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Citations sur L'Amour et les Forêts (385)

On rencontrait sur Meetic des personnes qui choisissaient de se faire appeler Hérodiade?
En réalité, il devait y prospérer une compagnie bien plus sophistiquée qu'elle ne l'avait imaginé (pour ne pas dire pédante, soucieuse de se signaler prioritairement par son niveau d'éducation), sans doute des professeurs de lettres aussi esseulées qu'elle, aussi amères qu'elle pouvait l'être ce soir-là, n'ayant pour toute consolation que leur amour des livres et l'espoir d'une rencontre insensée, quelle pitié.
Bénédicte Ombredanne réitéra l'opération avec le prénom de l'héroïne des Nuits Blanches de Dostoïevski (Ce pseudo n'est pas disponible, voici quelques suggestions, etc.), puis excédée tapa Roseroserose (Ce pseudo n'est pas disponible, voici quelques suggestions, etc.), avant d'opter pour l'astucieux Fionarose, que Meetic accepta.
Me voici Fionarose.
Etes-vous prête à vous engager dans une relation?
Bénédicte Ombredanne cocha l'option laissons faire le hasard.
Votre statut marital : mariée.
Vous vivez : avec mes enfants.
(...)
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Il l’embrassa.
Leur baiser dura longtemps.
Tant d’évidence dans l’entente instinctive de leurs bouches étonna Bénédicte Ombredanne, elle qu’aucun homme n’avait plus embrassée depuis de très nombreuses années (son mari n’utilisait jamais ses lèvres pour enchanter les siennes, exception faite des smacks qu’ils échangeaient quotidiennement, matin et soir, de pure routine, comme une carte magnétique qu’on passe sur une cellule optique pour entrer et sortir d’un bâtiment).
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— Alors que là je vais leur dire que j’ai passé la journée à la campagne, parce que j’avais besoin de réfléchir. Je leur dirai que je suis tombée en panne d’essence. Ils seront rassurés, certes, si tant est qu’ils aient été inquiets, mais ils seront surtout déçus, ou irrités par les désagréments causés par cette bizarre escapade, en premier lieu le frigo vide et le fait qu’aucun repas n’aura été préparé. Ils auront faim, terriblement faim, tous autant qu’ils sont, le père comme les enfants, bien entendu, comme par hasard. La satisfaction de mes envies, de mes besoins, ils s’en tapent, tu ne peux pas savoir à quel point. Mon équilibre ou mon bien-être, exactement pareil, indifférence totale. Personne ne se demande, chez moi, jamais, si je vais bien, ou pas, si je suis heureuse, ou pas, s’il me manque quelque chose, ou pas, absolument jamais.
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Ce qui accentuait cette intuition que Bénédicte Ombredanne n'allait pas très bien, c'était aussi l'importance qu'elle accordait aux livres qu'elle adorait, une importance que je sentais "démesurée": comparable à un naufragé qui dérive en haute mer accroché à une bouée, elle les voyait comme détourner leur route et s'orienter lentement vers sa personne de toute la hauteur de leur coque, c'était bien eux qui allaient vers elle (...)
En cela je dois admettre que les lecteurs de cette catégorie n'ont pas une attitude ni des attentes fort différentes des miennes: moi aussi j'attends des livres que j'entreprends d'écrire qu'ils me secourent, qu'ils m'embarquent dans leur chaloupe, qu'ils me conduisent vers le rivage d'un ailleurs idéal. Elle me voyait comme un capitaine au long cours qui l'aurait distinguée dans les flots depuis le pont de son navire - et qui serait venu la sauver. (p.13-14)
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...la réalité n'est pas tellement généreuse avec ceux qui réclement d'être enchantés.
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D'une certaine façon, Bénédicte avait sacralisé sa vie et le réel, elle avait un sens aigu du sacré et de l'instant présent : elle attendait de l'instant présent qu'il la conforte dans la sensation que sa vie était belle et qu'elle avait du sens, et c'est parce qu'elle sentait que sa vie était belle et qu'elle avait du sens qu'elle parvenait à déceler dans l'instant présent des beautés que personne d'autre ne percevait. C'est dans la dynamique de ce rapport réciproque au réel qu'elle se sentait vivante, unique, et estimable, et qu'elle pouvait envisager l'avenir avec sérénité.[...]Telle était ma jumelle, oui, telle était Bénédicte, et il n'est pas nécessaire d'être un grand psychanalyste pour se représenter les dangers de ce système : rien n'est plus périlleux que faire reposer son existence sur des fondations à ce point circonstancielles, si dépendantes de ce qui relève du sensible et de la perception sensorielle, du moment présent, de ce qu'on est intérieurement à chaque instant de sa vie, en dehors de tout principe d'invariance, d'acquis définitif et de stabilité - comme s'il lui fallait conquérir chaque jour, ou le réinventer, le sens de sa vie, plutôt que de l'avoir identifié et capturé un jour une bonne fois pour toutes.
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Nous n'avions pas du tout le même caractère, elle a toujours été plus fragile, plus fragile mais aussi plus dévouée, plus généreuse que je ne l'étais. Il fallait voir comment elle défendait les autres, à l'école, quand elle était déléguée de classe, elle se battait comme une furie et jusqu'au bout, mais elle, en revanche, elle était incapable de se défendre elle-même. Si l'on veut être heureux, il faut aussi penser un peu à soi. Ca, Bénédicte, elle ne l'a jamais compris, elle pensait que son bonheur passait par le bonheur des autres.
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Quand on dîne tous les quatre, il ne m'écoute pas, il ne me dit jamais le moindre mot qui pourrait amorcer une conversation, si je lui pose une question il l'élude ostensiblement, il se concentre exclusivement sur les enfants, avec lesquels il est toujours prévenant et onctueux. Il se préoccupe uniquement de leur bien-être, afin que par contraste je me sente vraiment nue, nue de toute affection, tenue pour négligeable. Encore moins qu'un animal, que l'on caresse, encore moins qu'une plante verte, que l'on arrose, encore moins qu'un objet, qu'on époussette, encore moins qu'une prostituée, que l'on rétribue.
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Regardez, l'ai-je entendu me dire, regardez comme la lumière est belle, vous avez eu raison de l'affirmer dans votre livre, c'est à l'automne que la lumière est la plus belle; aujourd'hui elle est miraculeuse, on la sent vibrer dans l'atmosphère comme des milliards de particules. J'ai l'impression que si j'avance la main vers la beauté de cette vision je vais pouvoir la toucher et qu'elle va réagir, comme quand on pose les doigts sur le pelage d'un chat.
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Accepter sa propre bizarrerie pour en faire sa joie, n'est-ce pas ce qu'on devrait tous faire dans nos vies?
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