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Anne-Marie Pailhès (Traducteur)
EAN : 9782748800630
266 pages
N. Philippe (22/01/2004)
3/5   2 notes
Résumé :

Né en 1915, Walter Ruge est adolescent durant la période troublée de la république de Weimar et la montée du nazisme. Élevé selon des principes libéraux pour l'époque, communiste convaincu, il est contraint de quitter l'Allemagne d'Hitler pour l'URSS de Staline et rejoint la cohorte de nombreux Allemands en exil. Devenu citoyen soviétique, mais forcément suspect après l'invasion nazie de juin 1941,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Walter Ruge nait en 1915 en Allemagne. Elevé par des parents communistes, il participera très tôt à la lutte et aux bagarres de rues contre les milices fascistes.
Contraint de quitter son pays à l'avènement d'Hitler au pouvoir en 1933, il rejoint l'URSS avec sa famille.

Il a alors 18 ans, devient ingénieur en radiologie, obtient la nationalité russe et s'intègre doucement à la société moscovite jusqu'à ce mois de juin 1941 où deux jours après l'invasion de l'Allemagne nazie, il est arrêté et conduit à la tristement célèbre Loubianka.

Interrogatoires à rallonge, instructions et accusations surréalistes puis enfin, après des mois, procès auquel il n'est pas convié ( un classique à cette époque) qui aboutit à un verdict de dix de camp et vingt- cinq ans de relégation.

L'auteur nous fait le récit de sa captivité puis de ses conditions de vie de relégué après sa libération. Libéré et amnistié en 1955, il retournera en RDA à partir de 1958. A noter que malgré toutes ces épreuves, Walter Ruge gardera les mêmes idéaux jusqu'à la fin de sa vie.


Malgré des histoires de vie souvent épouvantables, l'auteur n'arrive pas à émouvoir, à rendre son récit plus intense et à inspirer un peu d'empathie.
Un livre sur le Goulag très en dessous de ceux que j'ai pu lire jusqu'à maintenant.



J'ai tout de même découvert grâce à cet ouvrage, le traitement et le mépris des allemands de l'Ouest envers les allemands de l'Est lors de la chute du mur. Nous sommes très loin de la belle image d'une réunification réussie que l'on nous montrait à cette époque.


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J'ai vraiment fait une découverte historique en lisant ce témoignage autobiographique de Walter Ruge (âgé de 88 ans lorsqu'il l'a écrit en 2003/2004).
J'ignorais totalement que des communistes allemands avaient fait le choix de s'exiler volontairement vers la Russie voyant arriver le nazisme dans leur pays et encore moins que ceux-ci avaient dû faire les frais du goulag soviétique sous l'ère Staline, car considérés comme de potentiels terroristes ou espions.
Il ne s'agit donc pas là d'une histoire romancée mais bien d'un témoignage factuel du vécu de l'un de ces prisonniers : Walter Ruge emprisonné puis assigné à résidence de 1941 à 1955 ! Un témoignage précieux que l'on doit à sa traductrice qui a considéré tout son intérêt mémoriel.
On suit donc Walter de son enfance à son retour en Allemagne de l'Est et ce jusqu'à la réunification. Les différents aspects abordés dans ce livre sont principalement les conditions de son incarcération sans motif valable, puis les aléas de sa détention dans l'enfer blanc du goulag. Travail, amours, amitiés, relations avec sa famille y sont abordés simplement. Je suis quand même restée sur ma faim. J'aurais bien voulu comprendre la raison d'être de sa "docilité" à l'égard de ses geôliers. Comment à vingt-six ans, peut-on se satisfaire d'être empêché de vivre sa vie, d'aller et venir au gré de ses désirs alors qu'on est innocent ? Il est dommage que les aspects politiques ne soient que très légèrement abordés. Peu ou pas de dénonciation du régime en place. La seule prise de position venant sur la fin du livre, avec la réunification. Est-ce à dire que l'intéressé était trop passionné par la cause communiste ou "conditionné" pour analyser froidement ce qui lui arrivait ? Est-ce à dire qu'après tout ce temps, l'intéressé ne s'est pas autorisé à dire ce qu'il pensait vraiment par crainte de représailles pour lui et sa famille ? Peu importe, l'intérêt de ce livre est de faire connaître cet aspect de l'histoire et de ce point de vue, l'objectif est atteint.

