Sylvain Prudhomme aime à dire que le point de départ de ses livres est toujours une histoire vraie, une histoire qui le concerne, parce qu'il l'a vécue lui-même ou par l'intimité qu'il a avec les personnes en jeu. Mettre en scène la vie, donner leur place aux gens qui ont vécu, se faire l'écho de leurs témoignages, c'est le rôle que se donne
Sylvain Prudhomme depuis la position extérieure que lui offrent sa place d'écrivain et son regard d'artiste.
Sylvain Prudhomme épouse totalement la posture de l'artiste « passeur » de regards, celui qui a l'audace de dire leur temps, leur monde, à ses contemporains. Pour autant «
Légende » est bien un roman, une fiction qui se déploie au fil de l'inspiration de l'écrivain, embarquant dans un même voyage auteur et lecteurs.
Le titre de «
Légende » n'est sans doute pas là par hasard : une
légende, dit
Le Robert, est
« Un récit à caractère merveilleux, où les faits historiques sont transformés par l'invention poétique ». La « matière première », c'est ce pays de la Crau dans lequel vit
Sylvain Prudhomme, une terre immense, plate à perte de vue, aride, tourmentée par la chaleur et par le vent, une terre exigeante et belle, qui vit au rythme des moutons dont l'élevage est l'une de ses valeurs essentielles. L'âme du livre c'est l'amitié entre deux hommes quadragénaires dans laquelle fait irruption l'histoire de deux cousins de l'un d'eux qui brûlèrent leurs vies dans les années 80. Au coeur du récit, la vie trépidante ce la boîte de nuit de la Chou, haut lieu mythique de cette génération. Comme le dit Matt, l'un des deux protagonistes, « La vie de chaque individu raconte infailliblement l'époque à laquelle il a vécu. Illustre les espoirs et les peurs qu'ont eus ses contemporains, la façon dont ils ont aimé, fait la fête, eu des enfants, craint la mort ».
il s'agit bien de parler de la vie, de toute la vie, jusqu'à la mort. Car la mort elle aussi fait partie de la vie, elle est au coeur de «
Légende ». Non pas une mort inutile, mais un acte de transmission qui dit à ceux qui restent : maintenant, c'est à vous de jouer. Regarder la mort, ce serait comprendre mieux la vie, c'est ce que dit Nel, l'autre protagoniste : « Est-ce que ce n'est pas toujours un peu sa propre mort qu'on prépare en relisant la vie des autres. Est-ce que ce n'est pas surtout à ça que servent les histoires : nous tendre un miroir. Nous permettre de nous promener dans l'existence d'êtres qui ne sont plus et dont la vie est tout entière là, sous nos yeux. A tenter de comprendre ce qu'ils ont cherché. Tout cela sans jamais cesser de penser à nous, vivants. A ce qu'ils peuvent nous apprendre. A ce que leur vie peut nous murmurer de conseils ».
Comment dire un amour de la vie plus vrai ?