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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Première lecture de 2016 et premier coup de coeur. Je ne connaissais absolument pas l'auteur même si j'avais croisé quelques bonnes critiques et c'est en écoutant un podcast ou l'auteur parlait de ses romans que j'ai eu envie de découvrir Mort d'une héroïne rouge, premier enquête de l'inspecteur principal Chen.

L'intrigue est vraiment reussite et même si on soupçonne depuis un moment le coupable, on suit avec plaisir l'avancement de l'enquête et la recherche de preuves. Les personnages principaux sont attachants : Chen est un flic loyal, ainsi que Yu et je prendrais beaucoup de plaisir a les retrouver dans de futur enquêtes.

Au delà de ça, c'est une plongée dans la Chine qui est passionnante. On découvre un pays totalement différent, avec ses coutumes, ses croyances et surtout sa politique.
J'ai également salivé devant toutes les descriptions de nourriture qui semble toutes plus appétissantes les unes des autres :
"Son expérience des préparatifs d'une fête était limitée. Un livre de cuisine a la main, il se concentra sur les recettes indiquées comme faciles. Même celles-là prenaient un temps considérable, mais des plats colorés apparurent l'un après l'autre sur la table, ajoutant à la pièce un agréable mélange d'arômes.
A 6 heures moins 10, il avait fini. Il se frotta les mains, très satisfait du résultat de ses efforts. Comme plats principaux, il y avait de gros morceaux d'estomac de porc sur un lit vert de napa, de fines tranches de carpe fumée posées sur des feuilles fragiles de jicai et des crevettes à la vapeur décortiquées avec de la sauve tomate. Il y avait aussi des anguilles aux poireaux et au gingembre commandées dans un restaurant. Il ouvrit une boite de porc à la vapeur Meiling et ajouta des légumes verts. Il posa à côté un petit ravier de tomates en tranches et un de concombre. A l'arrivée des invités, il ferait une soupe avec le jus du porc et une boite de légumes au vinaigre.
Il était en train de choisir une casserole pour réchauffer l'alcool de riz de Shaoxing quand la sonnette retentit.
Wang Feng, jeune reporter au Wenhui, l'un des journaux les plus influents du pays, était la première arrivée. Jeune, séduisante et intelligente, elle avait tout de la journaliste qui a réussi. Mais ce soir-là, elle tenait a bout de bras un énorme gâteau aux pignons, et non son porte-documents de cuir noir.
- Félicitations, inspecteur principal Chen, dit-elle. Quel appartement spacieux !"
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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5 étoiles pour un livre que j'ai eu du mal à lâcher !
Années 90, Chine, Shanghai. le meurtre peut-être précédé d'un viol d'une jeune femme. Une héroïne de la Nation, du Parti.
J'aime ce genre de polars qui me font voyager dans un autre monde, une autre culture. 100% découverte ici ! J'ai vraiment pris ce livre pour une étude sociologique. L'auteur a connu ce qu'il décrit. Au final je dois même avouer que savoir qui était coupable m'intéressait moyennement. Par contre, le déroulé de l'enquête, les embûches que rencontrent les flics encadrés par un représentant du Parti, le vocabulaire (bin oui un meurtre dans le paradis socialiste chinois ne peut être que la preuve de l'influence de la décadence occidentale) mais aussi la description de la vie quotidienne (ma fille n'a plus intérêt à se plaindre de sa petite chambre d'étudiante !) ou la description des repas (certains m'ont franchement mis l'eau à la bouche)... m'ont plu énormément. J'ai appris plein de choses. Mon mari a commencé le bouquin, il l'apprécie aussi et m'a fait une tête complètement ahurie quand je lui ai dit que non non ça ne se passait pas dans les années 50 mais bien dans les années 90....
J'ai aimé ce voyage et je compte donc bien continuer à découvrir les livres de cet auteur !
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Dans ses premiers romans, Xiaolong Qiu nous révèle les conséquences de la gouvernance de Mao zedong dans la Chine après les manifestations de la place Tian'anmen (04/06/1989).
Dans ce premier épisode, Xiaolong Qiu met en situation les enfants des cadres supérieurs ( E.C.S) qui forment une caste de privilégiés.
Le suspens ne réside pas dans la traque de l'assassin mais dans la révélation de l'heureuse élue parmi les conquêtes de l'inspecteur Chen ( pour le lecteur qui est comme moi, un peu fleur bleue) .
Le roman a quelques pages gastronomiques extraordinaires :-
Mais ce qui m'a le plus intéressé sont les scènes de vie quotidienne au moment où les deux systèmes sociaux coexistent : les habitants de Shanghai qui glissent sur la vague de l'ouverture à la richesse et ceux de l'ancien monde qui se noient dans leurs désespérances du Maoïsme.
Je ne recommanderai pas cet auteur aux admirateurs du Grand Timonier.
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Il y a un moment que j'avais mis ce titre dans mes “ livres à lire”. Je ne regrette pas d'avoir fait la connaissance de Chen Cao dans cette première enquête sur la mort d'une travailleuse modèle de la nation.
Chen Cao est inspecteur principal à Shanghai et alors qu'il fête son installation dans un très bel appartement (selon les critères pour le peuple) il apprend que l'on a trouvé le corps d'une jeune femme dans un sac plastique dans un canal. C'est le début d'une enquête qui avance assez lentement par manque d'indices puis parce que le suspect est un ECS (enfant de cadre supérieur).
Mais si l'enquête est tout à fait prenante (Chen Cao et son adjoint Yu réussiront-ils à boucler le dossier) l'intérêt est évidemment beaucoup dans la description du quotidien en Chine. Les problèmes de logement surtout, mais aussi tous les interdits notamment dans les relations homme-femme, la conduite qui doit toujours être conforme à l'intérêt du Parti, les débuts des problèmes de circulation dus à l'augmentation du nombre de voitures…
Mais aussi la gastronomie, très présente malgré certaines difficultés d'approvisionnement et de prix. Et enfin de nombreuses références à la poésie de toutes les dynasties, car Chen n'est pas seulement un policier mais aussi un poète publié dans des revues et un traducteur de polars occidentaux. Sans compter des références à Confucius et à l'inévitable Rêve dans le pavillon rouge.
Bref beaucoup de charme dans cette nouvelle série qui allie connaissance de la vie quotidienne et de l'évolution politique de la Chine et suspens. Je viens de commander les deux titres suivants.


