Il s'agit d'un roman monstre, roman puzzle comme l'explique l'auteur dans sa brillante postface. Un pavé qui entremêle différentes lignes narratives, qui suit le destin de quatre personnages, dont l'auteur lui-même, qui se met en scène avec autodérision ou complaisance, selon les passages. le tout formant un ensemble forcément inégal, déroutant. Les personnages changent d'identité d'une page à l'autre - ce qui à première vue semble assez gratuit. Souvent provocateur - qu'il s'agisse de violentes diatribes contre la bourgeoisie intellectuelle de gauche ou de scènes crues très explicites - mais indéniablement intelligent et jouissif. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'oeuvre, mais j'ai fini par m'y intéresser vraiment, même si la posture d'Éric Reinhardt a tendance à m'agacer plus qu'à me séduire. Quelques passages à relire sur la beauté de l'automne à la terrasse du café de Nemours place du palais Royal, sur la perception du cycle des saisons, sur la figure de Proserpine (encore l'automne), sur l'amour absolu avec l'éloge de la femme aimée, sur une conversation passionnante avec
Louis Schweitzer et aussi les pages consacrées aux hedgefunds, aux inégalités sociales, un éloge de la danse contemporaine, de belles pages sur des déambulations à travers Paris, etc. L'ensemble forme un ensemble non pas cohérent mais attachant, un autoportrait de l'auteur à travers ses doubles fantasmatiques, ceux qu'il aurait pu devenir s'il n'avait pas rencontré Margot à 23 ans…