S'il fallait se dire adieu

Mon coeur ne bat comme il faut qu’en ta présence,

Je me souviendrai toujours de cet instant, se dit il. De cette si belle fin de journée, de mon coeur qui lutte, de la douceur de sa peau. De la joie sauvage et effrayante d’être jeune.

Ça ne va pas. Ça n’ira jamais, dit-elle. Je ne veux pas vivre dans monde ou tu n’existes pas.

Vous là voyez, ma peine ? Elle est si abyssale, bien plus que je pourrais la décrire. Je n’ai pas les mots.

Finalement, faire souffrir, c’était possible, même si ni l’un ni l’autre n’en avait rien à foutre, même si le seul objectif de chacun, c’était d’échapper un temps à la douleur.

Se voir priver ainsi de ce qu’il désirait tant lui semblât soudain insupportable. Il brûlait d’être avec elle, et il voulait profiter de cette chance de l’aimer : pour tout le monde sur cette Terre, aimer, c’était une évidence…

«  Je ne sais pas trop… disait elle en levant les yeux, comme en quête d’inspiration divine. Qu’est-ce qu’on souhaite, au fond, dans la vie ? Se rendre utile ? Être un roc pour les gens qu’on aime. Être aimé, et que l’on garde de nous, toujours, un souvenir doux. Et puis, si tout ça nous reste inaccessible,

Dans ses moments de fragilité les plus intenses, il estimait fort probable que sa vie s’achevât sans qu’il ait connu l’amour sincère d’une fille ou, plus important peut-être, sans qu’il ait pu utiliser pleinement le potentiel de ce coeur défaillant.

Moi aussi, je tombe… On tombe tous, au fond, même ces filles qui toupillent, bras de soie au-dessus de la tête… Et on a beau le savoir, on n’y croit jamais vraiment.

Ce qui effrayait plus encore Scott que l'idée de mourir, c'était celle qu'une fois qu'il serait mort, il ne resterait plus rien de lui; qu'il serait recouvert comme une plage par la marée et que, lorsque l'eau se retirerait, il aurait disparu.