Pourquoi Dieu il nous envoie la misère? Pourquoi on n'a jamais de café? de lait? de pain?Pourquoi tu dois voler des choux dans les champs?Pourquoi?
Quand je suis parti de Tunisie, j'avais 21 ans et j'étais orphelin. Il y a deux phrases de Victor Hugo que je n'ai jamais oubliées.
La première dit : «Dieu, ouvrez-moi les portes des ténèbres, pour que je puisse rencontrer la lumière», et pour moi, c'est comme ça que je voyais la France.
La seconde dit comme ça, en parlant d'un pêcheur en mer : «Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment, il s'en va dans l'abîme, il s'en va dans la nuit.» Celle-là, c'est quand je suis arrivé en France que j'ai compris ce qu'elle voulait vraiment dire !
Je me suis souvenue avec émotion de la genèse de mon projet documentaire qui était d'interroger les pères, mes mères,et les enfants issus de l'immigration, enfermés dans un silence assourdissant. Qui étaient-ils ? Des immigrés ? Des français d'origine étrangère ? Des musulmans ? Cette quête initiatique m'a révélé qu'elle était étroitement imbriquée avec l'histoire et l'économie de la France... (extrait de la préface par Yamina Benguigui)
Il manquait quand même deux choses au « Tiers-Monde » du film pour qu’il ressemble vraiment à la cité : les barbelés et les flics !
Ce que nous avons vécu comme galères, ce n’est pas imaginable. Si je te racontais, tu pleurerais tellement que la serviette ne suffirait pas pour essuyer tes larmes ! Avec la guerre d’Algérie, je peux te dire qu’il y a eu beaucoup de règlements de comptes entre le M.N.A. et le F.L.N. Nous étions pris entre les deux. Nous ne savions pas sur quel pied danser. Nous en avons vu passer, des cadavres sur la Seine
Cette main-d’œuvre immigrée est livrée au bon vouloir de l’entreprise qui gère le travail et le logement. Parqués dans des foyers qui isolent et empêchent les contacts avec l’extérieur, les immigrés sont ainsi placés sous étroit contrôle
Madame! Les Arabes se lavent cinq fois par jour pour la prière,et beaucoup de français ne se lavent même pas une fois par semaine!
J'étais arrivé en France,je découvrais l'indifférence,et j'ai pensé que cela allait être dur...
« J’ai démarré chez Renault comme O.S., comme tout le monde, comme tous les Mohamed. » (p. 19)
J'espère du fond du coeur que ce livre ira sur les bancs d'école, de mains en mains, afin que ce chemin de la parole ne s'arrête jamais. Yamina Benguigui