Challenge ABC 2017-2018
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Découverte de cet auteur par le premier roman d'un série de 14, série mettant en scène l'inspecteur Chen Cao.
L'action se passe en 1990 (1 an après les événements de la place Tiananmen).
Deux amis découvrent lors d'une partie de pêche le cadavre d'une jeune femme.
L'inspecteur chargé de l'enquête est jeune, environ 35 ans et relativement peu expérimenté. Mais il est très tenace.
J'ai adoré ce livre pour toute l'ambiance et la description de la société chinoise. On vit quasiment avec les personnes, entre logements minuscules, pression politique , délicieux mets chinois… et souvenirs cruels de la révolution culturelle.
L'inspecteur trouve vers la moitié du livre qui est le coupable, j'ai donc cru que l'intrigue allait tirer en longueur, mais pas du tout…dans ce pays où la dictature semble rognée par un début d'ouverture à l'économie de marché, la doctrine communiste est toujours bien puissante (et destructrice des individus)
J'ai tremblé pour l'inspecteur Chen, son adjoint et son amie journaliste.

Une réussite (je me note de lire les 13 autres volumes…dans l'ordre chronologique ! Cela devrait prendre un certain temps)
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Voilà un très bon roman policier qui, à côté de l'enquête, nous plonge dans la culture chinoise. L'inspecteur Chen met autant de passion dans son enquête que dans l'écriture de ses poèmes et, grande qualité à mes yeux, il a également un bon coup de fourchette et nous fait découvrir tous les trésors de la cuisine chinoise.

