Citations sur Une enquête de l'inspecteur Chen : Cyber China (67)
Le colloque de l’Union des écrivains lui avait donc fourni une excuse pour échapper à la traditionnelle réunion d’études politiques du mardi où Li le rendait fou à force de répéter les slogans parus dans les journaux du Parti.
Le silence qui suivit les applaudissements le tira de sa rêverie. L’orateur allait répondre aux questions du public. Puis viendrait la réunion des membres du conseil d’administration de l’association prévue depuis des semaines.
Li, le secrétaire du Parti à la police de Shanghai, allait bientôt atteindre l’âge de la retraite. Tous les pronostics donnaient Chen comme son successeur. Mais pour une raison ou pour une autre, le contrat de Li venait d’être prolongé de deux ans. Comme pour compenser cette décision, Chen avait été nommé vice-secrétaire et membre du Comité municipal du Parti.
Vue de l’extérieur, cette nomination pouvait apparaître comme une promotion, mais dans la réalité de l’organisation du pouvoir, il en allait autrement. Certains « camarades dirigeants » de la municipalité pensaient que Chen n’était pas « l’un des leurs » et rechignaient à le voir occuper un poste aussi important que celui de chef de la police.
Les sourcils froncés, Chen se joignit au tonnerre d’applaudissements. Un officier de police ne pouvait entendre un tel discours sans en être affecté.
Pourtant, il préférait être là qu’au bureau, à une énième réunion avec le secrétaire Li Guohua et d’autres fonctionnaires de la ville.
Le professeur Yao s’apprêtait à conclure.
« En ces temps où la légitimité de l’État s’affaiblit et où l’idéologie du Parti se désagrège, j’essaie de croire, en tant que docteur en droit, à une dernière ligne de défense, c’est-à-dire à un vrai système judiciaire indépendant. Un ultime espoir pour l’avenir de notre société. »
Tous ces exemples étaient fidèles à la réalité, songea Chen. Et après ?
Pour les politiques, « la stabilité » constituait depuis longtemps l’objectif primordial. Ils répétaient que les progrès économiques et sociaux de la réforme chinoise étaient les fruits d’une stabilité politique que les institutions avaient de plus en plus de mal à maintenir, en dépit de leurs efforts pour éliminer les « fauteurs de troubles ».
Lors d’une récente arrestation pour conduite en état d’ivresse, le coupable hurle aux policiers : “Mon père est Zhang Gang !” Bien sûr, les policiers hésitent à lancer la procédure. Zhang Gang est un cadre éminent du Parti, à la tête du bureau de la police locale. Par hasard, un passant enregistre la scène sur son téléphone portable et publie la vidéo sur Internet. En un rien de temps, “Mon père est Zhang Gang” devient une formule en vogue… »
Dans une émission de télé-réalité où les candidats parlent de leur vision du mariage, une jeune femme lance sa devise : elle préfère pleurer dans une BMW plutôt que rire sur un vélo. Le message est clair. Un homme riche qui lui apportera le confort matériel – même sans l’aimer – sera son premier choix.
Ce professeur est un spécialiste du marché immobilier et un ardent défenseur de la hausse des prix à la solde des promoteurs. Pour lui, comme pour ses étudiants, la seule valeur qui compte au pays de la poussière rouge est la monnaie sonnante.
« En effet, quelles sont les caractéristiques du socialisme à la chinoise ? Les analyses et les définitions sont innombrables. Les exemples concrets sont plus parlants. Un professeur de l’université de Pékin déclare à ses étudiants : “Ne venez pas vous plaindre à moi si vous n’avez pas réussi à gagner quatre millions avant vos quarante ans.
En attendant, l’inspecteur était perturbé par le mot « énigme » qui, sans qu’il sût pourquoi, lui rappelait vaguement un tableau dont les détails lui échappaient à présent. Le professeur Yao déployait avec enthousiasme un florilège d’exemples.