La tendance actuelle à refuser aux passions un chapitre à part dans les traités de psychologie a été un recul. Dès la fin du XVIIIe siècle, Kant dans un passage souvent cité établissait entre la passion et l'émotion une distinction nette, précise, positive : Anthropologie (liv. III, § 73). « L'émotion, dit-il, agit comme une eau qui rompt sa digue, la passion comme un torrent qui creuse de plus en plus profondément son lit. L'émotion est comme une ivresse qu'on cuve; la passion comme une maladie qui résulte d'une constitution viciée ou d'un poison absorbé, etc. » La position de Kant, actuellement abandonnée, doit être reprise, mais avec les méthodes et les ressources de la psychologie contemporaine et en rejetant celle thèse excessive qui regarde toutes les passions comme des maladies. Le but de ce travail est donc de réagir contre le courant.