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Travailler dans une médiathèque, un haut-lieu de la culture, entourée de livres et de personnes qui ne pensent qu'à en parler…Un rêve ? Eh bien pas toujours, car pour Inès, l'arrivée d'un chef un peu trop imbu de management fait de sa vie professionnelle un cauchemar, et une torture au quotidien avec tous les symptômes physiques qui découlent de la souffrance au travail, et pour finir un craquage avec passage à l'acte. Il n'y a plus d'alternative : quitter ce lieu d'aliénation pour se réfugier hors du continent. Dans une île de beauté…

Elle y retrouve une amie, mariée et mère de famille, mais l'éloignement ne suffit pas pour balayer d'un revers de la main les conséquences de ce qui lui est arrivé. Il faut du temps, pour se reconstruire et une focalisation sur d'autres sujets de réflexion. Comme la situation de couple de son amie, et l'effet bienfaisant d'un environnement sur cette île qui, bien que jamais nommée est clairement identifiable.

Un livre qui parle de livres, mais pas tant que ça. Et curieusement pendant la période d'isolement et de mise à distance, les livres ne sont pas une bouée de secours : elle les oublie, et ceux qu'elle pense atteindre pour se les approprier s'envolent littéralement en poussière…

Heureusement le destin se fera plus clément et permettra de repartir sur d'autres bases plus saines,

C'est agréable à lire, mais la superposition des deux intrigues m'a donné la sensation d'inachèvement du sujet central.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ce roman est avant tout servi par une très belle écriture poétique, une jolie plume. Les mots sont « juste à coté » de ceux qu'on attendait, légèrement décalés et toujours justes, riches... Immédiatement prenants.
L'autrice est ainsi capable de nous faire vivre en une demi-page un coucher de soleil... et on a l'impression de ne jamais l'avoir lu en ces termes là...

L'histoire est celle d'un « burn-out », suivi d'un retour aux sources insulaires de l'enfance, et d'un nouvel aiguillage... Voilà, pour ne point trop en dire.

Mais pourquoi ce titre, le continent, me suis-je demandé en début de lecture, savourant comme Inès, les joies profondes et sauvages de l'île ?
....« Plus proche du soleil que du continent » comme l'écrit Raphaëlle Riol.
La suite de l'intrigue fournit une part de la réponse.
Mais ce « Continent », n'est-ce pas aussi celui des mots, plus ou moins bien assemblés, auxquels nous nous arrimons pour... ne pas partir à la dérive ? le continent de la pensée, de l'écriture, de la lecture....
« L'Art pour ne point mourir de la vérité », pour l'autrice, citant Nietzsche.
Ce continent « des mots » dont Inès avait progressivement été spoliée avant son « burn-out », elle va le retrouver, le réexplorer, avec une belle liberté .

Au passage, l'autrice analyse finement les mécanismes destructeurs à l'oeuvre dans l'entreprise d'Inès, aussi bien que le microcosme quasi « clanique » de l'ile sur laquelle elle débarque en électron libre. Et cela, non sans causticité et humour !

Une belle histoire de femmes, qui se lit finalement, selon moi, peut-être un peu à la manière d'un conte, tant les obstacles s'aplanissent à la fin sous la volonté farouche de nos héroïnes.

