Citations sur Si tu m'entends (18)
Comment ça s’appelle quand tout s’effrite? quand tout ce qu’on touche se dissout? Est-ce qu’il y a un mot suffisamment vide pour dire « rien »?
(p. 97)
Il commence par « bonjour », sans savoir si « bonjour » s’applique à l’occasion, étant donné que selon toute vraisemblance, ce n’est pas un bon jour. Il sent les mots s’échapper de son cerveau par le trou de l’embarras.
(p. 38)
Les morts demandent parfois qu'on les ressuscite. Je ne leur permets pas de s'attarder. Les muscles sont faits terre, ils retournent à la terre. Le sang est fait d'eau, il retourne à l'eau. L'oxygène retourne à l'air et les os à la pierre. Ce n'était qu'un emprunt de matière compostable.
Et la conscience ?
Sa route est secrète, mais mon chant la prépare.
Ensuite, je me tais.
page 290.
Bertrand le cœur sur la main
vient me cherche coûte que coûte
m'attire en surface.
Je veux bouger un doigt, un pied, mes yeux sous mes paupières, ma voix dans ma gorge, pour lui.
Bouger pour lui. Parler.
Rien.
Des traces de traces de traces
de l'évanouissement.
Ça me laisse épuisé, déçu.
Qui? Tout est vague.
Des présences.
Vraies?
Parler. Je veux parler. Impossible. Je veux crier. Hurler.
Rugir.
J'ai un rugissement roulé dans ma gorge, une grosse boule, bien coincée.
- Je pense que c'est inutile de te faire des scénarios. La passé est déjà loin. Le futur va venir en temps et lieu. Ta seule option, c'est le présent.
page 101.
- Je me demande seulement ce qu'il y a dans sa tête.
- Ah, ça, tout le monde il se le demande, mais c'est difficile de savoir, tempère Sollers en s'appuyant à un chariot qui se met à rouler.
- Moi, docteur, ça me donne l'impression que vous vous acharnez sur une enveloppe sans vous donner la peine de lire la lettre.
page 86.
Caroline renoue si bien avec l'insomnie que ce soir elle n'essaie même pas de dormir.
Sue s’active autour de David, bolus de solutés, sérum isotonique, repositionnement du matelas. Elle prend des notes. Elle attend, les yeux rivés sur le moniteur. Elle se dit qu’il est déjà chanceux d’être ici, étant passé deux fois sous la Grande Faucheuse, ce matin.
J’ai tellement soif.
Bouger, bouger, bouger. Laissez-moi donc bouger.
Ils me tripotent sans arrêt. Leurs expérimentations, pourquoi moi ? Un rat de laboratoire. Le vacarme est insupportable. C’est un cauchemar, je vais me lever et allumer la lumière. Je suis contre les tests sur les animaux. Je vais boire un verre d’eau. Un long verre d’eau. Il faut que je commence par ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux.
Concentre-toi, David.
Ouvre les yeux, tends la main.