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EAN : 9782253149866
218 pages
Le Livre de Poche (15/01/2001)
3.79/5   33 notes
Résumé :

Notre mémoire est plus riche que nous ne le croyons. A condition de « laisser flotter les rubans » du souvenir, elle nous ouvre un champ infini d'émotions et de sentiments. Un mot d'un être cher, qui revient à l'esprit, une rencontre qui n'a pas eu de suite, une scène à laquelle on a été mêlé sans la comprendre, un remords qui soudain vous assaille... Ces infimes détails de la vie disent bie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Laisse flotter les rubans »… quel merveilleux titre, quel merveilleux livre ! qui n'est pas pour moi sans rapprochement avec « le trésor des savoirs oubliés » autre recueil magnifique de Jacqueline de Romilly, car notre mémoire aussi est riche de trésors près à s'offrir pour peu qu'on « laisse flotter les rubans du souvenir ».
Cette grande érudite, Jacqueline de Romilly dont on ne va pas énumérer ici tous les honneurs qui lui ont été décernés et qui du début à la fin de sa vie s'est consacrée à la littérature grecque ancienne, se révèle ici une magnifique conteuse pour notre plus grand régal, du moins pour celui de ceux et celles qui aiment à comprendre le sens et la portée des insignifiantes petites choses, paroles ou événements de nos vies pour leur donner sens ou poésie.
Jacqueline de Romilly nous offre dans ce recueil 14 nouvelles brèves qui chacune nous enseigne que, pourvu qu'on lève le voile qui souvent opacifie notre vue ou notre coeur, nous pouvons accéder à l'élargissement, à l'ouverture de notre coeur mais aussi accéder à la compréhension de nos faiblesses, au travers de celles que nous tolérons si mal chez les autres.

Je ne saurais dire si l'auteure, sous le couvert de son imagination subtile, nous livre ici quelques-uns de ses souvenirs, mais j'ai été frappée par le fait que sur ces 14 nouvelles pas une d'elles n'a manqué de trouver un écho dans ma vie…..(humaine exception où es-tu ?)

Inutile aussi de vous dire que l'écriture est d'une grande simplicité, lumineuse et toute en subtilité.
La dernière page tournée de ce livre qui sans aucun doute comptera parmi mes lectures de cette année, j'ai été animée d'un grand sentiment de gratitude pour la générosité de cette auteure.
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Laisse flotter les rubans est un recueil de nouvelles… féminines ! Oui, je crois que ces histoires sont profondément féminines. Chaque nouvelle s'attache à un tout petit moment de la vie d'une femme : un regard, une réflexion, une phrase, une pensée, un détail, un souvenir vague. C'est une chose en apparence insignifiante qui va bouleverser les vies de chacune des femmes de ces nouvelles ; un petit grain de sable qui va les faire se remettre en question, revoir entièrement leur vie jusqu'à ce moment, se rendre compte qui, exactement, sont les personnes qui leur étaient proches : amies, maris.
C'est aussi léger qu'une plume qui se pose délicatement sur la surface lisse d'un lac, mais qui soudain le met en mouvement ; et alors, l'image change : de nette, elle devient floue, multiple, puis se lisse de nouveau, mais le ciel et les arbres qui s'y reflétaient dedans ont déjà changé : quelques feuilles sont tombées, quelques nuages sont apparus. Et ce n'est pas toujours plus triste : un ciel ressemble plus à un ciel quand quelques nuages, purs et blancs ou ombrageux et gris, y courent ; un arbre est en perpétuel changement, il vit, ses feuilles tombent, mais il renaîtra au printemps suivant.
La vie a des orages, la vie a des hivers, mais si on arrive à les affronter, on en sort plus fort.
Alors, laisser flotter les rubans. Sachez lâcher prise de temps en temps. Comprendre et pardonner. Ou comprendre et ne pas pardonner. On a le choix, l'essentiel est, au final, de s'arranger de la vie qu'on se fait, d'être en paix avec soi-même.
Vous donner quelques citations seraient vous révéler les intrigues des nouvelles, ce serait dommage.
Mais je peux vous dire encore que Laisse flotter les rubans parle du temps qui accumule les rancoeurs, du temps qui efface les douleurs, du temps qui passe.
Le temps qui passe, lui, ne parle que très peu aux jeunes gens. le temps qui passe parle mieux aux personnes qui ont vu le temps passer.
Tant de questions se posent dont chacun est seul pour trouver non pas la réponse, mais sa propre réponse :
Ce livre est inspirant, ne trouvez-vous pas ?

