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Critique de Charybde2


Une passionnante lecture des romans de Dick, très littéraire et très politique, par le jeune Kim Stanley Robinson.

Publiée en 1984, et traduite en français en 2005 par Laurent Queyssi aux décidément précieux Moutons Électriques, la thèse de doctorat de littérature de Kim Stanley Robinson sur "Les romans de Philip K. Dick" est à la fois un travail classique, rigoureux, s'en tenant aux textes et à leur insertion littéraire, démythifiant au maximum les scories (folie, drogue,...), souvent entretenues malicieusement, pendant un temps, par Dick lui-même avant son décès en 1982, qui ont longtemps encombré l'analyse de l'oeuvre.

Refusant donc volontairement de s'étendre sur l'aspect biographique et sur les souvenirs d'enfance qui fascineront dix ans plus tard un Emmanuel Carrère, KSR creuse en revanche en profondeur les ambitions littéraires de Dick, à travers tout d'abord un dépouillement minutieux d'une grande partie des archives léguées par la famille (romans non publiés et correspondance, principalement), en cherchant sans relâche le projet littéraire, ou les projets littéraires successifs, qui sont à l'oeuvre dans ses romans (et dans l'ensemble d'entre eux - pas uniquement dans ceux consacrés par les lecteurs ou la critique).

Lui-même élève de Fredric Jameson à l'Université de San Diego, KSR réalise donc une très riche analyse de ces romans, à la fois nourrie de tout le bagage littéraire de Dick, tel qu'il s'exprima d'abord dans ses tentatives d'écriture (7 romans non publiés) hors du champ SF, avec l'admiration pour Proust, Kafka, Joyce, Faulkner ou Dos Passos qui y transparaît, et - très logiquement pour Robinson ! - d'une lecture très politique de l'oeuvre, forte du jeu affirmé d'abord, de la destruction éventuelle ensuite, des "codes" que le soi-disant "âge d'or" campbellien de la SF américaine tentait de "graver dans le marbre" dans les années 50, et que les émules de Cyril M. Kornbluth et de Frederik Pohl, bien avant la "New Wave", tentaient de battre en brèche.

À noter également une riche et intelligente postface de Laurent Queyssi, centrée sur les personnages et les structures narratives utilisées par Dick.

Une lecture sans doute indispensable pour les fans de Philip K. Dick, mais aussi - et peut-être surtout - pour tous ceux que la possibilité continue d'une littérature politique ambitieuse et subtile ne laisse pas indifférents.
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