Christian étaient loin d'être des adolescents comme les autres. Ayant grandi séparément, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre finalement même si un océan s'était dressé entre eux durant leur enfance. Et puis, il va y avoir la rencontre avec Josette, la tante de Nel, qui, elle, se souvient. Si, les deux frères n'avaient pas du tout le même caractère ni les mêmes centres d'intérêt...et puis les souvenirs rejaillissent au fil des pages à tel point que Matt se demande si finalement, il ne serait pas en train de faire un film sur ces deux frères que tout opposait plutôt que sur la discothèque. Il y a aussi le père de Nel, berger depuis des générations et qui ne souhaitait pour rien au monde que son fils suive sa trace. Et enfin, il y a tous les autres...

Un roman extrêmement bien écrit, rempli d'émotions. Si les écrits parfois peuvent partir en fumée, les souvenirs, eux, restent même si ils sont parfois déformés par notre cerveau qui voudrait que les choses se soit passées différemment. Il ne le fait pas intentionnellement mais par simple instinct de survie, pour que nous puissions continuer à avancer sans chercher des réponses auxquelles nous n'avons pas de réponses ! Un livre magnifique que je ne peux que vous recommander !
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Matt et Nel sont amis, le premier est un grand gaillard cinéaste amateur, le deuxième photographe est descendant de bergers. En voulant faire un film sur « La Chau » boite de nuit qui anima de nombreuses soirées de la région, Matt découvre alors le destin tragique de deux cousins de Nel, disparus en pleine force de l'âge. Fabien croque la vie à pleines dents tandis que Christian jeune homme torturé et violent, se réfugie dans l'alcool et la drogue. Malgré une certaine réticence de Nel, Matt décide de recueillir des témoignages de cette époque. Les portraits se font plus précis, kaléidoscope d'une époque, d'une jeunesse insouciante terrassée notamment par le Sida.
Sylvain Prudhomme nous invite sur une terre harassée de soleil, bercée par une certaine mélancolie, aux portes d'Arles.
Les descriptions minutieuses permettent de ressentir presque physiquement l'amour des personnages pour ces lieux chargés de souvenirs, renforce forcément notre empathie pour ces hommes attachés à leur terre. le style est des plus agréable, on s'installe dans ce roman, comme on feuillette un album photos entre tristesse et gaité. Nous interrogeant aussi sur nos propres souvenirs qui nous ont construits. Un roman fin, profond sur des années souvent charnières, porté par la belle plume de Sylvain Prudhomme.
Si la rentrée littéraire est de ce calibre là, notre rentrée à nous sera plus douce. Une belle découverte. Merci aux Éditions Gallimard et à Babelio pour ce très beau cadeau.
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L'amitié a ferré Matt, l'anglais curieux de tout et Nel, fils et petit-fils de bergers.
Accrochés ces deux-là!

D'autant que Matt est fasciné par la famille de son ami photographe, par les destins individuels des anciens et surtout par le parcours de deux cousins solaires, brûlant leur jeunesse dans la liberté entre excès et violence. Avec photos et témoignages, il va effectuer un vrai travail de sociologue, enquêteur de la vie d'une famille et par extension d'une région magnifique et insolite.

Assise dans mon fauteuil, je viens de faire un véritable voyage touristique.
La force évocatrice de Sylvain Prudhomme fait merveille pour décrire les espaces infinis des campagnes du delta du Rhône, les villes et villages de Camargue, et toute une société tournée vers les traditions d'élevage.

J'en suis encore à me demander par quel mystère je suis restée accrochée à ce récit quasi documentaire. Car je n'ai pas lâché ma lecture! Immergée dans une époque, dans la légèreté des années 80, dans l'insouciance et les fêtes des bandes de copains, dans l'amitié et les rapports humains chaleureux. L'auteur crée des personnages de la vie réelle, confrontés à une société en pleine mutation, à la guerre d'Algérie, aux années SIDA. La narration est enveloppante, simple et pour autant précise pour dire le quotidien. C'est un livre passionné, aux personnages excessifs mais au combien attachants.