"Et il était témoin du miracle: omelette aux palourdes d'eau douce, boulettes de viande aux quatre bonheurs, anguille de rizière frite, tomates farcies aux crevettes décortiquées, riz aux huit trésors, soupe d'ailerons de requin, tortue entière à la sauce brune et tofu farci à la chair de crabe".

Voilà, j'espère vous avoir mis l'eau à la bouche....En tout cas, je suis impatiente de lire la suite des aventures de l'inspecteur Chen.
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Une plongée délicieuse en Chine grâce ce roman policier : l'inspecteur Yu Guangming est appelé lorsque le corps d'une jeune femme est retrouvé dans un canal à 30km environ de Shanghai.
Ce n'est pas tant l'enquête en elle-même qui m'a plu mais la découverte de ce pays, des coutumes, cultures, usages et (encore) interdits en cette année 1990.
On y apprend (dans le désordre) que les chinois ne dansaient pas jusque dans les années 80, que les enfants des bourgeois étaient envoyés, dans les années 70, à la campagne pour être ré-éduqués par des paysans pauvres, que le Bureau des Jeunes Instruits leur affectait un emploi, quelque soit leur parcours et leur degré d'instruction ...
Alors vous comprendrez bien que lorsqu'un ECS (enfant des classes supérieures) est soupçonné d'un meurtre, la politique prendra aussitôt une grande place dans l'affaire.
J'ajoute que notre inspecteur est attachant puisqu'assez décalé : poète et traducteur de romans policiers américains, il passe son temps à citer des poèmes illustres des dynasties passées!
Bref un roman passionnant
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Tribulations d'un jeune inspecteur de police chinois éduqué, membre du parti et partagé entre cet emploi et son amour pour la poésie. Il a été nommé à ce poste par le parti, mais s'y ennuie. Aussi, toute sa vie et ses enquêtes sont accompagnées de poésie quotidienne. Un régal !
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Voici un policier chinois aussi original que réjouissant… et, comme j'écris ce commentaire quelques jours après avoir terminé ma lecture (ce n'est pas mon habitude, mais ainsi vont les aléas de la vie), je me rends compte que ce livre se présente de plus en plus comme un réel coup de coeur dans mon souvenir !
Il faut toutefois prévenir d'emblée : il risque de rebuter les lecteurs avides d'action, ou qui ne s'intéressent pas trop à la Chine – ou auraient un a priori très négatif à l'encontre de ce pays ! Car cette enquête, sans être lente comme c'est le cas (ai-je trouvé) dans les polars islandais que j'ai découverts récemment, est quand même aussi un prétexte à une narration qui va bien au-delà d'un polar, nous présentant une description immersive de la Chine du début des années 1990, et pourtant elle reste une véritable obsession pour notre inspecteur principal.
C'est une Chine qui s'accroche à son Parti unique, à son pouvoir et tout ce qui en découle (en népotisme, les privilèges pour les « cadres supérieurs » et leurs enfants, le rejet de la « bourgeoisie occidentale »… et la pauvreté assurée pour le peuple), mais les événements de la place Tian'anmen sont passés par là, et le régime de Deng Xiaoping a eu l'intelligence d'en tenir compte au moins un peu, en ouvrant très progressivement le pays à l'étranger et à une certaine forme de capitalisme : les marchés privés sont désormais autorisés à côtoyer les marchés d'état, et la libre entreprise prend lentement son envol, notamment dans les villes du Sud, comme Canton par où passera notre protagoniste, tellement proche de Hong Kong – qui, en cette année 1990 où a lieu l'histoire, n'est pas encore retourné dans le giron de la Chine.

