PAUL VÉRONÈSE (PAOLO CALIARI, DIT)
BETHSABÉE
Le tableau est parfois intitulé d'une manière impropre « David et Bethsabée ». Le vieillard présent n'est que l'envoyé du Roi. Le récit de la Bible est fort clair:« Il arriva que David s'étant levé de dessus son lit après midi se promenait sur la terrasse de son palais. Alors il vit une femme vis-à-vis de lui, qui se baignait sur la terrasse de sa maison et cette femme était fort belle. Le Roi envoya donc savoir qui elle était. On vint lui dire que c'était Bethsabée, fille d'Eliam, femme de Uri Hethéen. » Et David manda un messager vers Bethsabée, qui consentit à l'adultère. Il fit tuer Uri et épousa Bethsabée. Ce sujet d'une histoire plus galante que sainte devait, tout comme l'aventure de Suzanne au bain et l'Évanouissement d'Esther, séduire Véronèse et lui fournissait l'occasion de dévêtir, en de somptueux décors, les savoureuses beautés de Venise.
Dans le tableau de Véronèse, David apparaît au loin, désignant Bethsabée. Comme les peintres des XIVe et XVe siècles, Caliari montre simultanément deux aspects successifs de l'action. Le messager révèle à la femme les desseins de David. Celle-ci qui, déjà, en son coeur accepte l'adultère, par un reste de pudeur, enveloppe de son manteau sa nudité épanouie.
Tant de richesses demandaient à être mises en valeur. C'est une tâche à laquelle n'ont pas manqué de s'appliquer tous ceux auxquels, successivement, appartint le soin de conserver et de diriger le Musée. Ils ont voulu, à la fois, rendre facile l'étude pour les érudits, l'initiation pour le grand public et encourager la délectation esthétique. Au lendemain de la guerre, M. Henri Focillon, qui succédait à Artaud, à Dissard, à Giraud, a procédé à des agrandissements et à une réorganisation avec le goût le plus délicat et le plus sûr.
De ces belles collections on n'a voulu présenter, dans cet album, que quelques pages élues parmi les plus précieuses. Tout choix est arbitraire. Certains regretteront, sans doute, l'omission d'une oeuvre qui leur est chère; ils reconnaîtront, du moins, qu'aucune de celles qui ont été retenues n'était indigne de cet honneur.