Les Sept Soeurs, tome 3 : La Soeur de l'ombre

- Mon Dieu, Star, tu es bien trop belle et intelligente pour récurer des toilettes, mais cela t'honore. Tu m'as l'air d'être en recherche perpétuelle..incapable de te fixer quelque part.

Je crois que nourrir le corps est aussi un moyen de nourrir l'âme. Et cela n'a absolument rien d'égocentrique. Tu sais, c'est très bien de se faire plaisir en pratiquant ce pour quoi on a des facilités. Et la passion sublime nos réalisations. Quelles sont tes autres passions, Star ?

- Quand bien-même. C'était une injustice à ton égard. Et les injustices devraient toujours être réparées.

J'étais féministe, au sens le plus pur du terme - je croyais en l'égalité des sexes, sans aucune domination ni de l'un, ni de l'autre. Et je détestais être appelée "ma puce", que ce soit par un homme ou par une femme.

Sur le chemin, j'écoutai ma musique de prédilection : "Au matin" de Grieg - qui m'évoquait tant Atlantis - ainsi que Roméo et Juliette de Prokofiev..deux oeuvres que m'avait fait découvrir Pa Salt.

Les Anglais brûlent des effigies d'un certain Guy Fawkes lors de grands feux début novembre. Comment celui-ci a fait pour résister jusqu'à juillet, Dieu seul le sait, m'avait-elle expliqué. Apparemment, ils en veulent à ce type parce qu'il a essayé de faire sauter le Parlement il y a des centaines d'années. Un truc de fou !

Maia, la beauté ; Ally, la meneuse ; CeCe, la pragmatique ; Tiggy, la protectrice ; Electra, la boule de feu..et puis moi. Apparemment, j'étais la pacificatrice.
Si rester dans l'ombre était synonyme de paix, alors c'était peut-être moi, en effet. Et peut-être que si un parent vous définissait dès la naissance, alors, malgré votre véritable personnalité, vous essayiez de vous conformer à cet idéal. En tout cas, chacune de mes soeurs correspondait parfaitement à sa personnalité mythologique.

Néanmoins, je ne savais pas comment quitter cette ombre au profit du soleil.

Elle, si forte et intraitable, les pieds fermement ancrés au sol, et moi, grande mais maigre, ébranlée par le vent le plus léger. Je connaissais déjà cette citation. Elle était tirée du Prophète, d'un philosophe du nom de Khalil Gibran. Et je savais également qui se tenait - du moins en apparence- "dans l'ombre"...

Le chêne et le cyprès ne peuvent croître dans leur ombre mutuelle.