Il vit le nom inscrit en lettres d'or ,mais sans le lire , il secoua la tête et marmonna Non merci,trop tard car elle en avait déjà laissé échapper un jet droit sur ses deux mains levées dans un geste de défense .Sur lui l'effet fut cataclysmique . Il recula et , lorsque cette essence lui assaillit les narines ,il sentit un séisme le secouer de la tête aux pieds.
Dès qu’elle souriait, si vous étiez un homme, vous sentiez votre cœur fondre et vos jambes menaçaient de céder sous votre poids. Ses mains évoquaient les fleurs aux couleurs lumineuses d’un arbre tropical et sa peau avait la texture d’un pétale de lys effleuré par le soleil couchant. Elle portait toujours des jupes très courtes et des chaussures à très hauts talons, des T-shirts d’un blanc immaculé l’été, des pulls floconneux d’un blanc tout aussi immaculé l’hiver, et un seul diamant (ou une pierre scintillante) piquée dans une narine parfaite.
Elle ne réclamait pas l’amour passionné ou même cette sorte de dévotion qu’elle avait eue pour l’homme de sa vie, non, rien qu’un tempérament agréable, qui l’attirerait et qui apprécierait sa compagnie.
Les passants aiment assister aux confrontations entre les contractuelles et d’infortunés automobilistes, dans le seul espoir d’assister à une bagarre.
La beauté de Zeinab, telle était la raison qui attirait beaucoup d’hommes dans la boutique. Inez n’éprouvait pas le besoin de se bercer d’illusions, elle était très sûre d’elle, mais elle avait connu des jours meilleurs, et même si elle avait été aussi ravissante que Zeinab, à cinquante-cinq ans il était inévitable qu’elle ne soit plus en état de rivaliser.
Il aurait été plus agréable de respirer de l’air frais, au lieu de cette puanteur, mélange de diesel, de dioxyde de carbone, de curry et d’urine, grâce aux messieurs venus se soulager contre les palissades aux petites heures du jour, mais c’était la vie moderne.
Pour tout le monde ou presque, le mot « jaguar » évoquait d’abord une voiture et non un animal, Inez ne l’ignorait pas et, d’après elle, cela en disait long sur le monde dans lequel nous vivions. Ce jaguar au pelage noir, à peu près de la taille d’un très grand chien, avait été jadis une créature de la jungle qu’un grand-père, chasseur de gros gibier, avait tirée et fait empailler.