Décidément, je vais devenir une inconditionnelle de Sylvain Prudhomme qui m'avait déjà offert un vrai plaisir de lectrice avec son précédent roman "Les Grands".
Ce voyage en Camargue m'a enchantée, par cette facette documentaire d'une époque, faisant de ce roman un reportage-fiction où se croisent des taureaux, des moutons en transhumance, des forts de Vauban perdus au milieu des raffineries et des bodegas mythiques de fêtes jusqu'au bout de la nuit.

Je conseille vivement...
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C'est avec un véritable plaisir que je ressors de cette lecture. Ici tout m'a plu, du sujet traité à l'écriture de cet auteur. Régulièrement, je me demande comment je peux passer à côté de certains auteurs qui regroupent tout ce que j'apprécie dans la littérature. Sylvain Prudhomme fait indéniablement parti de cette sélection.

Dans ce texte, on ouvre le récit sur une vieille photo en noir et blanc. Un homme photographie un champ d'en haut, au loin les brebis et en dessous la nature à perte de vue. L'image qui en ressort c'est imprimé dans mon esprit. Ce fut le point de départ de mon coup de coeur et je me suis laissée prendre par cette lecture. J'ai été bercée par ce petit texte qui, tout en douceur va nous présenter un passé qui n'est pas si innocent que cela. Dans cette histoire c'est un récit à plusieurs voix qui se mêle pour nous donner un texte fort, un texte dur mais qui est amené par tant de douceur que l'on se laisse perdre dans les mots.

Une histoire d'amitié, une histoire de famille. Avant tout c'est une histoire d'amitié entre deux hommes différents, mais dont les différences ne font que renforcer leurs liens. L'un veut réaliser un film et en le faisant il va soulever l'histoire de famille de son ami. Entre beaux souvenirs et histoire compliquées, on amorce le récit de deux frères ennemis. Mais à travers différents personnages c'est une région qui est mise à l'honneur. Une enfance, une jeunesse puis toute une vie passée dans la Crau. Cette région qui nous permet de donner vie à nos personnages comme si on y était.

Mais ce texte va s'articuler autour de ces deux frères ennemis dont la destinée tragique va bouleverser tellement de vies. A travers ces chemins, c'est toute une époque qui est placée sous lumière. La violence de cette génération, l'arrivée du sida, l'abandon et le rejet face à toute cette polémique. Tant de thèmes durs qui sont abordés ici avec beaucoup de légèreté. On va plonger dans un monde à porter de main, qui nous dresse le portrait oublié de la société d'hier. Je suis sous le charme de cette plume, qui sans fioriture nous parle d'un passé effroyable et pourtant si lumineux.

A travers les différents personnages, on retrouve fortement l'amitié et la haine qui semblent si liés. Même si l'amitié scelle les deux hommes, on ressent cette jalousie mal placé qui n'hésite pas à pénétrer le coeur des hommes. Malgré la dureté de ce texte, je le referme avec en mémoire la pensée que c'est surtout un beau texte rempli d'espoir. Un espoir qui donne envie de poursuivre notre lecture, d'imaginer un futur et de laisser reposer en paix nos protagonistes.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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La Crau. 30 kilomètres de désert au milieu de la Provence, recouvert de pierres comme des galets, balayé par le mistral. le vide, le silence quand les milliers de brebis qui composent ce paysage sont en estive les mois d'été. Je ne connaissais pas cet endroit avant de lire l'histoire et l'écriture majestueuses de Sylvain Prudhomme.
Maintenant, je rêve de fouler cette terre de légende et d'assister aux transhumances des troupeaux par les bergers qui mènent une vie âpre et solitaire sans avoir la reconnaissance qu'ils méritent.
Je n'ai pas quitté ce livre, tenue en haleine par les vies fulgurantes et attachantes des personnages. Dont Nel, photographe, fils et petit-fils de berger qui continue à m'accompagner.
Je vois ses photographies, je ressens son amitié pour Matt, un expatrié soucieux d'écologie à la tête d'une entreprise de toilettes sèches publiques.
Passionné par la réalisation, Matt rêve de faire avec Nel un reportage sur "la chou", une boîte de nuit improvisée dans la Camargue où les musiques de tout horizon se mêlaient joyeusement dans une ambiance baba cool et attirait une foule de jeunes de plus en plus nombreux. Plus que "la chou", Matt veut raconter les gens qui l'ont fréquenté porteur d'une mode et d'une époque nouvelles, celles des années 1970-1980. Une jeunesse fébrile et libre quitte à se brûler dangereusement les ailes.
Pourtant Nel se montre un peu plus réservé sur le projet de son ami en raison des imbrications avec son histoire familiale dont il ne souhaite peut-être pas rouvrir les plaies.
Nel sans le savoir encore porte en lui le double héritage familial, celui d'un berger et d'un papillon. Matt contre toute attente sera le passeur de son histoire.

