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2,97

sur 523 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'aime bien Yves Ravey, découvert sur le tard et dont je rattrape depuis à rebours les principaux livres. J'aime son minimalisme, la simplicité et l'incohérence de ses personnages, l'absurdité des situations dans lesquelles il les place.

Alors pour ne pas aggraver mon retard, j'ai évidemment acquis Taormine dont je lisais le plus grand bien, le voyant même figurer dans la première liste du Goncourt (en fait, c'est là que j'aurais dû me méfier).

Mais poussé à l'extrême, tout ce que j'aime chez Ravey devient ici repoussoir dans cette histoire de couple abîmé par le quotidien autant que l'adultère, venu tenter de retisser des liens manifestement disparus, lors d'un voyage en Sicile appelé à être mémorable.

Peut-on dire d'abord sans passer pour un pisse-froid, qu'on est au-delà du minimalisme pour cette grosse nouvelle de 139 pages écrite gros et espacé, même si cela semble devenir une des tendances de l'époque ?

Peut-on dire sans passer pour un chroniqueur aux petits pieds - et même si le roman permet tout -, qu'on est au-delà de l'incohérence du personnage tant les réactions de ce Melvil Hammett (joli clin d'oeil) sont illogiques et jamais rattrapées par celles de son épouse Louisa ?

Peut-on enfin dire sans subir les foudres de la bien-pensance que cette histoire m'a semblé au-delà de l'absurde (que j'apprécie), mais plutôt plate, peu crédible et au final, inintéressante ?

Quant à la fin qui a déjà fait couler beaucoup d'encre de plumitifs, cette pirouette, ce pied de nez, cet incroyable happening avant-gardiste ouvrant grand le champ des possibles à toute conclusion et laissant le lecteur en prise avec lui-même, elle m'aura fait l'effet d'un pétard mouillé.

