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Citations sur Ma vie sans moi, suivi de Le monde d'une voix (45)

Le monde d'une voix


Corps courbé, hâtif,

Son geste
Fut de se rendre à la mort
Doucement, comme une plante qui fléchit.

Dès qu'il fut sur les bords de l'étang,
L'eau qui fut dans ses regards redevint de l'eau ;
Il n'a pas gémi de redevenir une plante

Et le temps redevint bras de danseuses
Fuyant souplement dans le ruisseau.
Paysage éternel, sans appui, sans repli.

p.199
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Sous l'arbre où le soleil couchant s'ennuite,
Assis sous le couvert des nuages tombants,
Le poète, surgi de la souffrance de son siècle,
S'allie à l'arc-en-ciel,
Y met sa flèche, premier homme.
Il mâche en herbes grandes
Des nuances que les saisons oublient
Et qui font la vie.

p.184
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LE PROGRAMME EN QUELQUES SIÈCLES

On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.

On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.

On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.

On supprimera l’Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.

On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.

On supprimera le Sens du Mot
Au nom du Sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots.

On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.

On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.

On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.

On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.

On supprimera les Hommes du Feu
Au nom des Éclairés,
Puis on supprimera les éclairés.

On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.

AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME ;
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME ;
IL N’Y AURA PLUS DE NOM ;

NOUS Y SOMMES.
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Mon pays


Extrait 3

Dans ce pays en dedans des souffrances,
Voici ma joie, oui, joie, ‒ semblable à ma torture :
J’y murmure très seul des silences plus ténus
Que moi-même ou parfois, triste plaisir trop pur,
Au paradis de l’art d’où nul ne revient plus,
Je poursuis sans nul but l’aventure des nues.



/Editions Gallimard, 1940
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(...)

Au creux d'une ombre sans visage
Dont il n'est resté témoignage
Dans le regard d'aucun enfant,
Au creux d'une onde sans rivage
Issu du geste sans espoir
D'un passant sombre et chancelant,
Sec et mat tombe notre soir,
Ce soir que nous nous composâmes
D'un accord de faux paysages
Construit sur les bords de nos âmes.

(...)
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POUR UNE FEMME


Pendant qu'elle songe,
Je demande aux oiseaux, aux abeilles
De la venir becqueter.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je la dispute aux abeilles,
Aux treilles . . . . . . . . . . .
Je fis de tout son temps mon ahan !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je la songe, stagnante en blanc,
Proche d'un étang, penchante,
Je renouvelle la terre…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dans un bois de ronces, d'orties
Ses bras sont ruisseaux !

Pour elle je renouvelle la terre,
Je reprends mon araire dans le sol stérile ;
Je reprends mes efforts de valet dans la lande…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour Elle je redeviens boue et labour !
Et aussi bois infecté de ronces, d'orties !

p.138
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O souvenirs sautant de glaçons en glaçons,
tels des corbeaux criards sur les champs de l'hiver !
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Je n'aurai pas de disciple pour comprendre mon silence.
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L’homme qui fit tous les tours



extrait 2

Quand, courbé sur l’œuvre de beauté

Lorsque j’aurai servi les plus grands de tous,
Pouchkine, Ady, Fröding, Imroulquaïs,Tou Fou,
Essenine, Maïakovski, Palamas,

Lorsque j’aurai vécu sans sommeil, sans lit,

          Je déboucherai sur un grand désert,
          Sans personne,
          N’ayant plus que moi-même ;
          Je devrai m’expliquer avec les étoiles,
          M’en aller tout petit sous la grande clarté de la nuit,
          Très âgé,
          Comme un qui a traversé les pays et les âges.

Mais je me sentirai jeune de toute la terre traversée, aimée
J’aurai pour m’apaiser toute la terre consolée.
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LA RESTAURANTIÈRE


La restaurantière avait de belles arcades
Sourcilières ; ses cils parlaient sans ambassade.

Elle m'a vu entrer, a pensé : « Il va manger ! »
Et même elle m'a dit : « Il faut manger ! »
Et moi, j'avais envie de la regarder.

Elle osa me servir un mets très abondant ;
Je devais manger, lentille par lentille lentillement
Quelque chose qui s'appelait comme un escalopement.

Ce manger c'était comme un escaladement
Et moi j'écrivais un poème lentille par lentille, lentillement,
Sur la restaurantière que je regardais restaureusement…

p.235
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