Extrait 2
Pensée pour Giampiero Neri
Ici à nouveau. Une chambre,
un trou d'air qui bat, confus.
Les couleurs d'un automne pluvieux
et un mal indéfini qui ronge les mots,
comme une pierre noire dans la tête, l'occlusion
d'un vaisseau. Et les mots en fragments
montent par d'autres voix, bulles d'eau
brassée, peut-être des poissons
qui émergent un instant puis disparaissent
sans se montrer. Mais ils sont là :
tu en pressens le mouvement
discret, nervures et pinces
au travail infatigables,
effleurement de queues sous-marin.
Ne t'en vas pas, donc, ne remonte pas
la ligne. Pas encore.
Attends sans espérer,
sereinement.
Traduction de l'italien par Mathilde Vischer
CAPARÌCA
à Mattia
Peut-être la fièvre, ou un effet de la lumière. Caparìca
est ceci, tout de même, rangées de maisons, décrépies.
Une Mercedes verte fait voler la poussière, se gare,
un bossu en descend et se met en chemin.
Baraques, copropriétés. Quelques chiens. Longeant la mer,
un homme marche sans bouche, cicatrice
de sable, sur des kilomètres et des kilomètres.
Et je ne peux te répondre que ceci : vertiges,
une tranquillité simulée. Et aussi : l’absinthe.
Une roche pauvre surplombe
la plage des pauvres.
Traduit de l’italien par Mathilde Vischer
Extrait 1
L'homme qui marche quelque part
le long de routes peut-être de lumière
sait qu'il est une ombre de la nuit la plus blême,
un reflet à peine visible sur le gris
des maisons des autres.
Flaques noires, lanternes, lignes droites :
presque un royaume.
Traduction de l'italien par Mathilde Vischer