Bref, je passe, et vais vite me replonger dans un Ravey d'avant, histoire de ne pas rester fâché.
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Déjà, la Sicile, c'est beau, mais alors Taormimine c'est la quintessence de la destination touristique et de la dolce vita: mer et culture, farniente et sites à gogo… La destination choisie par Melvil pour se rabibocher avec sa moitié a donc tout du numéro gagnant.
Il faut dire que Melvil n'a rien pour lui, sauf son nom: chômeur de profession, vivant aux crochets de sa belle et séduisante épouse (dont le coeur bat clairement pour son papa), il sent bien qu'il a intérêt à ne pas se louper s'il veut garder sa Luisa.
Étonnamment, c'est pour obéir à sa femme qui veut se baigner sur le champ que Melvil va quitter l'autoroute, et enclencher la machine infernale. Étonnamment, car cette demande que Melvil ne cessera de reprocher à Louisa ne figure nulle part. En fait, le roman carbure aux clichés: femme fatale, mari faux-dur et vrai-mou, Siciliens tous mafiosi, inspecteur idéaliste; et Ravey fait dérailler cette familiarité vers l'étrange et l'inquiétant (comme cette soudaine capacité de son héros à comprendre l'italien). Cauchemar parfait, le roman (enfin, « roman » est un grand mot) passe de l'étude de moeurs (couple en sucette) au thriller (mais qu'a heurté la voiture du couple?) pour finir en farce bouffonne.
Si Louisa et Melvil s'appellent M. et Mme Hammet, c'est sans doute en hommage aux films noirs (Melvil(le) comme Jean-Pierre?) mais surtout au behaviourisme revendiqué par Dashiell Hammet: jamais de vulgaire psychologie dans ses polars!
Donc, si la voiture quitte l'autoroute sur une injonction jamais formulée, inutile de chercher une quelconque explication : Taormine doit être à une heure de l'aéroport à tout casser, et l'hôtel retenu par le couple s'appelle Via del Mare - pourquoi chercher une autre voie vers la mer? Rien ne justifie la sortie de route, rien si ce n'est la formule elle-même. de même qu'il fallait un couple qui bat de l'aile pour se la faire enfoncer et courir chez le garagiste. Et un choc pour que le lecteur finisse par percuter.
Melvil profite de ses avantages, et devra les payer avec intérêt pour avoir vécu dans un univers factice avant d'en découvrir, à son grand dam, l'envers du décor.
La plupart des écrivains qui ont des migrants parmi leurs personnages tentent de les rendre familiers au lecteur. Ravey inverse le processus: il transforme ses personnages qui nous sont au départ familiers en monstres banals auxquels nous ne voulons pas ressembler: regardez, semble-t-il nous dire, comme c'est facile de passer de l'autre côté.
C'est même un peu trop facile. Arrivés au dernier chapitre, nous tournons encore la page avant de découvrir, ébahis, que c'est la fin. Après la surprise, le rire: « Ah oui, pas mal ». Et puis? le problème des chutes, c'est qu'elles créent une clôture: le livre a une fin, il ne déborde pas sur notre monde; on peut le refermer et ne plus y penser. On a envie de dire: Tout ça pour ça?
En fin « Tout ça », hein, c'est beaucoup dire: je crois que je vais revenir à mon plat de prédilection: un pavé siouplaît.
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Petit roman sympathique. Après Bilbao et les gens qui naissent où ils peuvent, j'ai l'impression que le grand ordonnateur du monde (littéraire s'entend) a décidé de me faire des clins d'oeil en publiant des ouvrages de tous mes derniers lieux de vacances...
Là, c'est la Sicile et sa côte Est qui est au coeur du récit : Agrigente, Catane, l'ETNA en arrière plan...
Déception : Taormine ne figure pratiquement que dans le titre et c'est presque un scandale tellement cet endroit est magnifique. On s'attarde donc assez peu sur la géographie, le livre est bref et il aurait pu être écrit par quelqu'un n'y ayant pas mis les pieds (c'est peut-être le cas d'ailleurs).
On focalise sur les pensées, les tergiversations du protagoniste principal du roman qui a décidé d'offrir à son couple des vacances parfaites consistant en une semaine de visites au pas de course de tous les lieux "à voir" pour pouvoir ultérieurement briller en société. Un vrai boulot de préparation et d'exécution à partit d'une base hôtelière n étoiles (n appartenant aux entiers naturels).
C'est le côté amusant du roman, cette déambulation dans le cerveau tourmenté du narrateur. On souffre émotionnellement pour lui. Pas avec lui car il est difficile d'éprouver de l'empathie pour ce couple sans intérêt mais qui suscite tout de même des interrogations.
Les siciliens sont une caricature des films étasuniens les décrivant et c'est presque drôle tellement le trait est volontairement forcé.
La fin est un peu hâtive mais il ne pouvait en être autrement, c'est le lot des fables, fussent-elles modernes.
En tout cas cette fin ouvre un perspective narquoise qui ne m'a pas fait regretter ce retour sur le lieu de mes vacances d'été...


