La mort assistée de l' État Nazi
En cette année 1944, Martin Mahner qui a échappé de peu à une interpellation pour complicité dans le cadre du complot contre Hitler, est toujours déserteur. Il vit donc caché dans une Allemagne qui est en train de vivre durement le match retour, les joueurs russes notamment, pratiquant un jeu méritant largement le carton rouge.
La bête vivant ses derniers jours, elle se montre sans pitié, enrôlant pour les sacrifier, enfants et vieillards.
Certains nazis toutefois, sentant le vent tourner, choisissent de sauver leur plan retraite en protégeant opportunément, fermant les yeux ou se bouchant les oreilles. C'est ainsi que Martin dont la planque vient d'être découverte, parvient à conclure un marché avec Gerd, le beau-frère de sa maitresse Hilda. Ils s'enfuient tous en direction de l'Elbe qu'il s'agit de franchir avant l'arrivée des Russes, pour se jeter dans les bras des Américains.
Avec ce 8ème volume, on approche de la fin d'une série entamée il y a 20 ans. 20 ans ?! Oui. Autant dire qu'à chaque sortie, il vous faut relire l'ensemble.
L'avantage, c'est que ça permet à chaque fois de redécouvrir avec le même plaisir, cette oeuvre formidable qui nous fait revivre ces années noires au travers de ces personnages ballotés par le destin ou animés par de fortes convictions.
Jean-Michel Beuriot et
Philippe Richelle nous montre l'Histoire de cette période, depuis la montée progressive du nationalisme en 1932 à la débâcle de 1994. le Reich se termine 88 ans plus tôt que prévu.
Toujours à hauteur d'hommes et de femmes, jamais dans l'esbroufe, on ne trouve dans cette série, que de la demi-teinte, du détail. A part quelques rares scènes, tout est suggéré.
C'est le commissaire nazi Erlinger, ancien camarade d'école de Martin, assis à son bureau sous le portrait d'Hitler, qui brule le papier sur lequel figurent les coordonnées d'une planque probable de Martin, c'est le train qui est annoncé avec un retard indéterminé en raison de travaux (en réalité, ce sont les conséquences d'un bombardement allié), c'est Margrit, la femme au foyer qui décore son sapin de Noël avec des boules arborant la svastika, c'est l'évocation du bombardement de Dresde par les alliés (40 000 morts. Lire « Abattoir 5 ») qui ressoude la population autour du pouvoir, ce sont ces policiers qui se dirigent vers une adresse lyonnaise en cet été 1944…
Côté dessin, le dessin de Beuriot, simple et expressif, est en totale symbiose avec le scénario. On peut mesurer la progression du trait depuis le 1er volume. La magnifique mise en couleurs de
Dominique Osuch achève de rendre cette série indispensable.