Allez, quelques citations, pour le plaisir, je ne peux pas résister au plaisir ! Et aussi pour m'expliquer à moi-même pourquoi ce livre a tant résonné en moi.

« C'est alors que la chose arriva.
Quoi ? Qu'arriva-t-il ?
À vrai dire, rien du tout. Simplement, elle vit devant elle la beauté de l'arbre dont les feuilles brillaient dans la lumière et accrochaient le soleil ; et elle en fut comme suffoquée. Jusque-là, elle n'avait rien regardé : elle travaillait et elle bataillait… La beauté de l'olivier dressé dans la lumière lui pénétra le coeur, comme si c'était le premier olivier qu'elle eût jamais vu. »
Il y a des années, j'ai eu un accident qui a entraîné de gros bouleversements dans ma vie personnelle. Après cela, et après quelques années pour se remettre, j'ai eu cette impression de pouvoir enfin ouvrir les yeux. Et vous voulez que je vous dise ? La vie peut être inattendue et merveilleuse !

« Vieillir est dur à supporter ; mais vieillir est aussi un enrichissement immense et une force. Être seule n'est pas gai ; mais être seule est aussi sentir monter en soi les ressources, la disponibilité, l'équilibre que ne possède pas la jeunesse. »
Je suis bien d'accord. Pour rien au monde je voudrais me retrouver à l'âge de vingt ans. Par contre, si le temps voulait bien ralentir un petit peu, je ne serais pas contre !

« le souvenir est remonté ensuite, profitant de cette petite fenêtre entrouverte : il fallait bien que quelque chose l'eût appelé. Trop souvent on vit à la va-vite : on ne perçoit pas ces appels. Pourtant, ils existent. »
Les appels existent bel et bien, je les entends souvent. Mais il faut bien tendre l'oreille !

« En fait, Judas dut avoir à peu près la même expression quand lui aussi commis sa trahison, car se sentir inférieur et coupable met au coeur la rage de détruire. »
Ô combien c'est finement analysé et vrai et malheureux, à moins que… à moins qu'on écoute plus les histoires racontées par les femmes auteures dans les livres, par les femmes réalisatrices au cinéma et alors, qui sait si le 21ème siècle ne sera pas féminin et beau ? C'est à tenter, qu'est-ce qu'on risque ?

Le futur est femme, c'est aujourd'hui, Gabrielle Dubois©
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Quel plaisir de lecture!!!
La qualité de l'écriture est un magnifique cadeau.
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Très bien écrit; ambiance un peu surannée
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Quatorze nouvelles,
un thème commun
, largement développé,
celui de l’antichambre de la mémoire et des souvenirs, ou comment ceux-ci aiment se rappeler à nous le temps d’une fuite ou d’une fulgurance.Les rubans symbolisent les liens, ce qui rapproche, qui tient le fil ténu, les souvenirs qui refluent l’espace par une flagrance, un mot, une image…

Ces »infimes détails »qui marquent façon indélébile...
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Elle parlait d'une déchirure. Elle employait même des comparaisons que je n'ai pas oubliées ; elle disait que c'était comme quand on ouvre une amande verte, d'un coup de couteau, et que d'une pression on fait claquer l'écorce : tout s'ouvre et on découvre au fond la petite amande blanche, vivante et luisante, jusque-là cachée au jour et brusquement offerte aux yeux de tous. "J'étais comme cela, écrivait-elle, enfin ouverte, comme par un coup de couteau, et découvrant tardivement ma propre vérité."

p.31
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Et je n'ai plus vu que ses cheveux. Brossés par le vent, ébouriffés, ils devenaient vivants — vivants et «romantiques». Par moments, le vent les rabattait sur le côté et ils se retournaient comme s'ils réagissaient à des gifles — aux gifles de la vie.

