Moulée dans un mini short en latex argenté, la jeune Chinoise, yeux maquillés de khôl, lentilles bleutées, longue chevelure lisse et noire, n'aurait manqué pour rien au monde la frénétique Mardi Gras Party qui clôturait la fin du défilé de la Gay-Pride dans les rues de Sydney. Autour d'elle se pressaient des skinheads bodybuildés en shorts roses, des touristes en tongs, des bimbos en uniformes de la police et en bas résille... Toute une faune hétéroclite, grimée, déguisée et joyeuse.
Samedi 6 mars.
1h du matin. Moore Park, Sydney (Australie).
TOOM-TOOM-TOOM.
Hua éclata de rire. Son visage était strié par les faisceaux colorés des projecteurs tourbillonnants. Aucun des dix mille danseurs ne pouvait l'entendre. La puissance de la musique annihilait tous les autres sons. Elle saturait l'espace, faisait vibrer dangereusement les structures métalliques du colossal Disco Dome. Entourée de palmiers, ceinturée de bâtiments administratifs en brique rouge, la salle affectait la forme arrondie d'un gigantesque couvercle de cocotte-minute posé au milieu d'Olympic Park. Le Dome accueillait habituellement les finales de compétitions sportives ou les tournages de la célèbre émission de télé-réalité Australian Gladiators.
C’est d’abord un battement sourd et lent, comme le pouls d’un être vivant dans sa matrice, le bruit du liquide amniotique pulsant la vie à intervalles réguliers. […] Un son mat qui se répercute dans les murs d’enceintes, gonfle, prend de la puissance puis de l’ampleur, accélère en s’appuyant sur l’écho.
Strate sonore, après strate sonore. Magma, lave mélodique. (p. 359.)