Mémoires volées

Novatio

J’ai longtemps habité le long des aurores pétrifiées, mes désirs tenaces. J’ai découvert le chagrin démesuré des saules pleureurs derrière la rigueur du bois tordu. Ô promesse d’un corps renouvelé! Quand tes désirs s’érigent en filets désarticulés, je pèse mes certitudes. J’ignore ce que juger veut dire. J’écris pour retenir mon amertume entre deux gouttes d’encre, j’écris dans le vide. Je t’écris pour dénouer le poids de la solitude. Je découvre ce qu’aimer veut dire.

Je cherche ce qu’écrire veut dire au gré de mes vieilles rancunes. Ô promesse d’un corps renouvelé! Quand la spirale de tes seins dérive sur mes vieux désirs, je remue la mémoire des cailloux flétris. Je rêve de rejoindre les atermoiements de l’aube. Je rêve de rejoindre la tendresse brute de tes lèvres. J’écris dans le vide, je t’écris dans les courbes difformes de l’oxygène. Je m’invente des raisons de te perdre, je découvre ce qu’aimer veut dire.

Je rêve de rejoindre la paresse de tes courbes sur mes draps mouchetés de solitude. Je rêve de t’atteindre dans les replis du crépuscule. Ô promesse d’un corps renouvelé! J’ignore ce que juger veut dire. Je cherche toujours ce qu’écrire veut dire dans les soubresauts de ma mémoire disloquée. J’écris sur les stries des nuages désemparés, je t’écris emmuré dans mes délires. Je m’invente des raisons de te perdre, je découvre ce qu’aimer veut dire.

J’écris dans l’haleine vacillante de la brise. J’écris pour oublier qu’à la lisière de l’aube et du jour naissant je m’invente des raisons de te perdre. J’essaie de comprendre la sagesse des lucioles pour dénouer le poids de la solitude. Je fais semblant de me rappeler que je cherche ce qu’écrire veut dire. J’ai oublié qu’un brasier de mots ne peut contenir ni effacer nos désirs d’un simple coup de dés. Je découvre à peine ce qu’aimer veut dire.