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J'apprécie beaucoup les Edts de Minuit, j'apprécie beaucoup Y.Ravey, j'aime donc les romans courts ou tout est dit. Sauf qu'ici je n'ai pas trouvé le plaisir de lecture escompté.
Louisa et Melvil Hammett ( comme Dashiell ..)un couple qui s'étiole s'offre un dernier voyage en Sicile ; la semaine initiée par Louisa toute dédiée à la visite des sites antiques démarre mal, la voiture de location heurte « quelque chose » . Ce sont les moments qui s'ensuivent qui font ce roman basé sur la bêtise , la lâcheté, voire l'imbecillité des personnages. de Taormine, pas grand-chose.
S'y ajoute une caricature (quoique) de mafia sicilienne de village.
Seule la fin assez rapide m'a rappelée que c'était une fable ; à méditer donc.
Ce livre est sur la première liste des Goncourt.
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J'adore cet auteur et le rythme de son écriture. On commence toujours par une situation banale, anodine qui va rencontrer des grains de sables et amener les personnages dans des situations rocambolesques.
Pourtant ce roman m'a déçu, je me suis ennuyée et j'ai l'impression d'avoir toujours la même rengaine avec Ravey.
Bon, ça se lit bien mais pas transcendant.
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Une semaine de vacances en Sicile pour tenter de rabibocher un couple à la dérive. Elles se doivent d'être parfaites ces vacances afin de permettre à Melvil et Luisa de retrouver leur complicité et d'effacer les erreurs commises de part et d'autre.
Mais, dès l'arrivée, rien ne se passe comme prévu. Un détour pour voir la mer de près, un chemin défoncé, la pluie battante, .... et puis le choc ! que s'est-il passé ? qu'a donc heurté la voiture ? un engin de chantier ? un chien ? un enfant ? le lecteur n'en saura rien, pas plus que Melvil qui n'ira pas vérifier ce qu'il s'est passé !
Mais dès le lendemain, Melvil apprendra qu'un enfant est mort, victime d'un accident, justement sur le chemin qu'il a emprunté.
Alors qu'en est-il de tout cela ? que faut-il faire ?
Et voilà la valse des petits arrangements avec sa conscience pour ne pas se compliquer la vie, les ratiocinations de celui qui tente de se persuader qu'il ne s'est rien passé, que cela n'a aucune importance, les accommodements avec les faits !
Voyons, on est là pour voir l'île, non ? donc on va agir en touristes appliqués, visitant scrupuleusement les sites indiqués par le guide. On ne va tout de même pas se pourrir les vacances ... pour si peu ..... heu ... si peu vraiment ? de supputations en supputations Melvil va être amené à prendre certaines décisions.
Yves Ravey aurait pu rendre ce récit haletant, pointant d'un trait acerbe Melvil et son épouse, tous deux égoïstes, imprévisibles et indifférents, plus cette Sicile et ses habitants décidément montrés d'une manière peu amène - doux euphémisme -
Conté par Melvil en personne de façon sèche et très distanciée, mais beaucoup trop sèche, à mon sens, et beaucoup trop factuelle, ce périple en Sicile apparaît, grâce à cette écriture totalement désincarnée, comme un récit sans âme de journaliste pressé de terminer sa copie, et laisse le lecteur cruellement sur sa faim !
Dommage, tout cela aurait dû être passionnant !
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Des vacances tardives sous le soleil de la Sicile peuvent elles rabibocher un couple ? 

Luisa, fille du Professeur Razzoli (la référence au père revient tant de fois dans le roman qu'on l'imagine bien partant en vacances avec sa fille et son gendre !) et son mari Melvil Hammett arrivent à l'aéroport de Catane pour une semaine de vacances en Sicile, entre farniente et archéologie.

Premières anicroches autour de la sur-assurance à contracter auprès de la compagnie, et les voilà partis pour l'hôtel Via del Mare de Taormine.

Soucieux d'apaiser son épouse, Melvil, quitte l'autoroute pour satisfaire l'envie de baignade de Luisa. Mauvaise pioche, c'est un chemin de terre qui conduit à un snack bar. Elle profite de la mer, il l'attend, ils n'ont pas de serviette, il l'essuie avec une de ses chemises ...

La nuit tombe lorsqu'ils s'en vont, il oublie le prospectus de l'hôtel au snack-bar, la voiture heurte un obstacle, ils poursuivent leur route, se perdent, passent la nuit dans un village tout aussi perdu qu'eux ... 

Yves Ravey distille les mauvaises décisions, les irritations que tant Melvil que Luisa provoque chez l'autre, l'envie de reprendre les vacances, quand il faudrait faire réparer la voiture

Masi est-ce vraiment une bonne idée que de chercher un carrossier ? de se confier au barman de l'hôtel ? de ne pas contacter la police ? ... 

Bref, loin de se prélasser lors de vacances réparatrices, le couple expérimentera une descente dans l'indicible, dans l'horreur d'un retour migratoire ...

Dans un court roman de  144 pages, Yves Ravey fait la prouesse de nous entraîner du coeur d'un couple qui se délite à la tragédie des migrants en passant par les petits arrangements siciliens avec la loi.

