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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre... Ou un sort ?

Je ne connaissais pas l'auteur et, en ce mois un peu magique d'Halloween, ce titre inspiré me laissait espérer un conte moderne, entre satire et poésie. Mais, si je ne savais pas exactement à quoi m'attendre, il est certain que je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai lu ! Et ce ne fut pas pour me déplaire…


Première surprise, il s'agit en fait de 4 récits différents qui s'alternent et se rejoignent.
Deuxième surprise, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, les 4 personnages principaux sont des hommes.
Troisième surprise… L'un d'entre eux est l'auteur narrateur ! On comprend bientôt que les autres sont des variantes inventées de ce qu'aurait pu être l'auteur.
Nous obtenons donc un roman complètement original et intriguant, déstabilisant par l'absence de schéma narratif classique mais tellement bien écrit qu'on ne peut le lâcher, même si on se demande quel OL(ittéraire)NI on est en train de lire, et quel est le sens de ces 4 récits ! Car tout en s'adressant clairement au lecteur, Eric Reinhardt entame bien 4 histoires différentes ; Et si, finalement, elles n'en racontent qu'une, on ne percera totalement le mystère qu'à la toute fin.


« Ecrire, pour moi, depuis toujours, c'est inventer une forme. »


Certains ont pu se demander quel besoin narcissique a poussé l'auteur à se raconter au milieu de ce roman, à parler de lui, de son oeuvre, de ses passions, régler ses comptes avec la presse, etc… Je pense que ce n'est pas tellement la question. Si on fait confiance à l'auteur et qu'on se laisse porter, le fil se déroule tout seul sans que l'on s'ennuie. Nouveau roman (l'auteur fait beaucoup référence à Joyce ou Breton, joue infiniment sur les variantes d'une même situation, d'un même mythe), essai, ou autofiction fantasmée ? Plus on avance et moins cela a d'importance : Ce qu'a écrit Eric Reinhardt est novateur et brillant et, au fil du récit, c'est tout naturellement que l'on comprend quels messages l'auteur essaye de faire passer dans ce roman. C'est déstabilisant mais ça a du sens et le fond et la forme finissent par s'imposer comme une évidence tant l'auteur, à l'aide de détours apparents, arrive à nous emmener là où il voulait en venir.


« Ce qui suppose du lecteur qu'il accepte de se soumettre à l'épreuve du texte (au lieu de prendre un taxi pour s'abriter du vent, de la pluie, du spectacle automnal) et de s'abandonner sans réserve. Etre réceptif à tout prix : voilà le principal. Se mettre en condition d'être submergé à chaque instant par un quelconque phénomène extérieur. »


Certes, ce roman l'a probablement aidé à surmonter le fait d'avoir d'abord été rejeté car, il l'expose lui-même, il est persuadé qu'il existe un déterminisme littéraire qui découle d'un déterminisme social. Ceci explique le thème de ce roman et le message qu'il délivre en explorant, par l'autobiographie et l'autofiction, la question de la discrimination sociale. Mais ce qui ressort surtout de ce roman, c'est la poésie et la magie avec laquelle il voit la vie, la volonté de faire toujours mieux, de regarder le monde avec enchantement pour vivre mieux et supporter le monde.


« Je voudrais que mes livres soient comme des sortilèges, que leur pouvoir relève de la magie, de l'envoûtement, de la possession. Exactement ce que je cherche à vivre dans la réalité ».


Cendrillon, le mythe du pied bandé, la passion de l'auteur pour les pieds cambrés, pour la danse et pour l'automne, les sortilèges. Issu d'un milieu populaire, attendant qu'on l'aime et tentant d'entrer dans la cour des grands écrivains, le carrosse de la célébrité s'étant transformé en citrouille lorsque la presse - la bourgeoisie intellectuelle de gauche - a descendu son dernier livre… : Cendrillon, c'est lui.
C'est son histoire qu'il raconte, et celle de milliers de gens issus des classes moyennes ou défavorisées, qui essayent par tous les moyens de s'en sortir et sont écoeurés par le système.
A partir de son propre personnage, il imagine à l'aide des trois autres ce qu'il aurait pu devenir. Ce qu'il aurait pu devenir si quoi ? S'il n'avait pas rencontré Margot à 23 ans pour commencer, cette épouse qui le fascine ; et puis ses lecteurs aussi, à qui l'auteur - Cendrillon - laisse en s'enfuyant, quand minuit sonne et que le roman s'achève, ses récits d'encre et de papier en guise de pantoufle de vair qui, peut-être, nous permettrons de le retrouver.


« J'ai eu de la chance de ne pas connaître avec elle les nuits torrides du commencement qui font aborder les histoires par la fin. C'est à dire par le paroxysme. A-t-on jamais écrit un roman qui débute par son paroxysme ? Et qui ne peut que décliner en intensité ? C'est absurde ! »