Sans ce contexte politico-social omniprésent, l'enquête aurait peut-être même paru un peu plate. Un pêcheur trouve par hasard le corps d'une jeune femme, emballée dans un grand sac plastique, dans un méandre désaffecté d'une rivière à l'extérieur de Shanghai. C'est la brigade spéciale qui est appelée pour résoudre ce crime à première vue insoluble. Mais voilà : il s'avère que la victime était une « travailleuse modèle de la Nation », que ses parents avaient en plus prénommée de cet idéogramme qui signifie « héroïne rouge » ; membre du Parti, modèle de vertu communiste pour tout un chacun, à la vie apparemment sans tache, et à la vie privée à première vue très vide, elle émeut les enquêteurs. En parallèle les soupçons de la police vont très vite se tourner vers Wu Xiaoming, l'un de ces enfants extrêmement privilégiés de cadres supérieurs, jouissant d'un confort de vie ahurissant, et bien entendu de tremplins phénoménaux pour se construire une carrière bien loin de ce peuple qui était pourtant si cher à Mao ; cet individu qui suscite l'antipathie du lecteur, brigue alors un poste de vice-ministre… Cette enquête prend ainsi, douloureusement, une tournure politique dangereuse, qui va quelque peu bousculer notre protagoniste, l'inspecteur principal Chen Cao.

Ce Chen Cao ressemble étrangement à l'auteur… Féru de langue anglaise qu'il a apprise en partie en autodidacte, et de littérature américaine (en particulier T.S. Eliot, mais pas que) dont il traduit désormais des romans notamment policiers, mais aussi épris de poésie classique chinoise, lui-même poète à ses heures (et publié s'il-vous-plaît !), Chen s'est retrouvé à ce poste par les hasards de la vie, et surtout des révolutions et contre-révolutions qui ont bouleversé la Chine plusieurs fois en très peu de temps au cours du XXe sicèle, l'empêchant de poursuivre la carrière littéraire dont il rêvait.
La similitude s'arrête là… Tandis que l'auteur, parti étudier aux États-Unis en 1988, y est resté à la suite de Tian'anmen, Chen Cao est quant à lui bien ancré dans son pays et dans son temps. Membre du Parti par choix, et apprécié en tant que jeune cadre montant, tout empreint de pensée confucianiste que lui a transmise son père, il est surtout animé d'un profond désir de justice, à la limite de la naïveté dans sa confiance aveugle en son Parti, dont il déchante quelque peu tout en lui restant fidèle envers et contre tout, mais en se permettant quelques petits écarts très humains, car il reste convaincu de vouloir (et pouvoir ?) arriver au bout de son enquête et d'établir la vérité, au-delà de toutes les formes de discrimination liées au pouvoir abusif des cadres supérieurs.

Avec lui, on se promène dans les rues de Shanghai, où l'on découvre un mode de vie dont on perçoit parfois des bribes depuis notre lointain occident, ces images de Chine ravivées ces derniers mois à cause du covid (originaire de Chine, après tout) ou des Jeux olympiques d'hiver. Mais, là où la presse internationale non-chinoise décrit un pays qu'elle ne manque jamais de fustiger au moins un peu, dans ce livre on est tout simplement « à l'intérieur », en immersion aux côtés d'un penseur-rêveur qui évolue dans sa société telle qu'elle est, qui adhère aux valeurs de ce Parti omniprésent, mais qui continue de croire à un avenir meilleur pour tout son peuple. C'est une Chine proche du peuple, où ce policier devenu cadre un peu trop vite, mais attaché à ses racines simples, respecte les petites gens, et notamment les aînés, dans cette attitude que l'on pourrait croire stéréotypée mais qui semble naturelle dans ce livre, tout simplement. On apprend toute une série de choses, qui rejoignent parfois les clichés que l'on peut se faire de ce pays, parfois moins.

