Quand la pluie tombait ainsi, Max sentait que le temps s'arrêtait. C'était comme une trêve durant laquelle on pouvait laisser de côté son occupation du moment et, simplement, contempler de sa fenêtre durant des heures le spectacle de cette chute sans fin de larmes célestes.
Les mauvais souvenirs vous poursuivent sans que l'on ai besoin de les emporter avec soi.
Cela dit, il était particulièrement heureux de partager avec Alicia et son frère ce monde magique qui, pendant des années, n'avait appartenu qu'à lui seul, il se sentait comme le guide d'un musée ensorcelé, accompagnant des visiteurs pour une promenade hallucinante dans une cathédrale engloutie.
"Les amusements sont comme le laudanum : ils nous élèvent au-dessus de la misère, bien que ce soit seulement pour un instant."
Les amusements sont comme le laudanum : ils nous élèvent au-dessus de la misère et de la douleur, bien que ce soit seulement pour un instant.
Les mauvais souvenirs vous poursuivent sans que l'on ait besoin de les emporter avec soi.
La première impression de Max, en découvrant le village et l'aspect qu'offrait la gare et les premières maisons dont les toits dépassaient timidement des arbres qui les entouraient, fut que l'endroit ressemblait à une maquette : un de ces villages en miniature pour collectionneurs de trains électriques, où prendre le risque de cheminer un peu trop loin pouvait vous amener à tomber de la table.
Pourtant, dans cette dernière seconde, ses yeux découvrirent une vision qui lui glaça les sangs. Dans les ténèbres sous-marines, un vieux pavillon pourri et déchiqueté ondoyait, accroché à un mât à l'arrière de l'Orpheus? Il l'observa intensément et reconnut le symbole presque effacé que l'on pouvait encore y distinguer : une étoile à six branches dans un cercle. Un frisson parcourut tout son corps. Il avait vu cette étoile sur la grille du jardin des statues.
Loin des rires d'Alicia et de Roland, une profonde inquiétude l'envahit tout entier. Pour la première fois de sa vie, il sentait que le temps coulait plus vite qu'il ne le voulait et qu'il ne pourrait plus se réfugier dans les rêves des années précédentes. La roue de la fortune avait commencé à tourner et, cette fois, ce n'était pas lui qui avait jeté les dés.
Je sais maintenant que la vie humaine se divise fondamentalement en trois périodes. Dans la première, on ne pense même pas que l’on va vieillir, ni que le temps passe, ni que, dès le premier jour, celui de notre naissance, nous marchons vers une seule et unique fin. Passé la première jeunesse, commence la deuxième période, où l’on se rend compte de la fragilité de sa vie, et ce qui n’est d’abord qu’une simple inquiétude grossit en vous comme une mer de doutes et d’incertitudes
Au terme de la vie, s’ouvre la troisième période, celle de l’acceptation de la réalité et, en conséquence, la résignation et l’attente. Au long de mon existence, j’ai connu beaucoup de gens qui étaient demeurés ancrés dans l’une de ces étapes et n’avaient jamais réussi à la dépasser. Il y a là quelque chose de terrible.