A lire de préférence dans le clapotis d'un bord de mer :)
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Inès, après un gros « craquage » sur son lieu de travail dans lequel son nouveau chef la harcelait, part se réfugier sur « son » île. L'île de son enfance en méditerranée , là où ses souvenirs la guident vers Lili son amie d'enfance. Lili, mariée à Jean-Do, être étrange et passif dont elle a deux enfants. Inès va se reconstruire, bâtir un nouveau projet de vie grâce à son amie. Un roman tendre et touchant, un amour immense pour la Corse mais avec clairvoyance sur le côté clanique des insulaires avec tout ce que cela comporte (peur de l'inconnu, méfiance envers les autres, repli sur soi et sur sa famille). Un bon moment de lecture.
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Une île comme unique bouée de sauvetage. Quitter ce continent où se concentrent les dévalorisations les plus dévastatrices, les humiliations et les renoncements qui épuisent l'être.
Après un ultime et puéril acte de rébellion contre le directeur du centre culturel où elle était responsable de la bibliothèque, Inès prend le large. Les coupes budgétaires absurdes, le choix du nivellement culturel, la restructuration imbécile et méprisante d'un lieu de culture et d'échanges, l'ont fait vaciller et sombrer. Comme dans un cocon lumineux elle se blottit au creux de cette île qui garde mémoire de son adolescence.
Entre rumination rageuse et désespérée de ce qu'elle a fui, et réappropriation, pas après pas, jour après jour, de ce qui lui reste, Inès avance insensiblement vers un demain dont elle ignore encore les contours et les couleurs mais qu'elle devine possible même s'il ne lui paraît pas encore abordable. En déplaçant seule un mur de pierres chez le père de son amie Lili, c'est sa vie en cathédrale qu'elle reconstruit. Plus loin. Plus solide.
Une colère incandescente vibre sous les phrases de Raphaëlle Riol pour raconter cette dépossession de soi et le cheminement douloureux mais possible vers la reconquête de sa propre vie. Une révolte tonique face aux traumatismes irrémédiables infligés par ceux pour qui le profit ne peut se mesurer qu'en termes financiers et économiques.
Avec son écriture sensorielle qui capte et traduit aussi finement le moindre frémissement de lumière que l'infime vibration d'une émotion renaissante ou que les pulsions de fureur démunie, l'auteure saisit au plus près, au plus juste, toutes les nuances de la perte ainsi que le mouvement presque imperceptible d'un lent retour au monde. Ce n'est pas un "travail" sur soi qu'elle nous raconte, mais le rejaillissement de la vie par la succession des jours et des évènements d'apparence anodine dont son personnage s'empare sans en avoir toujours conscience et qui lui permettent de tracer un nouveau chemin, à la fois vers le continent et hors le continent. Et c'est envoûtant.
C'est un roman magnétique, qui unit souverainement couleurs et souffrances, lumière et abandons, prostration et ravissement, lucidité et rêverie, minéral et musical. C'est un roman qui déborde d'une énergie tenace. Par le biais de deux superbes personnages féminins, "Le Continent" nous suggère que cette île-matrice n'a pas besoin de situation géographique car elle est ancrée au plus insondable de chaque être humain. C'est probablement là, en ce lieu qui nous est spécifique mais inexploré, que nous apprenons à résister et à rebâtir, sans résignation, sans compromis, sans oubli.

