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EAN : 978B005SBV2K8
Flammarion (01/01/1976)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Jean Reverzy
Œuvres
Ce volume comprend : Le Passage – Place des Angoisses – Le Corridor – Le Souffle – A la recherche d'un miroir – La Vraie Vie – Le Silence de Cambridge – Le Mal su soir
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean Reverzy. Un écrivain singulier, peu connu et pourtant un écrivain majeur.
Jean Reverzy est né le 10 avril 1914 à Balan, dans l'Ain. Sa mère est d'origine irlandaise. En 1915, son père, qui est officier, meurt au combat. Jean n'a alors que 18 mois, A l'âge de 4 ans il recevra la croix de guerre de son père décernée à titre posthume.
En 1932 il commence des études de médecine à Lyon. En 1940 il est obligé de démissionner de sa fonction d'interne pour attitude non conforme (propos et écrits anti-pétainistes). Entré dans la Résistance en 1942, arrêté par les Allemands puis libéré en 1943, il devient chef du maquis de l'Allier en 1944. En 1945, il s'installe comme généraliste dans le quartier de Montchat à Lyon.

Jean Reverzy exerçait avenue Lacassagne, dans un quartier alors miséreux, fait d'usines et de taudis. Il y logeait, dit son fils, Jean-François Reverzy, "au quatrième étage, dans un appartement, ou plutôt, un espace vide ne comportant que l'essentiel : quelques chaises, pas de livres sinon dans une vieille bibliothèque, un ouvrage de patrologie latine héritée d'un curé de Cressanges.... il méprisait toute possession d'objets ou de biens matériels...Au rez de chaussée le cabinet médical aux allures de tombeau, tout aussi dépouillé d'artifices. Seules de médiocres photos de Baudelaire, de Rimbaud et de Mallarmé venaient rompre la monotonie jaunâtre des murs. La salle d'attente ne désemplissait pas mais la misère des consultants l'obligeait le plus souvent à l'exercice gratuit de la médecine."

En octobre 1952 après plusieurs mois passés en Océanie (un rêve d'adolescent et une passion pour Gauguin) et poussé par des angoisses sur la maladie et la mort, il se met à écrire.
Depuis l'adolescence il rêve de ces îles lointaines. Il sera déçu du voyage, et l'écriture sera la seconde étape de son voyage polynésien. Reverzy s'inspire de l'un de ses patients pour inventer le personnage de Palabaud dans son roman "Passage", puisant aussi dans sa propre hypochondrie. Ce long récit magnifique parle de la maladie et de la mort ; sentant la mort proche, Palabaud veut regagner sa ville natale, Lyon, pour y mourir. Il y rejoint son ancien ami médecin – le narrateur.

Reverzy décrit aussi à merveille la lassitude. La lassitude face au monde et à ses chimères. "L'histoire d'un médecin est celle de sa lassitude ; son drame celui d'un épuisement surmonté. Il devient "celui qui, au lieu du rêve, ne dispose plus que du chien et loup de la Veille fatigante "
Il faut découvrir ou redécouvrir ce "Passage" entre la vie et la mort, l'écriture étant l'un de ces passages ; mais aussi encore la notion de « présence au monde » si chère à Reverzy et à tant d'autres écrivains. Enfin bien sûr la qualité d'écriture de Reverzy dans toutes ses oeuvres : c'est une écriture rythmée, riche, brillante, très ample. Généreuse.



