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Citations sur Fausse note (10)

Dehors il neige. Le petit garçon a toujours l’impression qu’il neige dans ce pays. Ce n’est pas son pays, non, il vient avec sa famille de plus au sud, pas trop quand même, là où les saisons donnent des repères, la neige l’hiver, les bourgeons au printemps, la baignade l’été et les cèpes en automne. Sa petite main a écarté la buée d’un des quatre carreaux de l’unique fenêtre de la pièce chauffée par un gros poêle à bois en fonte grise. Il faut l’alimenter le poêle, car l’endroit, sans être grand, est mal isolé. Il doit toujours faire bon ici, c’est le studio de répétition en quelque sorte, les instruments y dorment et les instruments, c’est sacré. La grosse différence de température fait qu’il y a toujours de la buée. Le garçon sent l’air glacial du dehors s’infiltrer entre le mastic brun et le verre en collant son front lisse contre le carreau. La pendule indique 16h15, il fait presque noir et dans la pénombre, il aperçoit une cohorte de silhouettes voutées tracer un sillon dans le passage immaculé. Il ne perçoit pas le crissement des chaussures sur la neige fraîche, mais il entend des voix d’hommes crier des mots qu’il ne comprend pas, il se doute que ce n’est pas amical. Il a peur. Il ne sait pas au juste pourquoi il est là, lui dans cette pièce et son père et sa mère, séparés, chacun dans un dortoir bondé, chauffé par la seule présence humaine. Il les voit presque tous les jours, quelques minutes. Sans le satisfaire, ça le rassure.
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Il ne faut pas grand-chose pour être heureux dans ce paradis. Une mouette, intriguée, est venue se poser sur la poupe du petit canot… ici, même les mouettes sont domestiques. Je me suis réveillé, d’abord ahuri, puis après quelques secondes de flottement, heureux de me retrouver là, car si la nature ne m’a pas conféré de qualités exceptionnelles, physiques ou intellectuelles, je ne peux pas lui en vouloir, à la vue du spectacle que je contemple chaque jour. J’aime l’observer et je sais qu’elle m’examine elle aussi par l’œil rond d’une mouette ou peut-être celui effilé d’un chat aux longs cils. La sensation d’apaisement que j’éprouvais déjà à l’âge de dix ans devant les roselières de mon lac du Bourget ne m’a jamais quitté, même dans les moments de détresse les plus intenses. Je n’ai certes pas le flair du policier de légende ni sa vitesse de réflexion, non, je suis un besogneux, mais un besogneux contemplatif, un circuit direct doit exister entre mon œil et mon cerveau diesel.

Cette appétence pour l’observation a contribué à la petite réputation de « dénoueur » d’énigmes qui commence à me coller à la peau, la capacité d’attention aux petits détails qui, comme il est dit dans un conte zen, peut détruire complètement la vie d’un homme. On peut acquérir des biens matériels, les voler ou les gagner, « l’homme est un loup pour l’homme », mais heureusement ce qui n’est pas comptabilisable et commandé par la raison ne se chaparde pas, entre autres le talent, le bon sens, la repartie, l’intuition ou l’observation et c’est tant mieux. Je ne crois plus en l’homme, mais je crois en son âme.
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Le prétentieux commissaire Mandrin, mon ancien patron en baudruche, est parti d’Arcachon, en conséquence de quoi, je suis resté en poste dans ce havre iodé, pourtant à deux doigts de tout envoyer valser à cause de cet abruti. Le nouveau patron est bosseur, ouvert, non politisé, normal en quelque sorte et cela m’a fait des vacances avant mon affectation au commissariat de Bordeaux.