Parmi ces nouveautés, j'ai bien été un peu choquée que le Parti intervienne jusque dans le choix du conjoint ! Certes, il n'y a apparemment pas d'intervention directe, il ne s'agit pas de mariages arrangés, mais Chen sait qu'il ne peut pas épouser n'importe qui (sous peine de voir sa carrière évoluer bien moins vite, voire capoter), et son idylle avec une jeune journaliste est plutôt mal vue, car cette dernière est déjà mariée. Pourtant, on croit comprendre assez vite que le mariage de Wang Fen s'est fait uniquement sur le papier, sans être jamais consommé, car son conjoint s'est enfui au Japon – trahison envers l'état chinois qui, bien entendu, rejaillit sur la journaliste bien malgré elle, et dès lors aussi sur Chen tant qu'il la fréquente. C'est là aussi qu'une certaine indépendance de Chen se marque : il est certes conscient que se rapprocher de Wang Fen n'est pas idéal pour lui, mais il ose se permettre de privilégier ses sentiments, tout conscient qu'il soit que son cher Parti n'approuvera pas.
Dans le même état d'esprit, on apprend que le régime est très strict quant à la vertu des citoyens : par exemple, l'adultère semble un délit très grave, et il est interdit de prendre une chambre double dans un hôtel sans présenter un certificat de mariage ! Ou bien, au détour de l'intrigue, on apprend que le mot « intimité » n'existe pas dans la langue chinoise, si bien que, quand il apparaît dans cette littérature américaine que Chen traduit, il doit trouver (difficilement) des périphrases pour rendre cet esprit typiquement occidental.

Mais surtout, dans ce livre, on mange beaucoup et tout le temps ! Chen semble un fin gourmet, qui nous entraîne avec lui de ces gargotes de rue, parfois juste un réchaud où un quelconque citoyen vend un plat unique tout à coup très savoureux (ou pas), à des restaurants plus luxueux, tout au long des pages. Il décrit les choses – oh ! en quelques lignes à peine ! on n'est pas dans un traité de cuisine – de façon tellement réaliste et visuelle qu'on a envie de partager ces différents plats avec lui ! même (presque) quand il s'agit du « Combat du tigre et du dragon », car en Chine aussi on donne des noms ronflants aux plats sur les menus ! mais on apprend très vite que (végétariens et autres végans s'abstenir) « D'après la serveuse, c'était un gigantesque assortiment de viande de serpent et de chat. » Eh oui ! cela prouve aussi, à mes yeux, que l'auteur s'est attaché à rendre l'esprit de la Chine telle qu'elle est, sans s'embarrasser le moins du monde d'une certaine bienséance toute occidentale, pour laquelle manger du chat reste à la limite du tabou – et ce n'est qu'un petit exemple parmi tous les plats rencontrés dans cette balade culinaire chinoise, mais indéniablement le plus potentiellement choquant pour un occidental. (Rassurez-vous : je n'ai aucune envie de manger du chat ! mais j'ai apprécié cette façon de l'auteur de visiter la cuisine de son pays sans faux semblants.)

Outre ce profond ancrage dans une Chine réaliste, parfois proche, parfois plus lointaine des clichés habituels, ce roman propose toute une galerie de personnages vraiment sympathiques, ou pour le moins touchants, et toujours très humanisés. Chen Cao a bien sûr la vedette, mais notre narrateur omniscient se penche quelquefois davantage sur son adjoint : Yu Guangming. Policier par choix, ayant lui-même un père policier (jamais appelé autrement que le « Vieux Chasseur », et qui jouera un petit rôle lui aussi), il illustre avec sa famille, c'est-à-dire sa femme Peiqin et leur fils, cette Chine populaire qui se contente de ce qu'elle a et qui, sans se perdre dans des rêves à l'occidentale, espère un avenir plus radieux pour son fils. Yu a connu la déportation avec sa jeune femme, car ils étaient « jeunes instruits » (ayant juste été un peu à l'école) et ont donc dû être « rééduqués » auprès des « paysans pauvres à moyen-pauvres ». Réhabilité à Shanghai au fil des changements de pouvoir, il a pu prendre cette place dans la police, assez basse dans la hiérarchie et sans espoir de s'y élever beaucoup, mais peu à peu, notamment grâce à l'amitié naissante avec Chen, il va finir par admettre qu'il est réellement « à sa place », que c'est ça qu'il a envie de faire, car il partage, de façon parfois plus dure, l'idéal de justice de son jeune chef.
On notera aussi la mise en avant toute en douceur de son épouse Peiqin, quelque part entre un rôle féminin traditionnel (qui n'a rien à envier à notre système également patriarcal !) et une certaine modernité féministe. Mais surtout, c'est leur amour, leur union face aux difficultés de la vie, malgré quelques mini-conflits parfois, qui nous est contée – comme je disais plus haut : ils sont très humains, tout simplement. Mieux : on a l'impression d'être avec eux, dans cette ancienne maison unifamiliale dont les différentes pièces ont été divisées en autant de minuscules appartements, en raison d'une dramatique crise du logement à Shanghai – et ainsi, ils vivent à trois dans une minuscule pièce qui sert de salon, salle à manger et chambre tout à la fois, sans aucune vraie intimité (encore…).