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À grand fracas, elle a quitté le continent. S'est extirpée tout entière de la fange, dans laquelle elle était engluée. Il était temps pour Inès de débarquer sur l'île, lieu chéri de son enfance, où son corps aujourd'hui respire à nouveau l'air doux et chaud, sent les caresses du soleil du sable de la mer sur sa peau, et se remémore les souvenirs heureux. Elle avait tant besoin de ce retour aux sources, pour réapprendre à vivre. Retrouver des sensations sauvages. Originelles. Cette île comme un refuge. Cette fugue pour laisser éclater sa rage. Loin du centre culturel où elle était bibliothécaire, qui, sous la direction de Monsieur B. n'avait de culture que le nom. L'homme à son arrivée avait tout brisé à la faveur de la communication et du virtuel. Plus de livres, des tablettes tactiles. Plus de films ni d'expos, des concours et des jeux vidéos. Inès s'était révoltée mais en vain. Telle une furie, elle partit en crevant les pneus de la voiture de son supérieur… Hors d'elle, hors du monde du travail. Épuisée physiquement psychiquement, intensément. En exil sur l'île, elle renaîtra peu à peu en construisant littéralement des murs, en faisant remonter à la surface des petites phrases d'auteurs bien-aimés, en retrouvant son amie d'enfance, Lili, qui elle n'a qu'une envie, retourner sur le continent. Lili, c'est l'inverse d'Inès. Elle est restée sur l'île, s'est mariée, a eu deux enfants, ne travaille pas. Elle étouffe auprès d'un mari qu'elle n'aime plus. L'île est devenue une prison. L'une et l'autre vont cheminer ensemble, s'élever, démolir les obstacles, renverser les barrières familiales et en soeurs se bâtir Un nouveau continent – nom de leur librairie, scellant leur liberté retrouvée. Un roman fort et solaire, des femmes en révolte, des paysages sauvages qui font se sentir vivant, et la littérature – le monde de la culture en général – au pouvoir salvateur. Brillant!
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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La résilience est le propre de l'être humain. Après avoir subi un traumatisme, il n'a pas d'alternative que celle de rebondir. Sauf, si le suicide est parfois préféré. Inès est bouleversée par la restructuration de personnel dont elle vient d'être victime. Son patron l'a licenciée de son poste au sein d'une bibliothèque logée dans un centre culturel. Folle de rage, elle s'est vengée en crevant les pneus de la voiture de celui-ci. Hors du monde du travail, elle suit une thérapie et, pour échapper aux miasmes de l'angoisse et se resourcer, elle se refugie sur l'île de son enfance. Pour tenter d'atténuer la rage qui la tenaille, elle sait que les choix ne sont pas multiples. Raphaëlle Riol nous convie à la lecture d'un bouleversant portrait de femme qui, après s'être donné à fond dans son boulot, est mise hors-jeu, éloignée de la sphère qui donnait un sens à son existence. de chapitre en chapitre, on passe de l'hiver au plein été, avec une perspective de nouveautés, de soleil radieux qui trône au milieu du ciel. Peu à peu, la colère fait place à l'apaisement, la violence à la tempérance, les idées sombres transitent vers d'autres impressions qui sourient. D'une certaine manière, on peut parler de renaissance et de récupération des moyens d'action. Inès est décrite sans superlatifs, avec sa fragilité, ses humeurs variables renforcées par un gigantesque sentiment de naufrage et une volonté qui ressuscite lorsque le moral a atteint son fond.
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Dans « le continent », Raphaëlle Riol nous transporte en Corse (sans jamais que le nom de l'île ne soit nommé) où Ines est retournée après un épuisement professionnel attribué au comportement toxique de son patron. La description du monde du travail et de la nature revivifiante sont d'une grande justesse et d'un style très agréable. J'avoue cependant avoir été moins convaincu par la partie centrale du livre, celle de sa relation avec Jean-Do et Lili qui, d'autant plus parce qu'elle n'est pas racontée exclusivement de son point de vue, arrive comme un cheveu sur la soupe. Cela n'enlève pas à cet histoire son grand potentiel, c'est simplement que je suis passé à côté.
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Sans jamais juger, l'autrice décrit des gestes impulsifs et violents qui symbolisent la volonté de faire payer pour quelque chose qu'on refuse d'admettre. En ce sens, tout l'aspect reptilien de la jeune femme ressort de ses tripes et l'assimile à un animal blessé prêt à en découdre chèrement, même s'il sait que l'issue lui sera fatale. Outragée et piétinée, elle comprend qu'il faut avancer en pansant les plaies, en se motivant et en tirant un trait sur le passé. Ce livre est un cri qui, doucement, s'apaise avec le temps, qui se libère de sa violence pour retrouver une sérénité espérée et attendue. Belle écriture qui passe par les strates psychologiques de l'héroïne.
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C'est l'histoire d'une femme qui n'en pouvait plus. Lorsque le roman commence, elle émerge lentement d'un cauchemar. Elle a tout plaqué, dans une fuite salutaire, et s'est isolée.
Son épuisement est décrit avec une telle justesse. Il y a de la retenue, une nécessaire lenteur, une approche précautionneuse. Comme du cristal qui pourrait à tout moment se briser.
Et au moment où je commençais à sentir une pointe de lassitude, le roman prend un nouveau départ. Et tout sonne à nouveau très juste.
L'auteure a vraiment su me surprendre... et pas qu'une fois.
Reconquérir sa liberté : c'était déjà le ressort du roman « Amazones » (2013). Mais celui-ci flirtait avec le burlesque, tandis que ce « Continent » reste longtemps tourmenté.
Un texte finalement vivifiant qui invite à réfléchir sur ses envies profondes et ses pulsions de vie.
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Tout est tellement vrai ! Passer d'un centre culturel à un centre de "guignols" ( dixit Raphaëlle Riol). Et assister au naufrage de l'essentiel, pour que s'installe le superficiel. de très savoureux passages sur la prise en main de l'établissement culturel par un gestionnaire, et les ravages qu'il entraîne dans son sillon. Elle revient de loin cette chère Inès qui a dû laisser la place aux cons pour ne pas y laisser sa peau. Quelle chance cette renaissance...
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