p.56 , Violettes sur un guéridon
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« Le godelureau et l’olivier »
En libérant si peu que ce fût des racines de l’arbre, elle avait comme retrouvé ses propres racines et son équilibre. Elle ne comprenait plus très bien le désespoir d’enfant qui l’avait accablée tout le matin : tout était clair en somme, si simple.
….
C’était cela. On pouvait être à la fois émerveillé et nostalgique. Comme l’olivier qui vous offre en contraste cette petite feuille sombre ou lumineuse, comme le fruit qui arrive à sa splendeur, à sa maturité au moment où sa fin approche, de même elle découvrait que tout est donné ensemble, en une sorte de qui perd gagne, où tout se rejoint.
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« Viens voir »
On dit « Viens voir » à propos de tout. On réclame de l’aide, de la sympathie. Et seul celui qui est au courant de tout, depuis toujours, peut les donner : « Viens voir, la fuite de la cuisine a recommencé », « Viens voir, on a forcé la porte… », « Viens voir, le petit est très rouge… », « Viens voir » dans ce cas veut dire « console-moi », « rassure-moi », « soyons deux, car c’est notre cuisine, notre maison, notre enfant ». On ne dit plus cela de la même façon, à personne.
Et là, sur la margelle, Lucie voudrait pouvoir dire à Henri : « Viens voir : je suis malheureuse…
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Godelureau et l’olivier

« Et ses mains étaient déjà pleines de griffures, elle les regarda avec amitié: elle se rappelait le texte(…) où Colette célèbre ses propres mains, petites mains toutes couvertes d’égratignures dues au jardinage ».
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Videos de Jacqueline de Romilly (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline de Romilly
Affinités électives. Par Francesca Isidori - Avec Jacqueline de Romilly. Le 10 mai 2007, Francesca Isidori recevait la femme de lettres Jacqueline de Romilly pour l’émission “Affinités électives”, diffusée sur France Culture. Photographie : Jacqueline de Romilly © AFP Alexandre Fernandes. Née à Chartres, en 1913 (fille de Maxime David, professeur de philosophie, mort pour la France, et de Jeanne Malvoisin), elle a épousé en 1940 Michel Worms de Romilly. Elle a effectué sa scolarité à Paris : au lycée Molière (lauréate du Concours général, la première année où les filles pouvaient concourir), à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (1933), à la Sorbonne. Agrégée de lettres, docteur ès lettres, elle enseigne quelques années dans des lycées, puis devient professeur de langue et littérature grecques à l'université de Lille (1949-1957) et à la Sorbonne (1957-1973), avant d'être nommée professeur au Collège de France en 1973 (chaire : La Grèce et la formation de la pensée morale et politique). Du début à la fin, elle s'est consacrée à la littérature grecque ancienne, écrivant et enseignant soit sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) soit sur l'histoire des idées et leur analyse progressive dans la pensée grecque (ainsi la loi, la démocratie, la douceur, etc.). Elle a également écrit sur l'enseignement. Deux livres sortent de ce cadre professionnel ou humaniste : un livre sur la Provence, paru en 1987, et un roman, paru en 1990. Après avoir été la première femme professeur au Collège de France, Jacqueline de Romilly a été la première femme membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1975) et a présidé cette Académie pour l'année 1987. Elle est membre correspondant, ou étranger, de diverses académies : Académie du Danemark, British Academy, Académies de Vienne, d'Athènes, de Bavière, des Pays-Bas, de Naples, de Turin, de Gênes, American Academy of Arts and Sciences, ainsi que de plusieurs académies de province ; et docteur honoris causa des universités d'Oxford, d'Athènes, de Dublin, de Heidelberg, de Montréal et de Yale University ; elle appartient à l'ordre autrichien “Ehrenzeichen für Wissenschaft und Kunst” et a reçu, en 1995, la nationalité grecque et est nommée, en 2001, ambassadeur de l'Hellénisme. Elle a aussi reçu de nombreux prix : Prix Ambatiélos de l'Académie des inscriptions et belles-lettres(1948), prix Croiset de l'Institut de France (1969), prix Langlois de l'Académie française (1974), Grand prix d'Académie de l'Académie française (1984), prix Onassis (Athènes, 1995). Ella est élue à l'Académie française, le 24 novembre 1988, au fauteuil d'André Roussin (7e fauteuil). Son dernier ouvrage : “Tragédies Grecques au fil des ans” paraîtra en juin 2007 aux éditions des Belles Lettres. Il s'agit d'un recueil d'études sur la tragédie grecque du dernier tiers du Ve siècle av. J.-C. et ses rapports avec les mouvements intellectuels athéniens. Jacqueline Worms de Romilly, née Jacqueline David le 26 mars 1913 à Chartres et morte le 18 décembre 2010. Invitée : Jacqueline de Romilly Source : France Culture
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