Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux de mourir avec lui que de vivre avec vous.
Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ? Errante et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme ;
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.
Ah ! je l'ai trop aimé, pour ne le point haïr !
Après cela, Madame, éclatez contre un traître,
Qui l'est avec douleur, et qui pourtant veut l'être. Pour moi, loin de contraindre un si juste courroux,
Il me soulagera peut-être autant que vous. Donnez-moi tous les noms destinés aux parjures.
Je crains votre silence, et non pas vos injures
Quels charmes ont pour vous des yeux infortunés, Qu'à des pleurs éternels vous avez condamnés ?
Si je vous aime ? O dieux ! mes serments, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés,
Quels témoins croirez-vous si vous ne les croyez ?
Page 92 (Larousse - mai 1965)
Vous m'en aimeriez plus.
Ah ! Que vous me verriez d'un regard bien contraire !
Vous me voulez aimer, et je ne puis vous plaire ;
Et l'amour seul alors se faisant obéir,
Vous m'aimerez, madame, en voulant me haïr.
Page 59-60 (Larousse - mai 1965)
Vous répondre d'un cœur si peu maître de lui :
Il peut, seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait et punir ce qu'il aime.
Page 39 ( Larousse - mai 1965)