Depuis un an, Delcourt adapte en BDs une série de nouvelles de l'auteur
Liu Cixin. Si vous ne connaissez pas ce dernier, il est un des auteurs de SF les plus appréciés de ces dernières années et un des rares auteurs chinois à être connus et reconnus hors des frontières. Sous la plume et le crayon de
Wu Qingsong, nous découvrons la nouvelle "La Terre Transpercée", le récit d'une opposition idéologique entre les partisans de la technologie salvatrice et les témoins de la destruction du monde par cette même technologie.
Le dessin n'est pas désagréable, certaines planches sont vraiment belles, notamment celles avec de la technologie en action. C'est côté récit où je dois vous avouer m'être parfois un peu perdu. On part de 2046, avec un savant qui réussit à créer un matériau tellement dense qui, lorsqu'il touche le sol, s'enfonce et traverse tout pour aller vers le centre de la Terre. On fait un bond de 40 ans pour découvrir que désormais grâce à ces matériaux super-denses, les humains ont fait des vaisseaux et explorent le noyau de fer et nickel en fusion de la planète.
C'est au bond suivant que je me suis égaré un moment. Quinze ans après, on se retrouve avec un personnage sortant d'hibernation et un personnage qu'on avait vu précédemment, mais en plus vieux, qui l'envoie dans un gouffre sans fond, après un procès expéditif. En se remémorant un peu, le gars qui sort d'hibernation, c'est le savant qui a découvert le matériau super-dense. Mais pourquoi est-il jugé ? Pour la découverte même de ce matériau, dont on comprend que l'exploitation a tué et détruit l'environnement.
Au-delà d'une narration parfois complexe et de deus ex machina un peu gros, le récit contient ce qu'on aime chez
Liu Cixin. Penser le temps long ; porter une interrogation morale sur l'impact de ce que créent, font les humains ; résoudre un faux dilemme entre la nature et la technologie ; câbler la petite histoire de famille sur la grande histoire de l'humanité. J'aime aussi la collision idéologique entre le personnage qui dit "vous avez créé une technologie, cette technologie a été dévoyée, elle a abouti sur des souffrances : elle est maléfique et vous êtes coupable" et celui qui raisonne "cette réflexion est médiocre, la technologie est toujours dépassée par la représentation qu'on en fait, la création transcende toujours le créateur, elle en devient merveille et s'inscrit dans l'éternité".
Le récit se clôture sur un dernier bond d'environ 50 ans et finit sur une note positive. Cependant, comme le reste du volume, je n'ai pas été totalement convaincu par la facilité de cette fin.
Comparaison n'est pas raison, comme disait
Lao Tseu, mais ce livre n'est pas sans me rappeler le débat qui existe dans nos sociétés depuis un certain nombre d'années entre partisans et détracteurs de l'énergie nucléaire civil.
Perso, j'aime bien quand ça pète BOOM! BOOM! et t'as
John Wick qui sort du feu atomique avec son chien et Donnie Yen et ils se mettent à latter des éoliennes à main nues (ben oui, il fallait bien quelque chose de cohérent dans cette chronique).
Merci à Babelio pour cette Masse Critique et aux éditions Delcourt (ça ne matche pas là, mais j'étais bien fan du Grand Méchant Renard, allez bisou, ne soyez pas triste).