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Voilà le récit qui me tombe dessus, à moi Anselme Viloc, trente-neuf ans, inspecteur de police au commissariat de Bordeaux, et je viens de nourrir d’un rêve quatre feuillets A4 carbonés en trois exemplaires. Le petit bonhomme de Folon peut faire des pirouettes, un rêve comme élément tangible d’une enquête, une nouvelle section dans la police judiciaire vient de naître, le BR, le bureau des rêves. Et pourquoi pas, j’innove ! Bizarrement, j’ai trouvé devant moi un type sincère, à la fois démuni et volontaire, hagard et attentif, quelqu’un qui a, de toute évidence, besoin d’aide. Il est à la fois craintif et agressif, un mélange d’épagneul et de pitbull, il m’émeut. Il a frappé à la bonne porte, mon intérêt pour ce type d’affaire est maintenant bien connu dans les services depuis l’improbable résolution du mystère de l’évaporé des Vallons il y a près de quatre ans du côté du Cap-Ferret. À écouter son histoire, beaucoup l’auraient pris pour un fou, pas moi et je le lui fais savoir
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Écrasé par cette révélation, je me levai péniblement, entrai dans la chambre de ma femme, l’enlaçai et me mis à sangloter. Elle fut à la fois effarée et émue, je ne lui ai rien dit… Dans un silence erratique, j’ai senti une main hésitante me caresser la tête, enfouie au creux de son épaule. Une impression presque oubliée. Demain, dans un premier temps, j’irai casser la gueule au parrain de ma fille. Je recontacterai le commissariat en charge de la recherche de Pauline. Mon cauchemar prémonitoire m’a, semble-t-il, donné des ailes.
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Lentement les objets autour de moi cessèrent de flotter, ils reprirent leur place, immuables, le trouble s’étiolait et mon esprit retrouva un équilibre précaire. Une fois tout à peu près en ordre, je réalisai que ce cauchemar était plus proche de la triste réalité que d’un mauvais rêve. Je fis alors une chose inhabituelle, je pris note de toute cette histoire abracadabrante encore fraîche dans ma mémoire, point par point. L’originalité de cette incroyable odyssée ajoutée à la véracité de certains détails de ma vie fit glisser sans effort une plume tremblante. En fait, à part un environnement géographique inconnu, tout est exact, le boulot, les dettes, ma famille en lambeaux, ma fille je ne sais où… J’avais en effet acheté l’échelle, la corde, mais ma conscience ne m’avait pas encore rattrapé, je devais passer à l’acte dans la matinée. Ce serait évidemment trop simple.
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Pitié, pitié, me surpris-je à hurler, en sueur, assis sur mon lit. Un cauchemar, ce n’était qu’un cauchemar mais d’une telle force, d’une telle brutalité… Je mis du temps à réaliser.
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Je me suis pendu, en effet, ce matin, très tôt. J’ai laissé la traditionnelle lettre, dans laquelle je demande pardon, un peu comme la carte postale envoyée systématiquement à chaque voyage, montrant, entourée au stylo bille, la chambre occupée par un expéditeur fier d’exhiber son dépaysement. Que du crasseux d’une banalité grise.
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Un tribunal, je me trouvais devant un tribunal, un juge, deux assesseurs, mais je ne comprenais toujours pas le principal objet du délit. J’étais fatigué, je n’arrivais plus à rien et concernant la disparition de Pauline, la police ne me laissait que peu d’espoir de la retrouver, dix mois c’est long…
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Il y avait de tout dans ce grand vestibule. Des hommes en majorité, des clodos, mais aussi des costumes trois-pièces, des jeunes, des vieux, on se serait cru à la Cour des miracles. Mais là, les gens ne se parlaient pas. Certains sortaient hilares de leur entretien, brandissant leur sésame, d’autres, le regard fixé sur leur porte, à l’affût du moindre déplacement, semblaient soucieux et perplexes, sans compter ceux évacués sur des civières. J’avais cru remarquer que les plus joyeux étaient issus de la porte A. Plus on avançait dans l’alphabet et plus les visages se fermaient, la porte D ne laissant apparaître que de rares fantômes, la E restant jusque-là close. Je commençai à m’inquiéter.
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