Mention aussi au vieux Zhang, commissaire politique dans cette affaire, que l'auteur nous présente comme un personnage bien un peu ambigu, en réalité inutile dans la résolution de l'enquête, mais nommé à la « conseiller » selon les règles du Parti – et, quand l'affaire devient trop politique en effet, c'est bien lui qui va vouloir mettre la tête de Chen sur le billot. Et pourtant, on ne lui en veut pas tout à fait car, si l'auteur le présente sans réelle concession quant à ses choix dans l'enquête, il apparaît aussi, d'une certaine façon, comme une « victime » d'un système auquel il adhère, mais dont il ne comprend plus les nombreux revirements, et certainement pas les plus récents, tout ce qui concerne une certaine ouverture de la Chine. Ce n'est pas qu'il y soit opposé, en tout cas ce n'est pas ainsi que je l'ai ressenti, il est tout simplement perdu dans un système qui ne répond plus aux valeurs qu'on lui a martelées depuis tant d'années, et il fait ce qu'il croit bon, même s'il se fourvoie…

Ainsi, à travers une enquête policière bien centrale mais en réalité assez peu exploitée en tant que telle, l'auteur nous convie à une véritable découverte de la Chine du début des années 1990 : son système politique qu'il présente sans concession ni idéalisation, ses habitants (nos personnages très humains toujours touchants même quand ils sont moins sympathiques à nos yeux) dans leur quotidien, et sa cuisine omniprésente et terriblement alléchante ! C'est un plaisir de lecture, un peu lente mais tellement intéressante si on s'intéresse un minimum à ce pays millénaire, et pour moi un coup de coeur.
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Mort d'une héroïne rouge est le premier roman qui met en scène l'Inspecteur Chen. Il n'a pas forcément le profil habituel du policier que l'on rencontre dans les romans. C'est un homme de 35 ans, attachant, célibataire et qui en parallèle de sa carrière dans la police de Shanghai, est poète.

L'histoire se déroule dans les années 90, et l'inspecteur Chen se retrouve à enquêter sur la mort d'une jeune femme, qui n'est autre qu'une célèbre travailleuse modèle de la Nation. En soi, l'enquête est assez classique avec un rythme régulier ni lent, ni rapide. Et elle sert surtout de fil rouge.

Car c'est le contexte de la Chine post révolution culturelle avec cette enquête qui risque de provoquer des troubles politiques et l'omniprésence du parti qui rend l'histoire vraiment intéressante. Ce roman permet de bien découvrir la Chine de 1990 après les évènements de Tian an Men en pleine mutation entre capitalisme et communisme. Et on découvre également Shanghai, ses rues, sa gastronomie, sa vie. C'est une balade qui dépayse et pleine de charme.

Au final, un très bon moment de lecture et j'irais avec plaisir découvrir d'autres enquêtes de l'Inspecteur Chen.

Lien : http://raconte-moi.net/2015/..
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