Sans moi ! Je suis un astronome, pas un aventurier !
Dans quelques jours, il ne resterait rien de notre présence. Outils, clous, tonneaux, tentes, tout allait disparaître. Nous n'aurions jamais existé.
Je n'aurai qu'un remord en quittant cette île : celui de ne pas savoir ce qu'il est advenu de monsieur de La Pérouse.
Mais le ciel s'est soudain obscurci, les déferlantes nous ont submergés, les récifs nous ont déchiquetés, et l'océan a fini par nous avaler.
« Et quand tout devient futile et dérisoire…je me surprends à rêver…et me souviens du temps où…deux frégates croisaient dans les mers du sud…. »
Jamais aucun des naufragés ne fut retrouvé.
-Faire de cet or une priorité sur cette ile perdue... quelle hérésie...
-L'or a ce pouvoir d'attiser les convoitises, capitaine! Où qu'ils soient les hommes se battraient pour lui...
Comme l'oiseau, nous avons regagné notre cage.
Attendre de pourrir ici, ou attendre la cour martiale, quelle différence ?
Il fallait se rendre à l'évidence. Il était fort probable que seuls quatre hommes avaient survécu au naufrage de La Boussole. L'équipage du fier navire amiral tenait sous une tente. Dagelet devenait chaque jour un peu plus, l'ombre de lui-même. Pourquoi n'avions-nous pas été massacrés ? Saurait-on un jour ce que fut le destin de notre amiral ? Je crois que les hommes ne s'en souciaient plus. Qu'avaient-ils à espérer pour eux-mêmes ? Une journée moins moite que les autres ? Avec peut-être moins de moustiques ? à regarder les brisants qu'il leur faudrait bien franchir un jour, entre corvées d'eau et repas frugaux, ils trompaient l'ennui. Puis un jour nous les avons vus arriver !
Croyez-vous que nous aurons une deuxième chance, lieutenant ?