AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,48

sur 88 notes
5
16 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chil Rajchman a demandé à sa famille de publier son témoignage après sa mort. Bien que j'en ai lu plusieurs du même type, je me rends compte que même s'ils racontent en substance la même chose, chaque témoignage est différent et nous amène à considérer cette période sous un angle différent. Et celui-ci a provoqué une intense réflexion (pour moi du moins) tout au long de cette lecture, et bien après aussi.

Chil - un diminutif d'Ezequiel en yiddish, même si a priori on ne l'aurait pas deviné - est un jeune homme approchant la trentaine lorsqu'il est déporté au camp de Treblinka. Il n'y reste "qu' " un an car il fait partie de ceux qui ont pu s'échapper pendant la révolte. On se pas vraiment ce qu'il faisait avant la guerre, mais clairement son récit n'a rien à voir ni avec celui de Primo Levi, ni celui d'Eli Wiesel ni même Imre Kertesz. Entre autre parce que Chil Rajchman est parfois plus "cru" dans ses descriptions.
Ici, c'est bien le témoignage d'un adulte, mais pas celui d'un intellectuel. Lui est très débrouillard, ne cherche pas à analyser les évènements, il constate simplement et se détache tant bien que mal de ses émotions , c'est au lecteur que revient la charge d'analyser. Les "postes" qu'il a eu durant son internement à Treblinka l'ont toujours mis au plus près de la mort de ses semblables, son récit contient donc beaucoup d'explications sur "les bonnes façons de tuer et de dépouiller made in Nazis". C'est en partie ce qui fait qu'il m'a été impossible de lire ce livre d'une traite - alors qu'il n'est pas bien épais.

L'auteur parle très peu des rapports entre les détenus, à l'inverse, il s'attarde beaucoup sur la description des comportements sadiques/déviants/pervers des SS allemands et ukrainiens. Avec ses descriptions, on les voit moins comme des monstres que comme des lâches, des pauvres types que le système a valorisé et qui en viennent à se sentir mieux à Treblinka que chez eux car ils ne font pas face à la guerre mais sont constamment en position de toute puissance avec pillages autorisés à la clé (conversations rapportées par Chil Rajchman). On voit bien aussi dans ce témoignage comment le nazisme a constitué une mort de la pensée chez les individus, en organisant par exemple une sorte de culte du secret malsain. Que ce soit en empêchant les détenus de communiquer entre eux, en empêchant toute communication avec l'extérieur. Ou en faisant subir des choses tellement impensables (pour des gens équilibrés) qu'elles sont littéralement IN-croyables, y compris pour ceux qui les subissent. Ces traitements incroyables justement qui les empêchent de penser à eux. On le voit bien avec Rajchman qui fait ressortir son instinct de survie quasi animal durant son année de détention et devient un animal traqué lors de sa fuite. Ce n'est qu'une fois "sorti d'affaires" que vient le temps de penser et la dépression.

Finalement, je me suis demandée pourquoi nous lisons ces témoignages. Pas par masochisme ou curiosité malsaine. Mais peut-être parce que ce type de récit (qui n'est pas de la fiction) nous dit ce que c'est d'être humain quand les conditions ne le sont pas. Les témoignages des rescapés sont en eux-mêmes des actes de résistance. Que ce soit en nommant leurs compagnons d'infortune et en parlant de leurs vie "avant", ou en décrivant la bravoure dont certains ont fait preuve dans ce qu'ils savaient être les dernières minutes de leur vie. le simple fait que face au désespoir ambiant des hommes faméliques, apeurés et tabassés plus que de raison on trouvé en eux les ressources nécessaires pour planifier une révolte (et la faire) plutôt que de se pendre, rien que ça, c'est un hymne au courage. Et, il me semble que cela montre un autre visage des déportés : des visages de personnes qui ne sont pas des victimes.

Après la lecture des mots de la fin, qui sont absolument déchirants, on se dit que cela a dû également demander beaucoup de courage et un instinct de survie énorme aux rescapés pour réussir à fonder une famille après une telle expérience.
Commenter  J’apprécie          300
Je crois que le besoin de me confronter aux témoignages de la shoah me poursuivra jusqu'à la fin de mes jours. Besoin de comprendre, de compatir, de regarder en face, de se souvenir. D'avoir peur aussi, sans doute.
Le témoignage de Chil Rajchman a ceci de terrible qu'il est rédigé en 1943 dès son évasion, dans une urgence de garder la trace par l'un des très rares survivants du camp d'extermination de Treblinka. Brut, factuel, sans travail de ré-écriture de la mémoire, il dit l'indicible d'un quotidien de condamné préposé à la gestion d'autres condamnés, quotidien de mise à mort industrielle, froide et barbare dont pas une situation, pas un geste, pas une réalité ne soit d'une horreur absolue.
Il avait 28 ans lors de son arrestation, est entré au camp en octobre 1942 avec sa soeur dont il gardera sur lui le plus longtemps possible un morceau de la robe qu'elle portait.
Commenter  J’apprécie          290
Que dire après cette lecture... (livre laissé à l accueil d un camping)-je remercie d ailleur le donnateur,-
Il m attendait pour un voyage au coeur de l enfer organisé par des hommes contre d autres hommes femmes et enfants.