Extrait de la préface de Anne-Marie Pailhès (sa traductrice) :
"Le récit de Walter Ruge se différencie de ce qui a été publié sur les communistes au goulag ; sous sa plume, il n'est pas question de pardon, de "repentance", de "victimes", de haine ou de ressentiment, mais simplement du formidable appétit de vivre et de l'optimisme fondamental qui lui ont permis de traverser les épreuves. A l'heure des "livres noirs" et des comparaisons courantes entre nazisme et stalinisme, son témoignage apporte un éclairage inhabituel sur un chapitre de l'histoire allemande encore peu connu en France. le goulag tardif qu'a connu Walter Ruge, qui eut le "privilège" de faire partie du corps médical, après six ans de dur travail, n'est pas un système d'extermination."
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je fus ensuite accusé d' "antisémitisme". J'avais dit en présence d'une infirmière que les juifs ne formaient pas une nation.

" Vous avez diffusé des idées fascistes ", hurla le fonctionnaire.

" J'ai lu cela dans un livre de 1912, Le Marxisme et la question nationale".

" Et qui raconte des bêtises pareilles ?" voulu savoir l'instructeur. J'hésitai :
" L'auteur est Joseph Vissarionovitch Staline ".

On vérifia mes déclarations qui étaient vraies mais mon " antisémitisme " fut cependant mentionné dans les motifs de ma condamnation.
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Il faisait souvent vingt degrés en dessous de zéro dans nos " logements ". Comme on ne chauffait pas la nuit, les cheveux gelaient sur l'oreiller à cause de la respiration.

Nous enduisions la bâche jusqu'au toit d'un mélange de tourbe semblable à de la glaise. Sans cette préparation, la température intérieure serait tombée à moins quarante la nuit.
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Le démantèlement de la RDA se déroulait à grande échelle grâce à la
" Treuhand ", l'organisme chargé par le gouvernement Ouest allemand de privatiser les entreprises de RDA.

La " Treuhand ", un nom crée par Gôring pour désigner l'institution qui devait gérer les biens juifs...
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Les gens s'entraidaient, sans tenir compte de leur religion, de leur nationalité, des préjugés et des articles du Code pénal.

Les arbres généalogiques exempts de détenus étaient rares en Sibérie.
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Même dans des conditions très difficiles, l'homme finit toujours par se débrouiller. Qu'il soit dans un abri au front, en fuite dans l'arrière-pays, qu'il ait survécu à une tornade, à un tremblement de terre, ou bien qu'il soit emprisonné. Les semaines, les mois, les années passent, et chaque jour, la chose la plus improbable se produit : on est en vie, on continue à vivre. On n'en revient toujours pas, mais on est là. On nettoie à nouveau ses vêtements, on recommence à se laver. Même en camp, la vie continue. On nous projetait des films de temps en temps. Plus notre existence s'améliorait, plus nous redevenions nous-mêmes.
Les grands travaux de terrassement, éreintants, étaient terminés. Divers ateliers furent organisés. Bien que peu chauffés, ils attiraient les détenus spécialisés. Outilleurs ou mécaniciens trouvaient une véritable chance de revenir à une existence "normale". Ils fabriquaient des serrures, des linteaux de porte métalliques, des gonds, des verrous. Les besoins étaient énormes. Un important programme de construction de logements avait été mis en oeuvre dans cette lointaine Sibérie. Nous étions en 1943 et à cause de l'évacuation des régions occidentales de l'URSS, la population d'Omsk avait doublé au fur et à mesure qu'avançait la Wehrmacht. Nous nous sentions utiles, ce qui nous aidait à redonner un sens à notre vie, bien plus que n'importe quel discours de psychologue.
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