C'est pour moi un très grand coup de coeur de la rentrée littéraire. Je tiens à souligner aussi la magnifique photo de la couverture qui est celle de Lionel Roux, un complice de Sylvain Prudhomme, dans la rédaction de "légende". Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour m'avoir fait découvrir Sylvain Prudhomme et son univers.
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Sylvain Prudhomme je l'ai découvert par hasard grâce au Prix des Lectrices de ELLE 2015. Avec Les Grands, il a réussi l'exploit de me capter et de m'émouvoir avec une histoire à mille lieux de mes centres d'intérêt, celle d'un groupe de musiciens en Guinée Bissau. Sa petite musique m'a longtemps trotté dans la tête, preuve de l'efficacité de sa plume. Ce fut sans conteste l'une des belles découvertes de cette aventure.

Avec Légende, on retrouve la douce nostalgie qui guidait déjà la narration du précédent roman. Par contre, point d'exotisme cette fois. le décor est parfois désertique certes mais au sud de la France, la plaine de la Crau, aux portes de la Camargue. Une des rares étendues où la nature a encore tous les droits. le pays de Nel, fils d'une lignée de bergers, devenu photographe, un métier qui lui permet d'immortaliser ces paysages tant aimés. Légende est une histoire d'amitié. Celle de Nel et de Matt, un autodidacte britannique tombé amoureux de la région, entrepreneur et réalisateur de documentaires. C'est Matt qui le premier a l'idée de faire un reportage sur une boîte de nuit célèbre dans toute la région dans les années 80, La Chou, haut lieu de plaisirs et d'excès en tous genre. C'est ainsi qu'il en vient à enquêter sur deux cousins de Nel, aux destins tragiques. Fabien et Christian, deux frères dissemblables, dont les trajectoires se sont écartées pour mieux se rejoindre dans la mort.

"En écoutant Toussaint hier je me suis rendu compte que c'est ça qui me touche, plus que tout : la trajectoire des uns et des autres. Ce qu'ils ont vécu. Je me focalise depuis le début sur La Chou, mais ce qui me plaît au fond dans ce lieu c'est toutes ces vies qui s'y sont rencontrées. Tous ces chemins qui s'y sont croisés."

En remontant le cours de leurs vies, c'est toute une époque qui resurgit et pour Nel une plongée dans des sentiments enfouis depuis longtemps. La figure de Fabien, son influence marquante sur la vie de Nel encore aujourd'hui. Matt ne se rend pas tout de suite compte du trouble que ses recherches provoquent chez Nel et dont leur relation pourrait pâtir. A moins qu'elle n'en sorte renforcée ?

C'est tout le charme de ce roman que de prendre son temps. le temps du souvenir, le temps de l'introspection, le temps du partage. Un charme très différent de celui des Grands, plus subtil, plus rude aussi, en phase avec ce décor désertique et minéral. Et une portée beaucoup plus intime aussi, qui interroge sur le mystère des liens qui perdurent par-delà la mort.

"Est-ce que c'est pas toujours un peu sa propre mort qu'on prépare en relisant la vie des autres. Est-ce que c'est pas surtout à ça que servent les histoires : nous tendre un miroir."