Je lui met à minima 750000 étoiles , pour ces vies arrachées dans une bestialité si récente à l échelle de l humanité.
Glaçante lecture dans cette chaleur estivale.
Encore un témoignage à partager et faire passer car l horreur pourrait se répéter si ce n'est déjà le cas ...
Triste réalité historique mais nécessaire pour contrer l effacement et les propos negationistes, comment inventer pareilles ignominies.
Commenter  J’apprécie          230
Entre octobre 1942 et août 1943, Chil Rajchman est interné à Tréblinka. Ce camp a été le pire en matière d'extermination : environ 750000 juifs internés et 57 survivants. Nous pouvons mesurer ainsi l'importance de ce témoignage.
L'auteur doit sa survie aux différents "métiers" qu'il exerce dans le camp : coiffeur, dentiste(= arracheur de couronnes ou bridges en or). En août, il fait partie du groupe qui s'est révolté et parvient à s'enfuir. Il retourne se cacher à Varsovie jusqu'en janvier 1945.
C'est un récit unique, écrit dans l'urgence pour témoigner de l'organisation du camp. C'est une description volontairement "neutre", qui ne dit que les faits. Glacial..., l'horreur absolue !
Commenter  J’apprécie          121
Voici un témoignage direct comme il y en a peu malheureusement.Témoignage sur les horreurs perpétrées par les juifs sous la domination et la terreur nazies.Obligation de l'instinct de survie et non obligation de la volonté.
Témoignage qui donne des frissons
A lire
Commenter  J’apprécie          122
C'est un de plus qu'on rajoute à ma collection de livres sur la Seconde Guerre Mondiale ... Encore un témoignage poignant ...
Chil Rajchman, lui aussi, seulement coupable d'être né juif ...

Dans son récit, Chil Rajchman nous fait vivre son enfer au camp de Treblinka, dont on entend beaucoup moinsparler, mais qui est tout aussi difficile et meurtrier qu'Auschwitz ..
Chil nous raconte comment, en enchainant petit boulot sur petit boulot au camp, il échappe à la chambre à gaz et donc à la mort ..
Chil fera trieur de vêtement, coupeur de cheveux, transporteur de corps, dentiste .. Des métiers sans une minutes de repos, sans boire et avec des rations de plus en plus maigres, où la mort l'attend a chaque tournant ..
C'est dans l'enfer du camp que l'on tourne les pages de ce livre, pour que jamais cela soit oublié ...
Commenter  J’apprécie          60
Un récit de l'indicible, très détaillé, presque de la 'matière brute", qui nous plonge au plus profond de l'horreur nazie, et nous fait finalement poser la question : Comment peut-on survivre et être "humain", après avoir vécu cela, tant comme victime que comme bourreau ?
Commenter  J’apprécie          50
Un témoignage bouleversant sur le camp d'extermination de Treblinka. Des faits narrés avec une distance qui fait parfois, souvent en fait, froid dans le dos. Au point que l'auteur semble lui-même, et c'est terrible à ressentir, déshumanisé. Ce qui était aussi, et malheureusement, le but de ceux qui ont organisé cette barbarie.
À lire, à relire et à inciter à lire.
Commenter  J’apprécie          40
Arrivé dans un convoi de 12000 Juifs, il fait partie des cinq survivants le soir-même. Il est embauché à trier les piles de vêtements de gens partis au gazage, ne doit pas lever la tête pour ne pas se faire frapper. Coiffeur, c'est-à-dire assigné à couper les cheveux des femmes avant la chambre à gaz, il sera ensuite arracheur de dents en or, il verra comment les Nazis tentent d'effacer les traces de leurs crimes en déterrant les corps par milliers dans les fosses et en les faisant brûler sur des bûchers gigantesques... Ce récit est terrible, effroyable, je n'ai jamais rien lu de tel. (...)
Lien : http://edencash.forumactif.o..
Commenter  J’apprécie          40
Chil Rajchman a 28 ans quand il est déporté à Treblinka en octobre 1942. Séparé de ses compagnons à la descente du train, il échappe aux chambres à gaz en devenant tour à tour trieur de vêtements, coiffeur, porteur de cadavres ou "dentiste". le 2 août 1943, il participe au soulèvement du camp et s'évade. Après plusieurs semaines d'errance, Chil Rajchman se cache chez un ami près de Varsovie. La guerre n'est pas finie. Dans un carnet, il raconte ses dix mois en enfer. A la Libération, il est l'un des 57 survivants parmi les 750 000 Juifs envoyés à Treblinka pour y être gazés. Aucun camp n'avait été aussi loin dans la rationalisation de l'extermination de masse. Ce texte, publié pour la première fois, est unique. Ecrit dans l'urgence, avant même la victoire sur les nazis, il s'inscrit parmi les plus grands.
Un récit juste, bien écrit pour raconter L Histoire.
Commenter  J’apprécie          30



Lecteurs (270) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3188 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}