AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Paris : Notes d'un Vaudois (15)

La nature ne va pas droit, l'homme cherche à aller droit. L'homme prétend à aller de plus en plus droit et à mesure qu'il avance à projeter devant lui, à l'intention d'une vitesse qu'il accroît sans mesure, des lignes de plus longue portée : la nature a tout le temps, on voit que l'homme au contraire est avare de son temps ; l'homme est pressé, la nature paresseuse. Oh ! comme cette Seine apparaît nonchalante, vue du haut de nos trois cents mètres, avec les méandres de son cours à quoi l'homme n'a rien pu changer, et il la laisse aller, et il va de son côté.

(C.F. RAMUZ, "Paris. Notes d'un Vaudois", 1938, H.-L. Mermod (Lausanne) -- pages 72-73 de l'édition Gallimard (Paris), 1939 ; réédité par la Blibliothèque des Amis de Ramuz, disponible auprès de l'association "les Amis de Ramuz", 2000, 198 pages -- [pages dites "d'En haut de la Tour Eiffel"... ] )
Commenter  J’apprécie          100
La nature ne va pas droit, l'homme cherche à aller droit. L'homme prétend à aller de plus en plus droit et à mesure qu'il avance à projeter devant lui, à l'intention d'une vitesse qu'il accroît sans mesure, des lignes de plus longue portée : la nature a tout le temps, on voit que l'homme au contraire est avare de son temps ; l'homme est pressé, la nature paresseuse. Oh ! comme cette Seine apparaît nonchalante, vue du haut de nos trois cents mètres, avec les méandres de son cours à quoi l'homme n'a rien pu changer, et il la laisse aller, et il va de son côté.

(C.F. RAMUZ, "Paris. Notes d'un Vaudois", 1938, Mermod (Lausanne) -- pages 72-73 de l'édition Gallimard (Paris), 1939 [pages "d'En haut de la Tour Eiffel"... ] )
Commenter  J’apprécie          90
Et il y a bien la tour Eiffel, mais voyez le miracle (car on avait crié au sacrilège et le sacrilège ne s'est pas produit), c'est qu'elle est transparente ; ce n'est pas une construction de pierre opaque, elle est comme airs. C'est la fumée du feu Abel ; on voit au travers le soleil rougir et descendre. C'est un tricotage, c'est un ouvrage de vannerie, c'est fait de mailles lâches, de noeuds qui ne sont reliés entre eux que par des fils presque invisibles ; ce n'est plus un ouvrage terrestre, c'est un ouvrage aérien.
Commenter  J’apprécie          70
Une ville à la taille de l'homme [...]. Ni le Louvre, ni le Palais-Bourbon, ni le Luxembourg ne dépassent de beaucoup en hauteur une maison de sept ou huit étages. Et il y a bien la tour Eiffel, mais voyez le miracle (car on avait crié au sacrilège et le sacrilège ne s'est pas produit), c'est qu'elle est transparente; ce n'est pas une construction de pierre opaque, elle est comme une fumée qui monte tout droit dans les airs. C'est la fumée du feu d'Abel; on voit au travers le soleil rougir et descendre. C'est un tricotage, c'est un ouvrage de vannerie, c'est fait de mailles lâches, de noeuds qui ne sont reliés entre eux que par des fils presque invisibles; ce n'est pas un ouvrage terrestre, c'est un ouvrage aérien.

(C.F. RAMUZ, "Paris, notes d'un Vaudois", 1938 -- réédité à "La bibliothèque des Amis de Ramuz", association "les Amis de Ramuz", 2000, avec une préface d'Etienne Barilier)
Commenter  J’apprécie          50
Un petit peuple inchoatif (au sens grammatical du mot), qui se préoccupe bien davantage de ce qu'il a l'intention de faire ou de ce qu'il est en train de faire, que de ce qu'il fait, comme s'il était indifférent au résultat. Un petit peuple tenu trop longtemps à l'écart de la vie, un petit peuple neutre, un petit peuple trop ménagé, un petit peuple trop confortablement installé dans ses habitudes (ou qui l'était encore en ce temps là); et il se heurte dans la personne d'un de ses ressortissants à une population qui est vive, avare de son temps, qui est dense, où les rencontres sont incessantes, où il s'agit de faire vite, et, sous peine d'être évincé, de nommer chaque chose aussitôt par son nom. Sous la communauté de la langue se dissimule sournoisement la différence des habitudes et des natures, que tout à coup un mot fait éclater, d'où un malaise (j'exagère à peine).
Commenter  J’apprécie          30
Mais quelle infériorité plus grande que celle de ne pouvoir parler naturellement, de naissance, qu'une langue et de s'entendre dire qu'on ne la sait pas? Il n'y avait pas jusqu'à notre « accent » qu'on ne nous reprochât, comme s'il n'était pas, lui-même et à lui seul, une preuve excellente de notre appartenance à cette grande communauté des dialectes et patois français, car chaque province a le sien.
Commenter  J’apprécie          10
L'art est fait de nouveauté, la mode d'une apparence de nouveauté: c'est par où à la fois ils se ressemblent et ils diffèrent.
Commenter  J’apprécie          10
Quant à New-York, outre que sa fondation est toute récente, on a vu que c'est une ville de colons, bien plus utilitaire encore et qui n'a même plus de dimanche ;

page 86
Commenter  J’apprécie          10
Nous aimons trop, nous autres, une certaine espèce d'ordre qui consiste en de continuels nettoyages, d'incessantes "restauration" ; nous ne tolérons le passé que quand il fait figure de présent et ce qui est vieux qu'une fois qu'il a repris l'apparence du neuf ;

Page 63
Commenter  J’apprécie          10
C'est qu'on peut venir à Paris pour "apprendre" tout court, mais qu'on peut venir aussi à Paris pour y apprendre Paris. Il y a l'enseignement de la vie. C'est à l'enseignement de l'école que je croyais avoir à faire ; je croyais d'autant plus n'avoir à faire qu'à lui que Paris m'avait semblé d'abord plus hostile et plus étranger. Mais peu à peu l'école s'éloignait, elle me quittait ; ce n'est pas moi qui m'éloignait et la quittais, c'est elle ; elle disparaissait à l'horizon avec son horaire et ses disciplines ; tandis que grandissait, se précisait, devenait de jour en jour plus familière et plus proche, cette vie de Paris qui ne prétend rien enseigner, qui ne délivre aucun diplôme, qui ne nous convoque pas à heure fixe, qui ne s'inquiète pas de vous, mais qui est là, qui vous entoure, qui vous appelle, et aux sollicitations de laquelle on finit, sans trop le savoir, par céder.

page 56
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (25) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Aimé Pache, peintre vaudois de Charles-Ferdinand Ramuz

    Ce roman, paru en 1911 à Paris chez Fayard et à Lausanne chez Payot, est dédié à un peintre : ...

    Alexandre Cingria
    René Auberjonois
    Cuno Amiet
    Ferdinand Hodler

    15 questions
    3 lecteurs ont répondu
    Thème : Aimé Pache, peintre Vaudois de Charles Ferdinand RamuzCréer un quiz sur ce livre

    {* *}