Ce miroir, Sylvain Prudhomme le tend aussi à son lecteur qui voit s'y refléter le fantôme des années 80, sur fond de propagation du Sida. Et se voit offrir cette sensation étrange de faire corps avec Nel en épousant ses questionnements sur la façon dont se bâtit une vie, se forge une personnalité. On dirait bien qu'il touche une corde sensible.

Voilà qui confirme tout l'intérêt de l'écriture de Sylvain Prudhomme. En deux livres très différents il parvient à transmettre des émotions particulières et à marquer les esprits de sa touche singulière et profondément attachée à l'humain. Rendez-vous pour le suivant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La Crau. Un bout de terre ingrat aux portes d'Arles, « à deux pas des splendeurs des Alpilles, des langues de sable vierge de Camargue, des calanques de Marseille et de Cassis ». Cent trente kilomètres de désert au milieu de la Provence, royaume des bergers et de leurs troupeaux. C'est là que vivent, Nel et Matt, deux amis inséparables. le premier, photographe, y est né. le second, anglais, vendeur de toilettes sèches, est réalisateur de documentaires à ses heures perdues. Travaillant à un nouveau film, Matt s'intéresse à l'histoire de « La Chou », boîte de nuit camarguaise mythique, haut lieu des fêtes les plus folles données chaque week-end dans la région pendant les années 70-80.

Le projet prend une nouvelle direction lorsque Matt découvre l'existence de Fabien et Christian, les cousins de Nel, clients assidus de l'établissement. le premier, laissé à sa grand-mère par des parents partis chasser le papillon à Madagascar, était devenu une figure romantique incontournable d'Arles, régnant sur une cour prête à céder à tous ses caprices. le second, taiseux, bagarreur, buveur, a sombré peu à peu dans la drogue. Deux enfants terribles, deux étoiles filantes aux trajectoires dramatiques, deux vies aussi brèves qu'intenses. A travers eux, Matt veut « raconter une époque, revisiter une certaine liberté, un joyeux je-m'en-foutisme qui avait un temps régné chez de nombreux hommes et femmes, pour le pire et le meilleur, à mille lieues de l'obsession contemporaine de la vie saine ».

Je ne connaissais pas Sylvain Prudhomme, j'ai découvert avec ce roman une plume délicate et ciselée portant des interrogations existentielles qui m'ont touché en plein coeur. Entre passé et présent, beaucoup d'échos et de correspondances mais aussi de particularités propres à chaque époque. Un texte touchant, d'une grande sensibilité, à la fois nostalgique et très actuel.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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On peut tout d'abord chaleureusement remercier Babelio et les éditions Gallimard pour ce livre lu dans le cadre de Masse Critique, d'un auteur dont on avait entendu parler avec son oeuvre précédente, "Les Grands", qui avait connu un certain écho.

Ce récit un peu nostalgique sur une époque révolue suit la destinée de deux frères qui ont marqué la Provence des années 70-80 autour d'un lieu mythique : la Chou, une maison perdue au milieu d'une pinède où se passaient des fêtes particulièrement remarquables et remarquées.

Cette trajectoire de Christian et Fabien, ces deux frères maudits disparus depuis, est remise au gout du jour par le cousin de ces deux frangins, devenu photographe et berger et surtout par l'ami de celui ci, un documentariste australien qui aimerait réaliser un film sur eux.

Cette épopée foudroyante est l'occasion de revenir sur des années où se mélangent drogues, insouciances fêtes, puis l'arrivée terrible du SIDA et de nous dire que contrairement à ce que la littérature française nous a souvent montré, ce genre de destinées incroyables ne s'est pas déroulé qu'à Paris et que le Chau n'a rien à envier aux Célébres Palaces ou autres Barons...

Un reportage et un témoignage intéressants de cette jeunesse de années 80- les deux cousins sont fortement inspirés de deux frères ayant réellement existé, comme c'est indiqué à la fin du livre- ainsi qu'en parrallèle de la vie des bergers en Haute Provence, le décor de ce coin de Provence méconnu étant un des intérêts les plus notables du roman.

