Un récit sur l'enfance sous la figure tutélaire et violente d'un père.
📖 Résumé :
La narratrice, Lou, admire son père. L'imaginaire et l'inventivité de ce dernier illumine ses jours, elle l'admire et il la subjugue.
Mais, bien que la période de l'enfance puisse idéaliser, enjoliver la réalité est toujours trouble... Et le personnage paternel démiurge reste humain et chargé de sa propre histoire.
🍵 Pour accompagner votre lecture : le thé Spring of London du @palaisdesthes , un thé earl grey avec citronnelle et écorces de citron - un mélange doux quoique légèrement acide.
💙 Pourquoi ai-je aimé cette lecture ?
✨ La mise en avant de la fantaisie de l'enfance, cette période où chaque caillou n'est jamais un simple caillou et durant laquelle le moindre nuage porte en lui un mythe entier.
✨ L'apparition du réel, le voile de l'enfance qui se déchire : ce moment où le parent s'épaissit du réel, de ses failles et de son passé. Cet instant où l'horreur de ceux qu'on aime le plus saute à la gorge.
✨ L'ambiguïté du personnage de Lou adulte : quoiqu'elle aime son père et qu'elle soit devenue celle qu'elle est grâce à lui, elle ne peut que voir aussi ce qu'elle est à cause de lui.
✨ le personnage du père, Gérard : à la fois empêché par lui-même et absolument coupable de sa violence, quoique débordé par elle, C'est un récit en "bien que" et en "quoique", un récit de l'ambivalence et du gris, de l'amour et de la détestation.
🌿 Pour finir...
Un roman dont j'ai adoré la première partie et dont j'aurais voulu qu'elle dure encore davantage...
"Seul le silence. Un silence lourd comme le ciel. Un silence qui n'est pas pudeur, mais gêne."
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Roman écrit, comme le titre l'indique, sous le signe de la violence. La petite fille narratrice Lou est amoureuse de son père, un magicien, un raconteur d'histoires et un homme, flic et ancien marin, qui élève son "moussaillon" à la dure. Sa violence devient souvent incontrôlée et va s'exercer sur une fillette puis un jeune garçon ami-e-s de Lou. On passe vite d'un personnage à l'autre, à peine esquissé.
A 18 ans, Lou quitte sa famille et se consacre à la danse. La violence qu'elle porte se tourne sur son corps et même dans les rapports sexuels elle atteint l'orgasme grâce à l'étranglement. Sa rencontre avec Raphaël va lui apporter plus de douceur et lui permettre de clore la relation au père.
Facile à lire.
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C'est l'histoire d'un père fort et flamboyant. Il souffre mais ce sera tout tout plutôt que cette souffrance. En lieu et place de la faiblesse, il y aura la colère sourde, la force, la camaraderie virile. Sur cet être en clair obscur, il y a le regard de sa fille, tantôt admirative, craintive ou dégoûtée. Malgré quelques longueurs, Blandin Rinkel nous offre un portrait juste, terrible et touchant dans lequel on reconnaît tant de générations de pères.
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Dans ce portrait captivant d'une relation père-fille teintée d'ambiguïté, se dessine le caractère complexe de Gérard, un ancien militaire devenu flic, dont l'humeur imprévisible et la personnalité tour à tour autoritaire, drôle et charmeuse, fascinent et effraient. Lou, sa fille, est élevée dans un univers où la résistance est une seconde nature, forgeant ainsi une relation intense mêlée d'admiration et de crainte envers son père, un compagnon de jeu, un blagueur, un conteur hors pair aussi bien qu'un tyran.
La mère, en retrait, semble impuissante face à ce duo enchevêtré. La première partie du roman plonge le lecteur dans l'enfance de Lou, marquée par la violence psychologique de son père, tandis que la seconde partie narre sa quête de reconstruction, loin de cette emprise toxique, aux côtés de Raphaël.
Ce récit poignant dépeint avec finesse le passage tumultueux de l'adolescence à l'âge adulte, oscillant entre angoisse et émerveillement. Comment continuer à aimer un père tout en se détachant de son emprise toxique ? Cette question cruciale imprègne chaque page de l'histoire.
L'auteure, dotée d'une plume sensible et incisive, évite tout pathos inutile, offrant des chapitres courts et percutants. Les personnages, extrêmement nuancés, suscitent une étonnante empathie, même envers Gérard, dont le côté fantasque et charmeur camoufle habilement sa nature toxique.
En abordant avec intelligence le thème de la toxicité parentale, ce roman révèle toute sa force et sa puissance, offrant au lecteur une expérience de lecture intense et profonde. Une découverte marquante, à la fois bouleversante et enrichissante, que j'ai eu le privilège de déguster dans le cadre du jury du Livre de Poche 2024.
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