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Citations sur Passage du Poète (Fête des vignerons) (23)

Car il se fait sans eux, le temps, et bien souvent même contre eux et ils ne peuvent rien y changer, alors ils ont appris à obéir, mais ont appris aussi à être attentifs et à lire les signes qui sont écrits sur cette page vite tournée, à ce ciel qui est comme un livre qui aurait tellement de pages que la même ne se présenterait jamais deux fois. Et tantôt à un bout d'elle, tantôt à l'autre bout ; tantôt dans le haut, tantôt dans le bas. Le tout petit mot d'un nuage qui est apparu, s'en va ; la ligne écrite en gris du brouillard traînant à mi-mont ; la coloration d'un coucher de soleil ; quand la lune a une couronne de mariée ; - et sur la terre aussi les signes : la limace qui sort, l'araignée qui tisse sa toile, les taons qui sont méchants, l'hirondelle qui vole bas...
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Pendant qu'en bas les lumières s'éteignent, mais pour chacune qui s'éteint , une autre dans le ciel s'allume, comme si on tournait là-haut aussi les commutateurs.
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Un bateau à vapeur est entendu dans la profondeur, on ne sait pas où. Le bruit qu'il fait semble vous arriver de dessous la terre. C'est avec ses épaules quand on est couché qu'on l'entend ; quand on est debout, avec ses semelles. Le bruit du bateau à vapeur vient secouant l'espace d'en-dessous, en même temps que, dans l'air, il se mélange au bruit des abeilles. Et il y a son tremblement : est-ce pourquoi la lumière tremble ainsi ?

[C.-F. RAMUZ, "Fête des Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète" (1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES, Loire-Atlantique], chapitre XI, page 143-144]
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Ils disent des choses qu'ils n'auraient jamais osé, ni su dire, dans l'autre vie (c'est la fausse vie). Rien de ce qui nous importe n'y est dit, rien de ce qui est l'essentiel, rien de ce qui compte, rien de ce qu'on aime; et il y a partout entre nous les murs du secret non percés de portes, parce qu'on ose pas ; ils ont osé (...)
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Sa hotte a fait clair dans les vignes, le jour où il est venu.
Il avait dit qu'il s'appelait Besson ; il était vannier. L'affaire a été alors seulement qu'on était pas très sûr qu'il y aurait suffisamment d'ouvrage pour lui dans le pays, comme on lui a dit ; et les gens à qui il s'était adressé secouaient la tête :
" On ne croit pas. "

(C.-F. RAMUZ, "Passage du Poète", 1923, chapitre I -- incipit)
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Et alors il a dit au soleil : lève-toi ! Alors la croûte blanche devant lui se défait, s'écaille rapidement comme une peinture fatiguée ; par chacune des fissures la lumière est venue dehors, tandis qu'il est encore dans l'ombre ; seulement il monte. Et sa tête d'abord a été dans le soleil, puis ses épaules ont été dans le soleil.
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Sa hotte a fait clair dans les vignes le jour où il est arrivé.
Il nous avait annoncé son arrivée. Il nous avait dit qu'il s'appelait Besson ; il nous avait dit qu'il était vannier. Et alors l'affaire avait été seulement qu'on n'avait pas été très sûr qu'il y aurait suffisamment d'ouvrage pour lui dans le pays :
-- Vous comprenez, lui disait-on, ce qu'il nous faut, à nous autres, dans le vignoble, ça n'est pas tellement l'osier... L'osier est plein de trous, l'osier laisse passer.

[C.-F. RAMUZ, "Fête des Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète" (1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES, Loire-Atlantique], chapitre I, page 9 (incipit)]
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-- Je dis que c'est comme ça : l'honneur et l'amour. Et point d'argent du tout, s'il faut, parce qu'il resterait l'honneur, l'honneur et l'amour.
Raclant à grands coups pour le bien montrer, raclant, et c'est un travail d'homme une fois les pousses sorties, parce que si les femmes venaient elles risqueraient de les abîmer avec leurs jupes.
-- Nous qu'on est de la vieille espèce, de la bonne espèce, de la vieille bonne espèce, et on est quelques-uns encore de cette espèce, alors hardi !
Il racle.

C.-F. RAMUZ, Fête des Vignerons" (*), re-visitation par l'auteur de son "Passage du Poète", éditions Séquences (16140 Aigre), 1984 : fin chap. VII, p. 96.

(*) ouvrage incluant une "Après-lecture" de Jean-Louis Pierre, président de l'association "Les Amis de Ramuz
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On voit à travers les carreaux le brouillard qui n'est pas encore levé sur le lac : alors l'eau semble sans limites, avec toute une terre qui viendrait d'en sortir comme au commencement du monde, à cause des taches qu'il y a dessus, qui font des fleuves, des lagunes, des estuaires, des presqu'îles.
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La rancune qui est dite n'est déjà plus rancune. Celui qui a pu se dire se quitte ; il se décharge de lui-même ; sa personne part en avant.
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