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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J’étais à Lyon sur les quais du Rhône et sous des platanes extrêmement parfumés. Le soleil se tenait entre d’extraordinaires images dont le relief et l’incandescence me stupéfiaient et à droite de la colline dont la seule image me rappelle l’odeur délicieuse des vieux bouquins de piété. Je me souviens que le Rhône découvrait de longs bancs de cailloux d’une blancheur absolue… Mais n’oubliez pas qu’à l’horizon fondait de l’or et de l’or… Or moi, fumant des cigarettes américaines ou plutôt buvant leur arôme, je regardais passer ces lumières; toute l'après-mdi, j'avais vagabondé dans un parc public dans une débandade de fleurs et d'arbres dont je ne sais le nom, et que réfléchissaient d'étroits canaux. Ce parc m'était autrefois un refuge alors que, maintenant, son seul souvenir m'afflige et m'attriste : car il semble trop riche, trop parfumé, et m'y promener deviendrait pour mon esprit une torture mortelle. Mais en septembre 32, je l'aimais vraiment et aussi, en peu d''heures, j'avais commis de grave excès de couleurs et surtout de parfum; Dans la lumière inquiète et blanche du sunset, je vis s’éclairer des fenêtres ; ça et là tremblèrent de minuscules cristaux rouges. Un mystérieux esprit m’envahit, que j’appelle le Mal du Soir.
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La pensée finale de Palabaud fut tournée vers la mer qu’il vit clairement, non la mer symbolique des voyages, des romans, des poèmes, mais cette mer réelle et pure, cette mer vivante près de laquelle, dès l’enfance, il avait vu des êtres infirmes se débattre, s’agiter, se dissoudre. Il n’eut plus besoin du souvenir ; l’image heureuse de la vague verticale heurtant les récifs de la Raïata, hésitant à s’effondrer, telle un être pliant sous une charge immense, s’effaça. Ce qu’il tenait, c’était l’idée même de la mer et il ne souhaitait rien d’autre. Cette possession absolue ne pouvait durer. L’intermittence des espaces vides s’allongea ; une dernière fois l’idée de se fit jour et sombra. Tout l’univers, une lumière floue, une saveur lointaine et glacée de menthe s’abîmèrent. Comme c’est simple et facile de mourir !
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La mort, étrange associée à ma vie ! Le premier jour où sa main se posa sur mon épaule, je ne me doutai pas qu'elle m'accompagnerait si longtemps. Plus tard, comme une vieille douleur, je me suis pris à l'aimer. Récompense de tant de marches, de gestes et de paroles jetées à des êtres dont je n'ai pas retenu le nom, elle demeure comme le souvenir de leur passage et du mien. Et si je redoute encore la mort, malgré la certitude d'un néant mérité, c'est par crainte que rien ne subsiste du merveilleux fardeau accroché à mes épaules.
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Je mourrai sans satisfaire la curiosité qui m’a tourmenté ; mais la curiosité vaut par sa seule existence ; ses questions n’ont pas besoin de réponse. Je ne saurai jamais pourquoi, après avoir frappé à la porte de deux êtres qui s’appelaient Dupupet, une heure durant je leur parlai, je les écoutai, je leur fis signe , alors que, sans paraître m’entendre et cependant en parfait accord avec moi, ils modulèrent le chant de leur langage. Après avoir pénétré dans l’intimité des vieillards, avec une facilité si grande qu’il me fallut des années de réflexion pour m’en étonner, je ne sentis plus de même : il y eut de ma part un progrès, non de compréhension, mais d’attitude. Je crois que la pauvreté de Dupupet, proche de la mienne, n’y fut pour rien ; mais le changement était en moi.
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Très tard, au décours de ma vie, à l’âge des grandes sécheresses, il m’advint de vouloir écrire. Non une page, mais des pages, un livre, des livres. Projet encombrant que longtemps je traînai derrière moi, hésitant à m’en délester : le seul poids d’un stylo me brisait le poignet. Et cependant un soir, surmontant ma lassitude, je me mis à l’ouvrage.
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Video de Jean Reverzy (3) Voir plusAjouter une vidéo

Prix Goncourt pour Simone de Beauvoir et Renaudot pour Jean Reverzy
Attribution du prix Goncourt à Simone DE BEAUVOIR pour son livre "Les Mandarins" et du prix Renaudot à Jean REVERZY pour son livre "le passage" : Plans des résultats donnés par le jury
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