Citations sur Le char de Phaéton (10)
- C'est anti-scientifique. Je suis un homme doué de raison, je crois au témoignage de mes sens. J'ai un esprit lucide. Des choses de ce genre... enfin, sapristi, des choses comme ça n'arrivent pas !
- C'est ce que disait le premier homme qui vit une girafe, soupira Ellery. Et pourtant... c'en était bien une.
- Ce n'est guère engageant , remarqua Alice à mi-voix.
Manifestement, elle pensait au vieillard qui avait vécu dans ce coin perdu et à sa mère qui s'en était échappée il y avait si longtemps. (...)
- Ma chère Alice, c'est votre innocence qui vous fait parler ainsi. La vie n'est qu'une lutte acharnée pour recouvrir d'un vernis plaisant des réalités déplaisantes. Soyez donc honnête avec vous-même. Ici-bas, tout est pourri, et, qui pis est, à mourir d'ennui. Si on la considère avec impartialité, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue ; mais si on l'accepte néanmoins, autant le faire dans un cadre en accord avec la pourriture universelle.
C'était bien inutile. Ce qu'il y avait à voir était visible pour le plus myope des hommes . Ellery, au spectacle qui s'offrait à lui, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. En même temps, naissait en lui la nette conviction que la chose était inévitable, que c'était la seule conclusion possible aux évènements démentiels de la veille.
Le monde était sens dessus dessous. Rien n'y avait plus de signification normale ou raisonnable .
page 45
Rien ne manque à ce pays des merveilles, pensa mélancoliquement Mr Ellery Queen. Même l'héroïne s'appelle aussi Alice.
(P46)
On ne peut s'attendre, par exemple, qu'une personne jouissant de son bon sens croie qu'un être humain de chair et de sang à trois dimensions puisse tout à coup se baisser, attraper ses lacets de chaussures et s'envoler. Ni qu'un buffle se change sous ses yeux en un petit garçon blond. Ni qu'un homme, mort depuis cent trente-sept ans, soulève sa pierre tombale, sorte en baillant de sa fosse et entonne les trois premiers couplets de Mademoiselle d'Armentières. Ni qu'une pierre marche ou qu'un arbre parle, même dans le langage des Atlantes ou des habitants du pays de Mu.
Mais a-t-on raison ?
L'histoire de Sylvestre Mayhew et de sa maison est étrange. Quand il arriva ce qui arriva, des esprits rassis chancelèrent à la limite de la folie, et bien des convictions solides faillirent voler en éclats. Dieu lui-même intervint dans cette fantastique et incompréhensible affaire. Parfaitement, Dieu y joua son rôle et c'est ce qui en fait la plus extraordinaire aventure que Mr Queen, cet agnostique invétéré, ait jamais vécue.
Quand il eut traversé l'espace vide et qu'il fut entré dans le sous-bois, il eut la sensation de pénétrer dans un autre monde encore. Tout était calme, blanc et beau, d'une beauté surnaturelle. La neige drapait les arbres, leur donnait un aspect nouveau, changeait leurs formes banales en étranges motifs décoratifs. (page 64)
Un pactole est caché dans une maison. La maison disparait. Pour trouver l'or , il faut d'abord trouver la maison.
En la voyant sans chapeau et sans manteau, Ellery la trouva changée. Remarquable de constater comment les femmes se transforment toujours lorsqu'elles se débarrassent de leurs manteaux et déploient leurs mystérieuses activités derrière les portes closes de leurs cabinets de toilette. (page 34)
Mr Queen est peut-être désordonné dans ses habitudes, mais il possède une intelligence très méthodique. Il parsème volontiers sa chambre de cravates et de chaussures lancées à la volée, mais sous sa boîte crânienne bourdonne une machine parfaitement huilée qui fonctionne avec la même précision et la même rigueur que le système solaire. (page 9)
- Ma chère Alice, c'est votre innocence qui vous fait parler ainsi. La vie n'est qu'une lutte acharnée pour recouvrir d'un vernis plaisant des réalités déplaisantes. Soyez donc honnête avec vous-même. Ici-bas, tout est pourri et, qui pis est, à mourir d'ennui. Si on la considère avec impartialité, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue ; mais si on l'accepte néanmoins, autant le faire dans un cadre en accord avec la pourriture universelle.