Citations sur Le couple France-Allemagne (14)
Une France qui rayonnerait aujourd'hui de confiance en elle-même et envers les autres, de bonne conscience, de générosité tranquille ; qui au lieu de parler toujours de sécurité et de mendier des pactes, parlerait d'amitié et d'entr'aide, serait inattaquable. Elle est la seule à pouvoir jouer ce rôle magnifique et si conforme à ses intérêts. L'étonnement des meilleurs, à travers le monde, est qu'elle semble avoir renoncé à le jouer.
[...] ce qui importe, ce n'est pas de gagner la prochaine guerre - personne ne la gagnera, et nous y périrons tous - c'est de l'empêcher.
Avec l'argent dépensé dans la dernière guerre, on aurait pu faire cadeau à chaque famille des Etats-Unis, du Canada, de l'Australie, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Belgique, de l'Allemagne et de la Russie, d'une maison valant soixante-deux mille cinq cents francs actuels, entourée d'un terrain de deux hectares, et contenant trente mille francs de mobilier. Et il serait resté assez d'argent pour doter chaque agglomération de vingt mille familles d'un hôpital, d'une université et de plusieurs écoles, en assurant le salaire des médecins, des infirmiers, des professeurs et des instituteurs.
M. Laval en particulier me paraît être un homme plein de sang-froid, qui ne s'embarrasse pas de vues théoriques, et qui certes ne demande qu'à s'instruire plus à fond des problèmes, qu'à connaître leurs phases antérieures, leur dossier, mais qui n'a pour les traditions diplomatiques en elles-mêmes aucun respect superstitieux. Conditions éminemment favorable pour voir clair dans ce qui se passe et pour construire l'avenir prochain.
Nous devons nous dire que nous avons pour nous gouverner, pour prendre des responsabilités en notre nom collectif, des hommes qui ne peuvent matériellement pas être des héros, qui ne peuvent pas aller jusqu'au bout de leurs pensées et de leurs desseins, qui sont constamment brimés ou intimidés par toutes sortes de puissances impures et sournoises. Nous devons donc les aider [...]
Ayons le courage de reconnaître qu'en ce moment beaucoup des conditions d'une catastrophe sont réunies. Reconnaissons-le, non pour nous courber d'avance devant la catastrophe, mais bien au contraire pour nous y opposer de toutes nos forces, pour dresser un barrage pendant qu'il en est encore temps.
A Carcassonne, les dames de la bourgeoisie m'ont confié : "Entre nous, les femmes, qui avons un mari ou un fils mobilisable, notre principal sujet de conversation est devenu : de quelle classe est votre mari, votre fils ? quel jour part-il ? et autres propos du même style."
Je vous vois sourire.
Quelqu'un me disait, il y a deux jours - un homme mêlé de très près au réalités politiques internationales, qui les manie quotidiennement : - "De toute façon, et même dans la pire hypothèse, l'Europe se fera. L'unité européenne, au moins l'unité occidentale, sera accomplie. Mais elle a deux façons possibles de se faire : ou bien il y aura une destruction totale de ce qui existe, et c'est sur des débris, c'est entre des poignées de survivants qu'une Europe misérable et exsangue s'efforcera de se reconstituer ; ou bien les Européens auront la sagesse de fonder l'Europe avant le désastre."
A la situation franco-allemande [...] est liée l'existence même de l'Europe. Si dans les années qui viennent, les deux peuples ne trouvent pas le moyen de vivre côte à côte sans se heurter, ne découvrent pas une formule d'entente plus ou moins complète l'Europe occidentale n'échappera pas à la catastrophe et sera détruite.
J'ai personnellement horreur de la dictature pour la France, et j'en redoute même les formes atténuées ou provisoires. Mais on ne saurait lui faire une meilleure réclame que de laisser croire que notre démocratie parlementaire est incapable de sauver la paix.