Quand une helléniste distinguée, académicienne de surcroît, vous fait part dans son grand âge des réflexions que lui inspirent divers objets de la chambre dans laquelle elle passe désormais le plus clair de son temps, vous ne pouvez refuser de la lire. Et vous avez bien raison !
Dans une langue parfaitement dominée (Ô combien !), en partant d'un de ces petits riens que l'on ne regarde plus à force de les avoir devant nous,
Jacqueline de Romilly fait fleurir sous nos yeux émerveillés plusieurs "roses de la solitude". Elle nous prépare ainsi, quand notre tour sera venu, à nous contenter d'un regard curieux combiné avec une attitude bienveillante pour naviguer dans nos souvenirs et y respirer le parfum qu'ils diffusent encore.
La plupart des plantes ont besoin d'être enracinées et ne sauraient fleurir sans terre ; mais il en est, comme les orchidées, qui s'épanouissent sur quelques morceaux d'écorce. La rêverie fleurit sur le souvenir.
C'est un des grands cadeaux que nous fait la littérature que de nous guider sur des terres où l'ennui n'existe pas. Même sans bouger de votre fauteuil ou de votre lit, vous pouvez faire de merveilleux voyages. Si, de plus, votre cicerone est pétri d'intelligence et de talent, l'aventure sera sûrement belle et vous garderez longtemps en bouche le plaisir sucré procuré par les réminiscences cueillies pour vous être offertes.
Merci Madame.