Un auteur que je découvre et dont je vais essayer de trouver d'autres titres ... malgré le malaise généré par celui-ci ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Un couple, Melvil et Luisa, proche de la rupture, décide de se donner une chance en allant passer une semaine, en Sicile, à Taormine. Luisa voulant voir la mer dès leur arrivée, ils prennent une route qui les conduit sur un terrain vague; en repartant, de nuit, sous la pluie, ils heurtent quelque chose. Ils découvrent le lendemain dans les journaux, que le quelque chose est un enfant de migrant. Commence alors une descente aux enfers qui les mettra dans la position de ceux qu'ils méprisent et qu'ils tiennent pour quantité négligeable.
Ce roman noir, sorte de fable, met en scène un anti-héros, chômeur, entretenu par son beau-père qui va se révéler, au fil des mauvaises décisions qu'il prend, dans toute sa lâcheté; sa vilenie, son cynisme. Comme dans son précédent roman, "Adultère" (2021), Yves Ravey nous met dans la position du voyeur qui regarde, avec une certaine délectation, Melvil pris dans une toile d'araignée dont il a tissé lui-même les fils. L'auteur dépeint toute une galerie de personnages tout aussi méprisables (le garagiste, le serveur de l'hôtel, le dernier policier, l'aubergiste), en forçant quelque peu le trait. N'y a-t-il que des mafieux en Sicile?
Le premier tiers du roman est soporifique et j'ai failli abandonner ma lecture mais au vu du nombre minimaliste de pages (140), je me suis dit que l'ennui ne s'éterniserait pas. Ce début est d'une totale vacuité : on reste sur l'autoroute ou on le quitte? On va à Taormine ou on s'arrête? On dort dans la voiture ou dans une chambre d'hôtel? Telles sont les questions philosophiques auxquelles est confronté le lecteur. Puis l'intrigue s'anime, le lecteur est alors récompensé de sa persévérance.
J'ai trouvé le style plat, terne, proche d'un compte-rendu de police. J'ai lu, dans une interview qu'Yves Ravey avait accordée à "Lire", qu'il réduisait au strict minimum, ses intrigues et les phrases en supprimant quasiment tous les adjectifs. Ceci explique donc ma sensation de platitude. Me voilà rassurée, il s'agit d'un procédé stylistique même si je ne l'apprécie que moyennement.
Malgré ces réserves, l'écriture et l'imaginaire d'Yves Ravey ne me laissent pas indifférente et finalement un des objectifs que je recherche dans la littérature est atteint.
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Les éditions de Minuit ne sont plus une garantie de qualité, c'est un constat que je fais une fois de plus avec ce livre.
L'écriture est assez belle; je ne crois pas connaître l'auteur mais je me suis ennuyée à cette lecture et je n'insisterai pas: ma pal déborde de tentations.
Ce couple est bizarre et ce n'est sans doute pas une semaine en Sicile hors saison qui va les réconcilier. Lui sort trop vite de l'autoroute et se perd, elle veut absolument se baigner dans l'eau glacée...sur un chemin désert, un choc violent mais personne ne descend voir les dégâts, peu crédible...et qu'un corps d'enfant percuté laisse une trace importante sur la carrosserie, pas très crédible non plus. La suite l'est encore moins; un journal fait part de la mort d'un enfant sur le lieu du choc. Peu de compassion de la part du couple qui ne pense plus qu'à échapper aux recherches "quoi qu'il en coûte". Cela m'a paru très répétitif, je n'ai pas accroché.
Heureusement, c'était un emprunt...
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Alors certes, il semblerait que cet auteur soit coutumier de courts romans noirs et sobres avec une intrigue la plus simple possible, bref, que ce soit un spécialiste de l'épuration linguistique (le moins de répétitions, d'adjectifs, ...)
Alors certes cela fonctionne vraiment très bien dans la première moitié du livre où l'auteur impose à son couple de touristes en Sicile toute une succession d'incidents qui vont les mener vers le fait divers. Effectivement simple et efficace.
Mais par la suite, j'ai eu l'impression que l'auteur avait démissionné : la narration s'arrête, la fin de l'histoire n'est pas comprise dans le prix !
Yves Ravey a dû se sentir satisfait d'avoir produit un nouvel objet littéraire, mais en ce qui me concerne, je me suis senti frustré ...
Avis moyen au final.
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