Il lui serra longuement la main. C'est fou tout ce qu'on peut voler dans la main d'une femme en catimini.
Elle finit par s'assoupir en se laissant glisser
dans une âme d'enfant
qu'on viendra chercher,
dont les mots sont innocents
et le rêve impossible à tromper
De sa main libre, il la caresse aux jambes, aux fesses, sous la jupe.
Elle est née dans cette main qui l'écrase de temps en temps, la froisse comme
une menthe ou la déploie comme une eau vive ;;;; LA suite page 161
Il est sous son emprise ; elle le sait, elle le plaint.
Elle est à lui mais il ne possède rien.
Il chérit une ombre, une énigme.
Ils ont beau s'aimer, vivre peau contre peau,
c'est chacun pour soi,
chacun replié dans une histoire où l'autre lui fait plus ou moins
l'effet d'un rôdeur
Mona voulut dormir en plein air.
Ils couchèrent sous le même duvet dans l'ombre lumineuse et froide
où des nuages bas, trapus, éteignaient les étoiles
au-dessus du lac.
Il éprouvait une lassitude extrême.
une immense faiblesse, un besoin de poser sa tête sur l'oreiller.
Et c'était ainsi depuis des mois.
Il avait sommeil à longueur de journée
(ainsi cela arrivait à d'autres que charlottelit ?)
Il n'est plus un être maudit
ployé sous le fardeau d'une enfance mal-aimée
Il l'imagine, barbotant nue, le dos tourné,
des luisances sur les reins,
là où la chair s'arrondit et dessine entre les fossettes
un vol d'oiseau puissant
Mais aujourd'hui, qui n'est pas plus ou moins tueur ?
(et Queffelec écrit cela en 1998 ... dixit charlottelit)
Il y a mille et une façons d'assassiner l'autre, de l'éliminer sans qu'il meure,
de le vider insensiblement comme on gobe un oeuf.
Il a l'air intact : il est mort.