C'est la première fois que je lisais quelque chose de cet auteur, ou plutôt de ces auteurs, car il s'agit d'un pseudonyme dissimulant adroitement deux cousins ayant écrit à quatre mains - le nom d'
Ellery Queen est à la fois le nom d'auteur et celui du personnage principal.
Ellery est invité sur le mode de l'urgence par un vieil avoué de ses connaissances,
Thorne : celui-ci défend les intérêts d'une jeune femme, Alice Mayhew, qui rentre d'Angleterre, pensant retrouver une famille. Malheureusement, son père vient de mourir et elle ne pourra pas le retrouver. Elle doit hériter d'un trésor en entrant en possession de la maison paternelle, mais
Thorne soupçonne le demi-frère de ce dernier de vouloir faire main-basse sur ces ressources en fouillant la maison. de lourdes menaces planent sur le domaine, mais il faut pourtant s'y rendre...
Lorsqu'ils arrivent à la "Maison noire", le docteur Reinbach, un homme corpulent qui se donne des airs affables et bon-vivant, les accueille chez lui dans la maison d'à côté, qui sera selon lui plus confortable. Ils font connaissance avec Mrs Reinbach, une pauvre femme qui semble terrorisée par son mari, ainsi qu'avec Nick Keith, jeune homme taciturne présenté comme un aventurier, et la soeur du défunt, devenue sénile et passablement folle. La maison n'est pas si engageante, ils se couchent dans un état d'ébriété qu'ils ont pourtant cherché à éviter, leur serrure est cassée, rien n'est trop rassurant. Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines : le lendemain matin, quand ils mettent le nez dehors, sur fond de blizzard et de neige, la maison de Sylvestre Mayhew a littéralement disparu ! Malgré leurs réticences, les trois invités commencent à se demander s'ils ont perdu la tête, et Alice les supplie de repartir. Mais le temps et la voiture en panne les bloque à l'intérieur ; par ailleurs,
Ellery Queen ne compte pas déclarer forfait aussi vite, et commence à inspecter les lieux à la recherche d'indices.
J'ai apprécié ce court roman de facture classique, dont le point de départ est forcément stimulant, puisqu'on se doute bien que Queen est un jeune homme logique et pragmatique, et que ce mystère presque surnaturel et insensé aura certainement une explication rationnelle, à la fin. C'est évidemment le cas, et je suis assez contente d'en avoir deviné une partie.
Le texte est assez court, mais j'ai trouvé les personnages plutôt bien campés, et il y avait de la place pour leur évolution psychologique et des surprises sur leur véritable identité. C'est astucieux et bien amené, tout est là dès le départ, mais bien sûr nous n'avons pas l'oeil affûté d'Ellery. Cela ressemble à un
Sherlock Holmes, quoique Ellery soit moins misanthrope que le célèbre détective. C'est plutôt plaisant à lire, même si j'ai trouvé un peu des longueurs en cours de lecture. L'écriture est satisfaisante, et certains passages ne manquent pas d'humour, ni d'un ton inquiétant qui sied bien au genre.