Dommage que l'écriture de Sylvain Prudhomme soit si froide, si distante- un mal récurrent d'une bonne partie de la littérature française- qui fait que l'on suit ces destins pourtant intéressants sur le papier sans vraiment d'empathie, et encore moins de passion..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Matt, constructeur de toilettes sèches anglais, et Nel, photographe petit-fils de berger sont amis. Tous deux aiment ce pays de la Crau, près d'Arles, ce pays de la Camargue écrasée de soleil, des friches. Tous deux aussi s'intéressent aux vies fulgurantes de Fabien et Christian, cousins de Nel, à l'enfance libre, puis une vie de pilote pour l'un et chasseur de papillons pour l'autre. Des vies qui ont été marquées par les soirées de la Chau, et bien plus tard, les fléaux qui décimèrent les générations dans les années 80's. Matt veut réaliser un film autour de leur histoire.

Légende est un roman qui s'inscrit dans la durée, qui se laisse apprivoiser en douceur, nous plongeant progressivement dans une ambiance assez mystérieuse, intrigante, pudique, avec ses parts d'ombres franches comme celles qui se découpent dans la Crau. Des ombres qui vont très lentement laisser place à des portraits complets, à des liens familiaux, à des destinées croisées. Les personnages du présent et du passé nous apparaissent peu à peu plus familiers. Ils nous touchent, nous émeuvent.

Le texte est ciselé, beau, exigeant, rapportant les dialogues et les pensées de chacun de la façon la plus directe qui soit.

Une post-face indique que le photographe Lionel Roux (Odyssée pastorale, écho à Nel du roman), ami de l'auteur, lui a raconté cette histoire de Jean-François et Alain Gueyraud dont il s'est librement inspiré.

Une belle surprise de la rentrée littéraire 2016, un récit humain, des portraits comme des hommages, loin de l'autofiction, proche des souvenirs et des relations entre les hommes. Pour que l'écriture et les récits fassent perdurer nos mémoires, intimes et collectives, une époque libertaire révolue.


Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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La route d'un écrivain est parfois sinueuse ; après être passé par feu le serpent à plumes puis Léo Scheer, Sylvain Prudhomme semble avoir trouvé où poser ses valises, de manière définitive on l'espère, auprès des éditions L'Arbalète Gallimard - et ça lui réussit. On sent bien l'écrivain qui n'est pas à son premier coup d'essai ; l'écriture est toute en nuance : pensée, pesée, posée, elle ne s'emballe jamais, il y a une constance qui fonctionne comme une mécanique bien huilée - d'ailleurs à tel point que cela deviendrait, au fil des pages, un léger défaut, mais seulement très léger. Légende retrace les vies, destins et parcours de plusieurs amis réunis dans ce livre par le souvenir d'un lieu mythique : la Chou, une maison perdue au milieu d'une pinède où se passaient des fêtes dont le succès toujours grandissant, et pour le moins inattendu, l'avait fait se muer, la maison, en véritable boîte de nuit. Les portraits des protagonistes sont attachants, bien faits, tout en douceur, ce qui contraste parfois avec leur comportement, puisqu'il s'agit quand même de "durs" dont la passion est de se taper une bouteille de whisky en entier pour ensuite aller chercher des noises à d'autres "bandes". Il règne dans ce roman / récit une ambiance de fin d'été, de souvenirs fantasmés d'une époque meilleure, plus folle, celle de la jeunesse - on a d'ailleurs presque tous le souvenir d'un été bien précis, celui d'un premier amour, d'une soirée où nous avons dansé sur une musique bien particulière ou que sais-je encore, non ? Et c'est bien cette sensation qui émane de ce texte vraiment bien ficelé ; on s'y laisse prendre, ça glisse, trop même : on aurait aimé, parfois, de-ci delà, quelques aspérités sur lesquelles trébucher... reste que le voyage sur cette route du sud et des souvenirs fut bien agréable - merci l'écrivain.
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