Je dois dire que j'ai été quelque peu surpris de trouver ce sujet en tant que premier volume d'une série consacrée aux fortifications : malgré tout leur mérite et les trésors d'ingéniosité que les Japonais ont pu déployer, les petits ouvrages de terre et de rondins qu'ils ont construit ne répondent pas vraiment à l'idée que l'on se fait de la fortification typique.
Toutefois, si on fait abstraction de ce thème un peu étrange, il faut bien admettre que le sujet est magistralement traité par Gordon L. Rottman. Après avoir expliqué la doctrine japonaise de défense des îles, il décrit les positions défensives, leur méthode de construction et comment elles étaient occupées. Il dépeint ensuite dans une courte partie quelques batailles exemplaires avant de clôturer avec une très brève analyse de l'efficacité de ces fortifications ; en substance, malgré le travail méritoire des soldats japonais, leur défense était vouée à l'échec parce basée sur des concepts ineptes, par exemple que si on leur infligeait suffisamment de pertes, les Américains demanderaient la paix (ils avaient, semble-t-il, oublié l'Infamy Speech de Roosevelt au lendemain de Pearl Harbor : « But always will our whole nation remember the character of the onslaught against us. No matter how long it may take us to overcome this premeditated invasion, the American people in their righteous might will win through to absolute victory. »). L'auteur ne pousse pas plus loin son analyse, mais il aurait pu aussi relever que cette stratégie bancale n'était après tout que le prolongement de celle sur laquelle reposait toute la guerre : les Japonais ont tout misé sur la conviction que les Américains négocieraient à la suite des pertes essuyées lors de l'attaque initiale à Pearl Harbor et en Océanie. À l'instant où ceux-ci ont choisi de ne pas se coucher, l'affaire était pliée : les Japonais n'avaient aucune chance de gagner sur le long terme.
L'ouvrage est très riche au niveau iconographique, avec une abondance de cartes, de schémas et de dessins. La seule ombre au tableau est la qualité un peu faible des images numériques de
Ian Palmer : personnellement je n'aime pas ce style et préfère les illustrations traditionnelles que l'on trouve généralement dans les autres livres d'Osprey.
En résumé, on a affaire à un ouvrage de très bonne qualité, mais qui s'adresse tout-de-même à un public de niche, et je ne le recommanderais qu'à condition d'être vraiment intéressé par la Guerre du Pacifique, au risque sinon de le trouver un peu ennuyeux. J'imagine que l'éditeur a réfléchi à son affaire (quoique, connaissant certains éditeurs…), mais il n'empêche que je trouve vraiment curieux d'avoir traité un sujet aussi marginal pour le premier ouvrage d'une série consacrée aux fortifications.