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Citations sur Serge (108)

Quand revient l’été revient le temps. La nature vous rit au nez. L’esprit de félicité écorche l’âme. L’été contient tous les étés, ceux d’avant et ceux que nous ne verrons jamais. L’été dernier notre mère vivait encore. Elle périclitait doucement dans son rez-de-chaussée d’Asnières sous le gardiennage d’aides-soignantes plus ou moins compatissantes luttant du lit à la chaise de cuisine où elle s’attablait pour rien contre un mal de cœur incessant. Pendant presque deux semaines elle s’était retrouvée seule livrée aux gardes-chiourmes. Nous n’avions pas jugé utile d’établir un roulement pour qu’elle ne soit pas abandonnée. Je l’appelais de Vallorcine où je participais à des expéditions en montagne. Elle parlait d’une voix amenuisée qui me torturait et ne se plaignait presque pas. À chaque coup de fil j’appelais dans la foulée Serge (en Grèce avec Valentina) ou Nana (dans leur cabane de Torre-dos-Moreno). Eux faisaient la même chose. Chaque fois on se demandait si l’un de nous ne devrait pas rentrer et personne ne rentrait. Certains étés remontent à loin. L’été des oies noires, en route vers le Portugal. L’été du GR 20 en Corse et des deux chiens avec qui nous avions marché qui couraient derrière la bagnole. L’été de mes concours. L’été de Jérusalem dans le car avec Serge. Plus éloigné encore, un été au square Roger-Oudot, Nanny Miro sur un banc, son sac mou posé à côté et dedans un autre sac mou d’où sortaient les pelotes de laine et le fil qu’elle tricotait. Longue série d’images logées dans un cerveau ordinaire et qui disparaîtront avec lui. Images sans portée et sans lien si ce n’est le scintillement perfide de l’été, cette lame qui revient chaque année pour nous blesser.
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Mon frère et ma sœur je nous vois sur cette route bordée de cheminées et de pierres mortes et je me demande ce qui nous a fait tomber fortuitement dans le même nid, pour ne pas dire dans la vie même.
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Les derniers mots de notre mère ont été LCI.
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Serge s'est cru un avenir dans la musique. Il s'est mis à la guitare et chantait dans une langue que personne ne pouvait comprendre. Il passait par toutes sortes de looks. On ne disait pas look à l'époque, je ne sais pas ce qu'on disait. Aucun ne lui allait. Je me souviens surtout du look Bowie, un look absurde étant donné le gap morphologique. Tu te maquilles ! s'était consterné mon père.
- Toutes les rock stars se maquillent.
- Pas Jean Ferrat !
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Il se mouche et se frotte les yeux. J'observe ses paupières inférieurs lestées. Je n'avais jamais remarqué qu'il avait des poches aussi lourdes. Je sens monter en moi un attendrissement hautement suspect qui nous vient quand les gens affichent des signes de mélancolie. Peut-être est-ce un brave homme ce Ramos?
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La piscine de Bègues date des années vingt ou trente. Je n’étais pas allé dans une piscine depuis le lycée. Obligation de bonnet de bain paraît-il.
J’avais emporté la calotte du spa de Ouigor, toujours conservée. Avant de rentrer dans les douches un type me dit, monsieur vous ne pouvez pas entrer dans la piscine comme ça.
— Pourquoi ?
— Votre maillot est en tissu.
— Ben oui.
— Il doit être en lycra.
— J’ai été dans l’eau partout avec ce maillot, personne ne m’a jamais rien dit.
— Ici, il doit être en lycra.
— Comment je fais ?
Il me dit d’aller voir le type des cabines. J’explique mon problème au type des cabines. Il me semble un peu anormal comme ceux qu’on voit parfois faire la circulation devant les écoles. Il dit, je vais voir ce que j’ai. Il me rapporte un maillot noir et marron. Du 56, pour Depardieu. Je dis, ça va être trop grand. J’en ai un autre plus petit. Il m’en présente un vert. Location, deux euros. Je dis, ça devrait aller, me percevant comme il y a trente ans. J’envoie Luc dans le bain. Dans la cabine, je me fous à poil, je commence à enfiler le maillot et là je me dis merde, ce maillot n’a peut-être jamais été lavé. Je décide de faire disparaître ma queue. Je tire la peau pour diminuer l’ajourage du gland et je roule l’ensemble en escargot. Bref j’en fais un clitoris. Puis je remonte le slip qui est une sorte de gaine et je l’ajuste en coinçant bien les parties entre les jambes.
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Nous traversons la salle de gazage où les murs sont rayés de traces de griffure que tout le monde prend en photo.
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Hier, rue Honoré-Pain, j'ai vu tomber un pigeon sur la chaussée. Il était sur le dos, ses ailes ont battu pendant quelques secondes. Puis il est mort. Au-dessus, groupés sur l'auvent d'une toiture, un groupe d'autres pigeons le regardait. Je me suis demandé quel était leur sentiment. L'avaient-ils poussé?
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C'est très important, a dit Serge, d'être confortable dans le magasin. Les types te disent, ça va s'assouplir, le cuir va se faire, non, non, non, le cuir ne se fait pas. Si tu es mal dans le magasin tu seras pire plus tard. C'est une loi.
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p. 145 Ils font partie des couples qui finissent par s’ajuster dans la vieillesse. Après des années de chaos, ils finissent main dans la main (…). Un beau jour ils ont perçu le petit coucou de la mort et ils ont posé leurs armes. On accepté que la vie soir un truc de solitude tant qu’il y a de l’avenir.
J’en connais plein pour qui les intérêts communs ont balayé les espérances existentielles.
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