A Antoine

Ode à la musique

Musique adorable, ô déesse,
Toi qui berces l'enfance et charme la vieillesse,
Et qui trouble par tes accents
Le coeur des blonds adolescents.
Toi par qui nous voguons vers l'idéale grève,
Musique adorable, ô déesse, c'est toi,
Mère du souvenir et nourrice du rêve,
Qu'il nous plaît aujourd'hui d'invoquer sous ce toit.

Nous te vouons cette demeure,
Prends en faveur ses habitants
Et fais-leur de si doux instants
Qu'ils vivent oublieux de l'heure.

Fais pleuvoir ta céleste manne
Sur leurs hôtes comme sur eux,
Et rends, chaque jour plus nombreux
Leur petit groupe mélomane !

Verse sur nous, penchant les urnes
Des maîtres qui furent des Dieux,
Les andantes mélodieux
Et les délicieux nocturnes.

Et qu'ici les moins tendres âmes
Soient prises d'attendrissements
En entendant les choeurs charmants
Que font des voix de jeunes femmes.

Sois la Déesse protectrice,
O Musique, de ce foyer,
Et toujours fais-y flamboyer
La flamme d'art consolatrice.

Et que tous ceux au coeur fidèle
Qui dans ces murs s'assembleront
Sentent, au-dessus de leur front,
Passer le vent de ta grande aile !