Ainsi, en plus de découvrir ce que son autobiographie nous dévoile de son expérience, c'est l'histoire du système économique français et des moeurs du pays que nous étudions à l'aide des trois autres familles décrites. Et l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère dans la noirceur et la décadence. Si l'un tente de s'en sortir dans la finance, sa volonté de grandeur ne rendra la chute que plus difficile. le deuxième, à force d'être rejeté et d'en venir à détester ses parents qui l'ont fait naître dans ce milieu, deviendra complètement asocial, suicidaire voire terroriste. le troisième se réfugiera ou s'évadera dans ses déviances sexuelles. Mais heureusement, avant de basculer avec ses anti-héros, l'auteur a rencontré sa femme ; Et son public. Ecouté, aimé, (lu), il délivre son message. Saurez-vous l'écouter à votre tour ? Ce roman testament est un petit bijou plein de réflexions intéressantes et bien écrites. A découvrir si vous n'avez pas peur de la différence, mais à ne pas mettre entre toutes les mains ! Et quant à moi : Mission réussie, Monsieur Reinhardt, vous m'avez ensorcelée…


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D'Eric Reinhardt, je n'avais lu que "l'amour et les forêts" qui fut un choc littéraire. Si grand que, bien que cinéphile, j'ai toujours refusé de voir le film qui en est tiré et pourtant j'apprécie Virginie Efira et Valérie Donzelli.
J'abordais avec appréhension ce "Cendrillon".
Mais j'ai retrouvé le style qui me convient parfaitement et quoiqu'un peu bavard, j'ai adoré une nouvelle fois.
L'idée est géniale même si j'ai eu un peu de mal à la saisir au début.
Cendrillon met en scène, alternativement, Eric Reinhardt, écrivain, et ce que l'on pourrait qualifier d'avatars, au nombre de 3.
Des doubles de lui-même ou de ce qu'il aurait pu devenir si le Destin avait été différent, sans que l'on soit certain que le "vrai" Eric Reinhardt raconte sa véritable histoire !!!
Un avatar que l'on suit en priorité, trader plein aux as, un second, obèse et mal dans sa peau et le dernier, géologue.
Mais la finesse et la construction du livre font que le géologue, par exemple, s'efface souvent devant les 3 autres "personnages", certainement car il est trop fade (on ne le voit plus pendant pas loin de 300 pages). Et une bribe de souvenir ou un souvenir apparaît passe d'un avatar à un autre pour en modifier l'existence ou devenir toute autre chose.
Le livre ne plaira pas à tout le monde, j'en suis certain, mais ceux qui parviennent à persister, trouveront là un ouvrage étonnant par son sarcasme et son inventivité.
Moins puissant et fort que "l'amour et les forêts" mais remarquable tout de même au niveau créatif.
Et il est même parvenu à me convaincre que suivre les fluctuations des cours de Bourse s'apparentait à un thriller flippant. Quel exploit !!!



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Un roman inclassable et indéfinissable que ce Cendrillon d'Eric Reinhard. Quatre destins dont trois qui auraient pu être autant de vies du narrateur si Margot n'était pas entrée dans sa vie. Chaque personnage croise sa "marraine", élément déterminant de leur vie.
Ne vous attendez pas à un récit construit: il y a certes un peu de "story telling" mais ce sont surtout les grandes envolées poétiques de l'auteur sur l'automne, sur la définition du pied parfait, sur la construction du désir, ou bien encore ces pages consacrées à l'économie boursière qui m'ont le plus marquée. Et quand Eric Reinhardt part dans des digressions fantasques on le suit, parce qu'il sait avant tout y mettre, par son style et par la finesse de son analyse, une profondeur et une densité impressionnantes.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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C'est un fait ! Pas facile de rentrer dans la mécanique de ce livre. Des personnages de tous les côtés qui s'enchaînent rapidement. Ils se ressemblent tous plus ou moins, les noms se mélangent. On ne sait plus qui est qui. Les avatars avancent de concert. Je m'y perds. Cependant la magie opère tout doucement. Des scènes hallucinantes poussées à leur paroxysme se succèdent parfois bizarres ou glauques, un peu trop salaces. Un humour souvent présent, détergent. Une écriture précise, maîtrisée. C'est un livre qui parle de révolte, de la rage de se sentir déclassé, jamais à sa place, d'incapacité d'accéder à ses désirs. Il y a des thèmes récurrents qui se percutent de personnages en personnages comme la relation père fils, la honte ou la fatalité, l'incapacité de dépasser sa classe sociale si ce n'est un miracle. Je préfère souvent les passages concernant les avatars de l'auteur plutôt que ses descriptions ou perceptions oniriques quand il se met directement en scène au café Nemours de la place royale à Paris. Mais beaucoup de ces moments m'ont beaucoup plu comme quand l'auteur découvre que son fils de huit ans lit l'équipe ou la description du travail du chorégraphe Perljocaj. Bref c'est un livre aussi déroutant, rebutant que superbe. L'écriture est aussi étonnante et violente que les sentiments qu'elle porte. Pour avouer son amour caché pendant des années quand un des personnages se lance enfin dans ce risque fou, pour dire la violence de l'effort qu'il fait pour se lancer à avouer ses sentiments l'auteur écrit « Je me défenestre ». Pourquoi Cendrillon ? c'est l'espoir de s'extirper de son déterminisme social et la lutte contre les forces contraires. C'est l'auteur lui-même, un peu obsédé sexuel toute foi. C'est un livre qui porte une révolte contre la société telle qu'elle est avec toute sa violence et son absurdité. Les passages sur les traders peuvent paraître fastidieux mais il viennent dire la folie du monde.
Je ne le conseille qu'aux rêveurs, qu'aux sensibles et surtout aux persévérants.
Ha ! J'oubliais : il vaudrait mieux que l'automne soit votre saison préférée.
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j'ait teres tres bien aimer ce livre bravo
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